Comment convaincre vos clients de payer un supplément de prix ?

La crise des matériaux impose, dans bien des cas, d’aller renégocier les prix ou les délais des contrats en cours. Mais quels arguments mettre en avant pour justifier votre demande et faire appel à la bienveillance des maîtres d’ouvrage ? Voici quelques conseils.
11:0013/07/2021
Rédigé par FFB Nationale
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Retrouvez ce dossier dans notre revue Batiment Actualité
Batiment Actualité Numéro 13 | Juillet 2021

1er argument : la crise des matériaux est une conséquence mondiale du Covid-19

Les confinements et les couvre-feux ont conduit, de par le monde, au très fort ralentissement, voire à l’arrêt des chaînes de production et de l’extraction des matières premières en 2020. S’y est ajouté le blocage des bateaux et conteneurs.

La reprise mondiale, plus rapide et plus forte que prévu, s’est heurtée à un redémarrage plus difficile de l’offre. De plus, elle a d’abord concerné l’Asie, puis les États-Unis et enfin l’Europe, directement entrée dans le tourbillon.

Les entreprises de bâtiment et leurs clients arrivent en bout de chaîne et subissent de plein fouet cette situation. De fait, leur marge de manœuvre sur les contrats en cours est particulièrement limitée.

2e argument : la crise des matériaux concerne tous vos chantiers

Il faut expliquer au client que l’augmentation des prix ne fait pas suite à une mauvaise estimation de votre part, mais bien à un choc imprévu, qui affecte tous vos chantiers, sans possibilité de rattraper une perte sur l’un par un résultat positif sur l’autre.

 

Vous pouvez aussi souligner qu’à ce stade, l’ampleur et la durée du choc restent difficiles à prévoir.

Il y a quelques mois, les experts annonçaient un retour à la normale à l’entrée dans l’été ; aujourd’hui, ils tablent au mieux sur le début de l’automne, voire le début de l’année prochaine.

Sans implication des donneurs d’ordre pour un partage de l’effort, le choc mettra fatalement en danger votre entreprise et les emplois locaux qu’elle porte.

Reporter le chantier pour espérer le réaliser dans un contexte apaisé s’avère alors un calcul hasardeux.

3e argument : vos calculs sont effectués au plus juste

Les coûts d’une entreprise de bâtiment comprennent deux postes principaux : les matériaux et la main-d’œuvre, chacun autour de 40 % en moyenne. S’y ajoutent le coût de services annexes (près de 10 %), puis des frais relatifs au matériel, au transport et à l’énergie consommée.

Il est alors recommandé d’indiquer que vos demandes correspondent à un calcul au plus juste. Par exemple, si les prix des matériaux mis en œuvre affichent une progression moyenne de 10 %, qu’ils comptent pour 36 % de vos coûts moyens et que les autres postes s’avèrent globalement stables, vous souhaitez un rehaussement de vos prix HT limité à 10 % × 36 % = 3,6 %.

 

À défaut, il est aussi possible de retenir la composition officielle de l’index BT de votre métier. Celui-ci peut s’obtenir sur le site de l’Insee.

Votre expert-comptable peut fournir la décomposition précise des coûts pour votre entreprise, voire pour le type de marché traité.

Index BT et envolée des prix sur les matériaux

Les index BT permettent d’actualiser et/ou réviser les prix des marchés de bâtiment.

 

Le calcul de tous les index BT (37 au total, adaptés aux différentes activités exercées par les entreprises) repose sur l’agrégation de six grands postes : salaires et charges, matériaux, matériel, énergie, transport, frais divers. Leur poids relatif ainsi que la composition du poste « matériaux » s’avèrent propre à chaque index BT.

 

Publiés en juin, les plus généralistes d’entre eux, à savoir le BT 01 (travaux de bâtiment tous corps d’état) et le BT 50 (rénovation-entretien tous corps d’état) affichent des progressions encore relativement contenues, soit +2,2 % et +1,5 % sur trois mois à fin mars. Mais on relève surtout que, sur la même période, le BT 07 (ossature et charpentes métalliques) progresse de +14,7 %, le BT 28 (fermetures de baies en métal ferreux) de 8,3 %, le BT 42 (menuiserie en acier et serrurerie) de 4,2 %, le BT 52 (imperméabilité de façades) de 4,1 % et le BT 53 (étanchéité) de 3,3 %. Ces index accéléreront encore dans les prochains mois, compte tenu des fortes progressions d’ores et déjà enregistrées sur les prix des matériaux. À titre d’exemples, selon les données officielles de l’Insee, en mai 2021 par rapport à décembre 2020, les prix des produits PVC progressent de 39,1 %, ceux des produits acier – y compris les tôles quarto – s’affichent en hausse de plus de 30 %, ceux des produits en cuivre de 26,2 %, ceux des produits polyuréthane – plastiques alvéolaires – de 14,7 % et ceux des demi-produits en aluminium de 11,7 % (cf. graphique).

 

1. La publication des index BT intervient avec trois mois de délai. Ce décalage s’explique principalement par les disponibilités des indices « salaires et charges » et la fiabilité des indices de prix des matériaux, parfois même leur disponibilité. De fait, pour éviter les révisions de marché, les niveaux publiés des index BT sont définitifs, contrairement à ceux des indices de prix des matériaux. Il importe donc d’attendre la fiabilisation de ces derniers avant usage.

Indices de prix de production industrielle de quelques matériaux pour le marché français

4e argument : la participation du client à l’effort permet de sécuriser les achats

Vous pouvez aussi souligner qu’une participation du client à l’effort vous permettra de passer commande au plus vite, donc de sécuriser vos achats et, in fine, le chantier, alors que les délais de livraison s’allongent, voire se transforment en rupture d’approvisionnement sur certains matériaux.

 

À noter : en cas de sous-traitance, les conditions de paiement sont librement négociées entre les parties. Lorsque le marché principal est révisable, il est recommandé de répercuter la révision des prix à son sous-traitant.

La FFB totalement mobilisée

Depuis le début de l’année, la FFB n’a eu de cesse d’intervenir auprès du gouvernement pour dénoncer le danger que représentent la pénurie des matériaux et la flambée de leurs prix pour l’activité du BTP. Elle a tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises, soulignant que les entrepreneurs et artisans du bâtiment se trouvaient de fait en grande fragilité, soumis à des peines insoutenables : difficulté ou rupture d’approvisionnement, prix prohibitifs et, cerise sur le gâteau, application de pénalités de retard. Le combat est loin d’être fini, bien que quelques avancées aient été amorcées.

 

Cf. Bâtiment actualité nos 2, 3, 4, 8, 9, 10 et 12.

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