Sous-traitance zone à hauts risques

La sous-traitance, pratique très répandue dans le secteur du BTP, n’est pas sans risque si l’opération n’est pas conduite avec rigueur sur un plan administratif et juridique. De lourdes sanctions civiles et pénales sont d’ailleurs prévues par la loi.
9:3704/10/2022

Vous êtes l’entreprise principale ? 

 

Gare au flou artistique 

Le recours à la sous-traitance donne trop souvent lieu à des pratiques aux contours peu, voire pas, définis entre l’entreprise principale et le sous-traitant.

Il convient de rappeler que sous-traiter une part de son marché signifie confier ce chantier à une entreprise à part entière, agissant de manière autonome et avec ses moyens humains et matériels propres, une entreprise dont on aura vérifié l’extrait kbis ou l’inscription au répertoire des métiers.

Un contrat précisant les droits et obligations de chacun sera également rédigé avec le plus grand soin.

Ces exigences permettent de circonscrire l’intervention de l’entreprise sur le chantier, car l’entreprise principale a une obligation de résultat, y compris de la part du chantier sous-traité.

Il importe donc de vérifier que le sous-traitant est assuré pour le type de chantier qui lui est confié ; un regard affuté s’impose en effet si d’aventure un sinistre de nature décennale devait être déclaré et que vous deviez engager sa responsabilité.

Ces précautions élémentaires, vous prémunissent de tout risque de travail dissimilé si par extraordinaire l’administration relevait une confusion entre votre personnel et celui de votre sous-traitant, à plus forte raison si ce dernier intervient en tant qu’autoentrepreneur (pratique qui, si elle n’est pas interdite, présente un risque réel de requalification).


L’entreprise principale devra également s’assurer que les salariés du sous-traitant soient titulaire d’une carte BTP et, en cas de recours à des salariés étrangers, que ces derniers soient en règles au regard de la réglementation sur l’immigration ; on devra donc exiger la liste nominative de ces travailleurs étrangers soumis à autorisation.

 

Sous-traitant établi à l’étranger, précautions accrues !

Il sera nécessaire de demander à votre sous-traitant un document mentionnant d’une part son immatriculation dans son pays d’origine et d’autre part, le numéro individuel d’identification à la TVA en France ou, s’il n’est pas tenu d’en avoir un, les coordonnées de son représentant fiscal ponctuel en France.

Afin de s’assurer que ses salariés soient régulièrement déclarés et couverts sur le plan de la sécurité sociale, un document attestant cette situation émanant des autorités locales sera requis.

 

Contracter c’est bien, déclarer au maître d’ouvrage c’est mieux ! 

Le sous-traitant étant engagé dans un marché à l’initiative de son titulaire, il sera nécessaire qu’il intervienne au vu et au su du maître d’ouvrage.

L’accord du maître d’ouvrage sera également demandé pour avoir recours à la sous-traitance, accord qui portera sur la personne du sous-traitant et sur ses conditions de paiement.

 

Cette acceptation et l’agrément des conditions de paiement conditionnent l’accès aux dispositions de la loi de 1975 relatives au paiement direct en marchés publics (pour tout contrat de sous-traitance excédant 600 euros) et à l’action directe en paiement en marchés privés.

Attention, le défaut de déclaration peut être une source de contentieux avec le donneur d’ordre.

 

En matière de cotisations, la vigilance est de mise 

L’opération de sous-traitance étant ficelée comme il se doit et dûment déclarée, il importe désormais – à la conclusion et tous les 6 mois – de s’assurer que l’entreprise sous-traitante est à jour de ses obligations sociales, en demandant la production d’une attestation de vigilance, document dont on devra contrôler la validité et l’authenticité sur le serveur prévu à cet effet sur le site internet de l’URSSAF.

 

Cette diligence s’impose sous peine de très lourdes sanctions : risque d’une condamnation au paiement solidaire des cotisations dues par le sous-traitant. Mais également risque de sanctions pénales pouvant aller de trois ans d’emprisonnement et/ou 45 000 euros d’amende pour la personne physique (225 000 euros en cas de personne morale, interdiction de marché public pendant une durée de cinq ans, suppression des aides à l’emploi…).

 

Vous êtes l’entreprise sous-traitante ?

Les précautions sur le plan du formalisme, des diligences et des bonnes pratiques de gestion contractuelle sont également vraies côté sous-traitant.

Nous insistons sur le soin à apporter dans la rédaction du contrat de sous-traitance et ce au regard du CCAP (notamment concernant les délais de préparation, les délais d’exécution, la révision des prix, etc.) ; ne signez pas à l’aveuglette

Attention aux sous-traitances conclues en cours d’exécution du marché, vous intervenez bien souvent dans un chantier problématique (retard, désordres, sinistres, support problématique…) et risquerez de payer pour ceux qui vous ont précédés, si toutes les précautions ne sont pas prises au moment de la conclusion du contrat.
Il y a aussi lieu de vérifier que l’entreprise principale ait bien accompli la déclaration auprès du donneur d’ordre et ce, afin de bénéficier du paiement direct en marché public (ou de l’action directe en marché privé) auprès du maître d’ouvrage. 

Par ailleurs, toujours selon la loi du 31 décembre 1975, les paiements de toutes les sommes dues par l’entrepreneur au sous-traitant doivent être garanties par une caution personnelle et solidaire obtenue par l’entrepreneur, d’un montant H.T. du contrat de sous-traitance ou par une délégation de paiement, c’est-à-dire un engagement du maître de l’ouvrage à payer directement le sous-traitant en exécution d’un accord passé avec l’entrepreneur principal.

Le chantier ne devra donc pas être entamé sans que toutes ces formalités aient été réalisées par l’entreprise principale.

 

Un doute, une question sur un projet de sous-traitance, le mieux est de contacter les juristes de la Fédération, car chaque opération est particulière ! Tous les modèles de contrats et lettres sont disponibles sur demande.

  • ZOOM 3 - Sous-traitance, zone à hauts risques
    pdf
    290,78 KB
    04 octobre 2022

Contenu réservé aux adhérents FFB

  • Profitez aussi de conseils et de soutien

    Des services de qualité, de proximité, avec des experts du Bâtiment qui connaissent vos enjeux métier et vous accompagnent dans votre quotidien d'entrepreneur.

  • Intégrez un réseau de 50 000 entreprises

    La FFB est fière de représenter toutes les entreprises du bâtiment, les 2/3 de nos adhérent(e)s sont des entreprises artisanales.

  • Bénéficiez des dernières informations

    Recevez Bâtiment actualité 2 fois par mois pour anticiper et formez-vous aux évolutions des métiers ou de la législation.

Pour contacter facilement votre fédération et accéder aux prochaines réunions
Vous n'êtes pas adhérent et vous cherchez une information ?