Responsabilité des maîtres d’ouvrages

La période troublée que traverse le monde de la construction laisse apparaître des comportements très variés chez certains acteurs. Parmi eux, les maîtres d’ouvrage sont essentiels dans la reprise du chantier comme dans sa gestion au moment et durant son arrêt. Certains sont vertueux et agissent dans un état d’esprit de coopération et de solidarité. D’autres, publics ou privés, ont des comportements nocifs basés sur une interprétation des textes qui leur est propre. Cet article a vocation à remettre les choses en perspectives et vous aider à vous défendre contre ces agissements car les entreprises de BTP ne sauraient être les seules à assumer les surcoûts et les responsabilités d’un arrêt de chantier qui peut être, à ce jour, la seule solution qui permette la sécurité des compagnons et autres intervenants sur chantier.

19:1513/04/2020
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Vous trouverez dans cet article un résumé des obligations des donneurs d’ordre, suite à la parution du Guide de préconisations de sécurité sanitaire pour la continuité des activités de la construction en période d'épidémie de coronavirus Covid-19 de l’OPPBTP.

 

A noter que la FFB tente d’obtenir du gouvernement des réponses satisfaisantes en matière de marchés privés, à l’instar de ce qui existe en marchés publics.

 

 

Situation actuelle sur les chantiers

 

Le monde de la Construction vit la pandémie de Coronavirus dans une grande cacophonie. Les donneurs d’ordres, publics et privés, ont chacun leur propre interprétation des textes.

 

Heureusement, il y a des cas où les entreprises se trouvent face à des maîtres d’ouvrage responsables, prêts à rallonger les délais de chantier pour tenir compte d’une inévitable baisse de productivité et qui accompagnent les entreprises dans leurs surcouts.

 

Mais on constate régulièrement d’autres pratiques moins vertueuses :

  • certains maîtres d’ouvrage prennent acte de l’arrêt de chantier ou y consentent tout en imposant des frais de gardiennage 24H/24 des chantiers pour une durée qui n’est pas forcément définie ;
  • d’autres imposent la continuité du chantier alors que la plupart des chantiers ne peuvent être réalisés dans les conditions minimales de prévention ;
  • d’autres encore écoutent les conseils des maîtres d’œuvre qui leur disent de se rapprocher des entreprises afin de connaître leur position (mettant sur leurs épaules la décision d’arrêt de chantier) tout en s’assurant que la garde du chantier est bien à la charge des entreprises ;
  • etc.

 

Or les entreprises de Bâtiment ne sauraient être les seules à assumer les surcoûts et les responsabilités d’un arrêt de chantier qui peut être, à ce jour, la seule solution qui permette la sécurité des compagnons et autres intervenants sur chantier.

 

 

Responsabilité de la maîtrise d’ouvrage

 

Les entreprises rappellent que les exigences minimales de prévention à respecter sont les suivantes :

  • pas de travail à moins d’1 mètre d’une autre personne et recommandation de port de masque lorsque cette exigence d’1 mètre ne peut pas être respectée ;
  • hygiène renforcée avec accès à un point d’eau pour se laver les mains régulièrement ;
  • nettoyage renforcé de toutes les surfaces pouvant être touchées (cantonnements, équipements de travail partagés, …) ;
  • etc.

 

Le guide de préconisations de sécurité sanitaire pour la continuité des activités de la construction en période d'épidémie de coronavirus réalisé par l’OPPBTP est désormais publié (site Prévention BTP). Ce guide a reçu l’agrément des ministères de la Transition écologique et solidaire, de la Ville et du Logement, des Solidarités et de la Santé, et du Travail.

 

Obligations de prévention de la maîtrise d'ouvrage

 

Afin d’assurer la sécurité et protéger la santé des personnes qui interviennent sur un chantier de BTP, le maître d’ouvrage, le maître d’œuvre et le coordonnateur en matière de sécurité et de protection de la santé (coordonnateur SPS) doivent mettre en œuvre les principes généraux de prévention de la phase de conception à la phase de réalisation de l’ouvrage qui consistent à éviter les risques, évaluer les risques qui ne peuvent être évités, combattre les risques à la source, remplacer ce qui est dangereux par ce qui n’est pas ou moins dangereux, planifier la prévention en y intégrant dans un ensemble cohérent la technique et l’organisation du travail, prendre des mesures de protection collective en leur donnant la priorité sur les mesures de protection individuelle…

 

Le maître d’ouvrage désigne ainsi un coordonnateur SPS chargé de :

  • veiller à ce que les principes généraux de prévention soient effectivement mis en œuvre,
  • mener une mission de coordination afin de prévenir les risques résultant des interventions simultanées ou successives des différents intervenants,
  • élaborer un plan général de coordination en matière de sécurité et de protection de la santé, les entreprises intervenantes étant tenues d’établir un plan particulier de sécurité et de protection de la santé.

