Constructions édifiées illégalement: Le maire peut mettre en demeure de démolir

En cas de travaux non conformes à l’autorisation d’urbanisme délivrée ou réalisés sans autorisation, le maire peut-il ordonner leur démolition ? Oui répond le Conseil d’Etat ! Explications.
16:5714/02/2023
Rédigé par FFB Nationale

Fin 2019, la loi « Engagement et Proximité » a renforcé les prérogatives des maires pour sanctionner les constructions illégales et forcer à les régulariser 2

Auparavant, les travaux irréguliers étaient uniquement sanctionnés et régularisés par le biais d’un dispositif pénal : en cours de chantier, le maire était seulement compétent pour dresser un procès-verbal et ordonner l'interruption des travaux irréguliers, mais les sanctions relevaient ensuite du juge pénal. Par ailleurs, lors de l'achèvement de la construction, le maire pouvait uniquement mettre en demeure le maître de l'ouvrage de régulariser la situation, mais si cette mise en demeure n'était pas suivie d'effet, le maire devait saisir le juge pénal.

Désormais, après avoir constaté des travaux irréguliers et indépendamment de toutes poursuites pénales, le maire peut mettre en demeure le maître de l’ouvrage de régulariser sa situation dans un délai déterminé : 

  • soit en procédant aux opérations nécessaires à la mise en conformité ;
  • soit en déposant une demande de permis modificatif ou une déclaration préalable modificative.  

Le maire doit assortir la mise en demeure de prescriptions, selon la nature de l’irrégularité constatée et peut ajouter une astreinte d’un montant maximal de 500 € par jour de retard, dans la limite d’un plafond de 25.000 €. 

Dans un arrêt du 22 décembre 20223 , le Conseil d’Etat a précisé jusqu’où peut aller cette mise en demeure administrative.

Dans cette affaire, une déclaration préalable de travaux avait été déposée et une non-opposition avait été obtenue, mais lors de la construction, un mur plein de deux mètres et un panneau photovoltaïque ont été ajoutés, sans déclaration modificative et alors que le plan local d’urbanisme applicable les interdisait.  

Un procès-verbal d’infraction a donc été dressé et le maire a mis en demeure le propriétaire de démolir partiellement le mur et d’enlever le panneau photovoltaïque, sous un mois. Passé ce délai et constatant l’inertie du propriétaire, le maire a prononcé une astreinte de 100 € par jour de retard. Le propriétaire a alors contesté auprès du tribunal administratif la possibilité pour le maire d’ordonner la démolition. 

Le Conseil d’Etat a donné raison au maire en retenant qu’il peut mettre en demeure de procéder aux opérations nécessaires à la mise en conformité de la construction, de l’aménagement, de l’installation ou des travaux en cause, y compris si cela implique d’ordonner une démolition. 

En conclusion

 

En cas de construction édifiée irrégulièrement (sans autorisation d’urbanisme ou en méconnaissance d’une autorisation d’urbanisme obtenue), le maire peut aller jusqu’à ordonner la démolition de la construction, directement et sans recours au juge, si aucune autre mesure de régularisation n’est possible. C’est notamment le cas si une construction a été édifiée dans une zone où celle-ci est interdite ou dans une zone totalement inconstructible.

 

Il appartiendra aux juges de contrôler, au cas par cas, si une telle sanction est proportionnée.

  1. Loi n°2019-1461 du 27 décembre 2019 relative à l'engagement dans la vie locale et à la proximité de l'action publique (JORF du 28/12/2019)
  2. Articles L.481-1 à L.481-3 du code de l'urbanisme
  3. Arrêt Conseil d'Etat du 22 décembre 2022 (n°463331)

Contenu réservé aux adhérents FFB

  • Profitez aussi de conseils et de soutien

    Des services de qualité, de proximité, avec des experts du Bâtiment qui connaissent vos enjeux métier et vous accompagnent dans votre quotidien d'entrepreneur.

  • Intégrez un réseau de 50 000 entreprises

    La FFB est fière de représenter toutes les entreprises du bâtiment, les 2/3 de nos adhérent(e)s sont des entreprises artisanales.

  • Bénéficiez des dernières informations

    Recevez Bâtiment actualité 2 fois par mois pour anticiper et formez-vous aux évolutions des métiers ou de la législation.

Pour contacter facilement votre fédération et accéder aux prochaines réunions
Vous n'êtes pas adhérent et vous cherchez une information ?