Logement : entre injonction et sanction, le temps reste à l’action !


EDITO | Samuel Minot, président de la FFB AURA - Novembre 2023

La crise sans précédent du logement que nous vivons démontre, sinon l’incapacité, du moins la très grande difficulté de notre société à articuler le temps court et le temps long.

13:4703/11/2023

VisuelEdito-SMinot-Nov23

 

" Le temps long, c’est celui des objectifs communs que nous nous donnons pour préserver et construire l’avenir ; c’est celui de la protection de la planète, de la lutte contre le réchauffement climatique, de la décarbonation de l’économie et de la restauration de la biodiversité. Le temps court, c’est celui de la réindustrialisation, de l’emploi, du financement des entreprises et de leurs trésoreries ; c’est aussi celui de l’indispensable accès au logement pour tous.


L’absence de dialogue et d’articulation suffisantes entre ces différents impératifs, est non seulement source d’inefficacité, mais se révèle, dans bien des cas, totalement contradictoire en produisant des effets inverses à ceux souhaités.


N’était-ce pas là l’ambition du Conseil National de la Refondation du logement ? Retrouver des équilibres de long terme pour le logement et accompagner ses acteurs dans le temps ?  Au lieu de cela, aucune des propositions formulées par la filière n’a été retenue. Pire, c’est un pari totalement illusoire qui semble avoir été fait : celui de la régulation naturelle par le marché ! Les mois qui ont suivi ont montré qu’il n’en était rien : en Auvergne Rhône Alpes, comme ailleurs, nous avons atteint le niveau de production de logements le plus bas depuis les 20 dernières années et ce sont aujourd’hui entre 10 000 et 15 000 emplois directs qui sont menacés dans le bâtiment à l’échelle de notre région. Il ne s’agit évidemment pas que de nous, mais bien d’une cause juste, celle de l’accès de nos concitoyens au logement, et d’un enjeu majeur pour notre société, sa cohésion et sa foi en l’avenir.

 

Il est urgent de réapprendre à agir dans toutes les dimensions, si l’on veut lever les contradictions et obtenir des résultats.

 

Depuis plusieurs années, la profession défend la mise en place d’un statut pérenne du bailleur privé, évitant les stops and go réglementaires et permettant à tous de gagner en lisibilité. Faut-il, dans l’attente de la mise en place de ce nouveau modèle, supprimer purement et simplement le dispositif Pinel et tout soutien à l’investissement privé ? C’est ignorer que les bailleurs privés et investisseurs sont à l’origine d’une part conséquente de l’offre de logements sur nos territoires.

 

De même, il ne revient à personne l’idée de remettre en cause le nécessaire impératif de sobriété foncière et de préservation des sols. Mais alors, comment expliquer que, parallèlement à la fixation d’objectifs drastiques de Zéro Artificialisation Nette, la très grande majorité des permis de construire sont délivrés sans la totalité des droits à construire prévus dans les plans locaux d’urbanisme ? Là aussi, c’est méconnaître le fait que la première sobriété foncière est d’utiliser la pleine capacité à construire définie dans nos schémas locaux d’aménagement.


La rénovation des logements existants constituent aujourd’hui un enjeu majeur. A-t-on conscience qu’on ne pourra pas réussir la réhabilitation de l’ancien sans le logement neuf, ne serait-ce que parce que les opérations de réhabilitation nécessitent un stock tampon pour reloger les occupants ? Et quid de la réindustrialisation de la région sans une analyse territorialisée des besoins et de l’offre de logements !

 

Le récent pavé dans la mare jeté par Laurent WAUQUIEZ à propos du ZAN, tout comme la décision de la Préfète de reprendre la main sur la délivrance des permis de construire dans 10 communes montrent trop bien l’extrême difficulté à faire émerger une politique du logement ambitieuse sur notre territoire.


La vision et l’injonction de la loi ne suffisent pas. Pour avoir des résultats, il faut aussi accompagner les acteurs dans le temps court. Ces deux principes, cette articulation, concourent, sans nul doute à l’efficacité des politiques publiques. C’est ce que nous appelons de nos vœux pour remobiliser l’ensemble des acteurs autour d’une vraie politique du logement. Le PLF 2024 et les textes annoncés sur le logement peuvent en offrir l’opportunité pour peu que l’on sache s’en saisir. Il est encore temps d’agir ! "


 

Contenu réservé aux adhérents FFB

  • Profitez aussi de conseils et de soutien

    Des services de qualité, de proximité, avec des experts du Bâtiment qui connaissent vos enjeux métier et vous accompagnent dans votre quotidien d'entrepreneur.

  • Intégrez un réseau de 50 000 entreprises

    La FFB est fière de représenter toutes les entreprises du bâtiment, les 2/3 de nos adhérent(e)s sont des entreprises artisanales.

  • Bénéficiez des dernières informations

    Recevez Bâtiment actualité 2 fois par mois pour anticiper et formez-vous aux évolutions des métiers ou de la législation.

Pour contacter facilement votre fédération et accéder aux prochaines réunions
Vous n'êtes pas adhérent et vous cherchez une information ?