 

Extrait du guide de préconisation de l'OPPBTP

 

Le guide de préconisations de l’OPPBTP comporte de plus des éléments consacrés aux exigences préalables à une reprise en sécurité.

 

Pour chaque opération, quelle que soit sa taille, le maître d’ouvrage formalise, après analyse, le cas échéant par le maître d’œuvre et le coordonnateur SPS (lorsque l’opération est soumise à ce dispositif), en accord avec les entreprises intervenantes, une liste des conditions sanitaires afin de s’assurer que les différents acteurs pourront mettre en œuvre et respecter dans la durée les directives sanitaires générales et les consignes complémentaires édictées dans ce guide. Cette analyse prendra en compte :

  • la capacité de toute la chaîne de production de reprendre son activité (maître d’œuvre, coordonnateurs SPS, bureaux de contrôles, sous-traitants, fournisseurs, transporteurs…),
  • les conditions d’intervention extérieures ou intérieures,
  • le nombre de personnes sur le chantier,
  • la coactivité.

 

L’organisation proposée visera à limiter autant que faire se peut la coactivité et à préciser les conditions de respect des mesures sanitaires dans le cas où la coactivité n’est pas évitable.

 

Le maître d’ouvrage pourra désigner un référent Covid-19 chargé de coordonner les mesures à mettre en œuvre.

 

Pour les opérations de première catégorie, un CISSCT doit se tenir, idéalement par visioconférence.

 

Pour les opérations relevant de la coordination SPS, le coordonnateur SPS met à jour le PGC SPS afin de définir les mesures de prévention de l’épidémie sur le chantier, dans le cadre des exigences du présent guide et le respect des mesures barrières édictées par les autorités sanitaires ; il doit notamment définir les mesures collectives et organisationnelles pour pouvoir les décliner dans les modes opératoires-PPSPS.

 

Il en va de même, pour les opérations relevant d’un Plan de prévention (décret de 1992), qui est mis à jour directement par le donneur d’ordre.

 

Le coordonnateur SPS doit pouvoir assurer sa mission, y compris les visites régulières du chantier, limiter autant que faire se peut la coactivité et préciser les conditions de respect des mesures sanitaires dans le cas où la coactivité n’est pas évitable.

 

En cette période de forte activité des services de secours, il pourra être utile de vérifier leur disponibilité n consultant les sites internet des préfectures.

 

Pour les clients particuliers, il convient que ces derniers acceptent les conditions générales d’intervention, et en particulier les conditions spécifiques d’hygiène et de règles sanitaires (capacité à respecter les gestes barrières, distance minimale d’un mètre avec toute personne, accès à un point d’eau pour le lavage des mains, accès aux installations d’hygiène).

 

Décisions d'ajournement

 

 

Dans le contexte exceptionnel lié à l’épidémie de coronavirus, et compte tenu de son obligation de sécurité (cf. l’article L 4531-1 du Code du travail), le maître d’ouvrage est d’abord tenu de prendre la décision d’ajourner le chantier.

 

La décision d’ajournement doit être prise par le donneur d’ordre pour permettre la nécessaire concertation avec la maîtrise d’œuvre, le coordonnateur SPS et les entreprises intervenantes sur les conditions de la poursuite des travaux en sécurité (moyens humains, logistiques, techniques nécessaires et disponibles). Cette concertation doit permettre la reprise du chantier dans des conditions satisfaisantes de sécurité telles que prescrites par le guide OPPBTP.

 

A l’issue de cette concertation, le maître d’ouvrage sera en mesure de proposer la poursuite ou le maintien de l’arrêt du chantier (en tout ou partie) dans les conditions de sécurité requises.

 

Si la reprise des travaux est décidée, compte tenu des exigences supplémentaires à respecter, le maître d’œuvre doit rectifier le planning des travaux, le coordonnateur doit modifier son plan général de coordination en matière de sécurité et de protection de la santé et les entreprises présentes leur plans particuliers de sécurité et de protection de la santé.

 

Les contraintes supplémentaires à la charge des entreprises liées à la modification du plan général de coordination en matière de sécurité et de protection de la santé ou des plans particuliers de sécurité et de protection de la santé et les surcoûts de la garde du chantier font l’objet d’avenants aux marchés de travaux.

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