Les candidats, à la primaire de la droite, face aux acteurs du BTP

Concurrence déloyale, coûts, normes, trésorerie, chute de l’apprentissage, … les sujets d’inquiétude s’empilent dans le BTP et la Fédération Française du Bâtiment (FFB) a passé, mardi 25 octobre, au gril sur ces questions six candidats à la primaire de la droite et du centre…

16:0122/11/2016

Parmi eux, les trois ténors, François Fillon, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, ont exposé au siège de la FFB leurs propositions à un public d’entrepreneurs. Premier constat : les professionnels, qui craignent par-dessus tout qu’une énième réforme des aides à l’immobilier casse la reprise en cours du marché du logement neuf, ont été rassurés. Il y a par ailleurs, unanimité chez les ténors sur un point douloureux pour le monde du BTP : le compte pénibilité. Tous partagent l’avis des professionnels sur son caractère inapplicable dans les PME vu sa lourdeur bureaucratique. Autre sujet : l’asphyxie financière actuelle des PME du BTP, dont la trésorerie a chuté depuis dix ans et qui ne pourront pas profiter de la reprise si elles n’ont pas l’argent pour tenir le temps que les clients paient. 

 

A moins de quatre semaines du premier tour de la primaire de la droite, quatre des sept candidats ont dévoilé ce mardi leur programme devant les chefs d'entreprises de la FFB. Au menu des sujets évoqués durant la phase question-réponse avec l'un des candidats : le compte pénibilité, la fraude au détachement, l'apprentissage, les normes, le RSI et enfin la fracture territoriale.

Après Jean-François Copé et Bruno Lemaire reçus jeudi et vendredi derniers, rue La Pérouse, au siège de la FFB, quatre candidats sur sept* à la primaire de la droite à l'élection présidentielle ont exposé, le 25 octobre 2016, dans la matinée, leurs propositions devant un auditorium comble.
 
Près de 350 chefs d'entreprises, de la FFB venus de toute la France ont donc écouté les arguments de François Fillon, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy puis Nathalie Kosciusko-Morizet ; le candidat Jean-Frédéric Poisson, n'a pas répondu à l'invitation*.

 

20 minutes de présentation de programme et 40 minutes d'échanges

Le format de ce rendez-vous élaboré par la FFB, était clair : les uns après les autres, chacun avait une heure pour prononcer un discours d'une vingtaine de minutes sur leur programme pour le secteur du bâtiment suivi d'une mini-table ronde, animée par Jacques Chanut, les quarante minutes restantes.
 
Les sujets évoqués durant la phase question-réponse avec le candidat étaient les mêmes à chaque fois : le compte pénibilité, la fraude au détachement, l'apprentissage, les normes, le Régime Social des Indépendants (RSI) et enfin la fracture territoriale.
 
Questionnés par les professionnels du bâtiment, ces quatre candidats, manifestement au fait des questions techniques du secteur, ont des points communs : la volonté de lancer les réformes "dès l'été 2017", comme la suppression définitive de la "fiche pénibilité", la baisse des charges ou de l'impôt sur les sociétés, la suppression des normes supérieures à la moyenne européenne ou l'aménagement du temps de travail hebdomadaire. Sans compter la remise à plat du RSI.
 
Justement, François Fillon, interrogé par Olivier Noblesse, chef d'entreprise à Yvetot (Seine-Maritime) propose "la création du statut d'indépendant et donc la remise à plat du régime."
 
"Il y a plusieurs raisons à l'échec du RSI, on a gardé les deux systèmes pour qu'il n'y ait pas de crise avec l'Urssaf !", renchérit l'ex Premier ministre sous les applaudissements des professionnels du BTP.
 

Comment accéder au BIM pour les TPE ?
 
Et sur la question du BIM posée par une chef d'entreprise de 10 salariés, deux candidats ne se dérobent pas, en l'occurrence François Fillon et Nathalie Kosciusko-Morizet.
"Je suis embarrassé par votre question, souffle François Fillon. Car, il faut y aller à fond dans le BIM, j'ai mis en place un commissariat d'investissement d'avenir. Il faut faire pareil avec le BIM."
De son côté, Nathalie Kosciusko-Morizet qui s'est rendue dans une salle "BIM" ce mois-ci à Valenciennes (Nord), estime qu'il s'agit d'un "enjeu gagnant/gagnant !". La candidate a aussi plaidé pour "une politique d'État en matière d'infrastructure numérique".
 
Aucune loi ne portera plus le nom d'un ministre !
 
Par la suite, Alain Juppé a insisté sur le développement de l'apprentissage, une ''grosse lacune'' en France comme "meilleure réponse au problème du chômage". "Arrêtons l'inflation législative", a lancé le maire de Bordeaux. "Aucune loi ne portera plus le nom d'un ministre", a-t-il promis. Et M. Juppé rejoint l'avis d'une chef d'entreprise de multiplier les contrôles sur les chantiers face à la fraude au détachement. "C'est un cancer qui ronge nos professions", s'est alarmée la dirigeante.
 
"Je ne serai pas la Martine Aubry de droite", Nicolas Sarkozy
 
De son côté, l'ancien chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, transformé en "show man", n'a pas hésité à utiliser l'humour et provoquer les rires de l'auditorium. "Je ne serai pas la Martine Aubry de droite", a-t-il affirmé dénonçant aussi bien "les obsédés des 35 heures que ceux des 39". "Pour moi, 37 heures seront payées 37 !", a-t-il ajouté. Ce sera "la liberté pour chaque entreprise de fixer la durée de travail hebdomadaire" et "les heures supplémentaires défiscalisées" seront remises en place.
 
L'ex-président de la République a annoncé une nouvelle proposition dans son programme : "Pour tout primo-accédant (à la propriété), l'État garantira 10% du prix d'achat du logement", le prêt à taux zéro, qu'il avait mis en place lors de son quinquennat, ayant 'perdu de son efficacité'".
 
Autre nouvelle proposition : les droits de transmission d'une entreprise seront supprimés jusqu'à 85%, "quel que soit le repreneur, à une seule condition : la garantie du maintien de l'activité sur le site pendant cinq ans" au minimum, a indiqué Nicolas Sarkozy.
 
Dernière candidate à se présenter devant les professionnels du BTP, Nathalie Kosciusko-Morizet propose de "refonder complètement les aides au logement". Son objectif ? Favoriser "l'accession à la propriété" du logement social et intermédiaire. Elle a aussi qualifié le compte pénibilité, mis en place par les socialistes, d'exemple de maltraitance auquel on soumet les entrepreneurs."
 
Mais "les bêtises, c'est comme les impôts, on finit toujours par les payer", a lancé l'élue parisienne en citant Audiard, auteur de cette formule qui a déclenché les rires du public.
 
La FFB envisage dès janvier 2017 d'organiser d'autres rendez-vous avec les candidats à  la primaire de la Gauche mais aussi avec la candidate du Front National, Marine Le Pen. …
 
*Sept candidats à  la primaire de droite pour l'élection présidentielle 2017 : François Fillon, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-François Copé, Bruno Lemaire et Jean-Frédéric Poisson.

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