Inaptitude physique des salariés les étapes clés à connaître

Le constat de l’inaptitude physique d’un salarié par le médecin du travail implique le respect d’un certain nombre d’obligations définies par le Code du travail, notamment pour le reclassement du salarié. Rappel des principales étapes de cette procédure, dont l’issue peut aussi être le licenciement.
9:0505/10/2022
Rédigé par FFB Nationale
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Batiment Actualité Numéro 16 | Octobre 2022

La visite de reprise

 

Le salarié doit passer une visite de reprise auprès du médecin du travail dans les 8 jours (au plus tard) qui suivent sa reprise, après une absence pour :

  • accident de travail (30 jours minimum) ; 
  • maladie professionnelle ; 
  • accident ou maladie non professionnel( le) (60 jours minimum) 1
  • congé maternité.

 

En principe, il appartient à l’employeur de prendre l’initiative de cette visite.

Celle-ci ne doit pas être confondue avec la visite de préreprise (cf. encadré), qui est organisée avant la fin de l’arrêt de travail. Néanmoins, une visite organisée pendant un arrêt de travail peut aussi être qualifiée de reprise, si le médecin du travail l’a qualifiée comme telle sur son avis.

 

L’avis d’inaptitude

 

L’inaptitude est constatée à l’issue d’un seul examen, sauf si le médecin en exige un second. Dans ce cas, l’avis devra être rendu, au plus tard, 15 jours après le premier examen.

 

L’avis d’aptitude avec réserves n’est plus considéré comme un avis d’inaptitude.

Lorsque l’employeur est dans l’impossibilité de tenir compte des réserves, il doit tenter d’obtenir du médecin du travail qu’il rende un avis d’inaptitude. À défaut, il est toujours possible de contester cet avis devant le conseil de prud’hommes (sous 15 jours).

 

La recherche de reclassement

 

À compter de la visite qui a conclu à l’inaptitude définitive du salarié, l’employeur doit rechercher un reclassement dans l’entreprise, et éventuellement dans le groupe auquel appartient l’entreprise.

 

L’employeur doit recueillir les conclusions écrites du médecin du travail ainsi que ses indications sur les capacités du salarié à exercer l’une des tâches existant dans l’entreprise. Il devra, au besoin, envisager une mutation, un aménagement, une adaptation ou une transformation de poste existant ou un aménagement du temps de travail.

 

Si des représentants du personnel sont présents dans l’entreprise, l’employeur devra recueillir leur avis sur ce reclassement.

 

Attention : les entreprises de 11 salariés et plus, dépourvues de représentants du personnel, doivent pouvoir produire un PV de carence. À défaut, l’employeur peut être condamné au paiement de dommages et intérêts (6 mois de salaire minimum en cas d’inaptitude professionnelle).

 

La dispense de reclassement

 

L’employeur est dispensé de toute recherche de reclassement lorsque le médecin a coché sur son avis l’une des mentions suivantes :

  • « Tout maintien du salarié dans un emploi serait gravement préjudiciable à sa santé » ;
  • ou « L’état de santé du salarié fait obstacle à tout reclassement dans un emploi ».

 

Attention : selon certains commentateurs, cette dispense serait restreinte au périmètre de l’entreprise, ce qui impliquerait l’obligation pour l’employeur de rechercher un reclassement dans le groupe si l’entreprise fait partie d’une telle structure.

En l’absence de jurisprudence tranchant cette question, il peut être prudent d’interroger le médecin du travail pour savoir si sa dispense initiale couvre l’entreprise et le groupe.

 

Le délai d’un mois pour reclasser ou licencier

 

Pendant un mois (qui court à compter de l’avis définitif d’inaptitude), aucune rémunération n’est due par l’employeur au salarié jusqu’à son reclassement ou son licenciement (en cas d’inaptitude professionnelle, une indemnité est versée par la Sécurité sociale, à la demande du salarié).

 

Si, à l’issue de ce délai, le salarié n’est ni reclassé ni licencié, l’employeur devra reprendre le paiement du salaire tant qu’aucune décision n’est effective.

 

Le licenciement

 

Le salarié peut être licencié :

  • si le reclassement est impossible ;
  • sur la base du seul avis du médecin du travail, lorsque ce dernier a coché l’une des mentions dispensant l’employeur de son obligation de reclassement (voir ci-dessus) ;
  • s’il refuse l’offre de reclassement (sérieuse et loyale) faite par l’employeur.

 

Avant d’engager la procédure de licenciement, la loi impose à l’employeur de notifier au salarié les motifs qui s’opposent à son reclassement. La jurisprudence a toutefois écarté cette obligation dans le cas d’un licenciement consécutif au refus par le salarié de l’offre de reclassement.

 

La fin de contrat

 

La date de rupture du contrat de travail est la date de notification du licenciement.

 

En cas d’inaptitude d’origine non professionnelle, l’employeur doit au salarié l’indemnité de licenciement (légale ou conventionnelle).

 

En cas d’inaptitude d’origine professionnelle (accident du travail ou maladie professionnelle), l’employeur doit au salarié l’indemnité de licenciement légale doublée et une indemnité compensatrice de préavis.

 

Attention : pour un salarié ayant une grande ancienneté dans l’entreprise, le coût financier d’un licenciement pour inaptitude d’origine professionnelle peut être très important. Il peut cependant être couvert par une assurance licenciement.

 

  1. Le délai est passé de 30 à 60 jours à partir du 1er avril 2022 (loi du 2 août 2021).

Qu’est-ce que la visite de préreprise ?

La visite de préreprise est là pour favoriser le maintien dans l’emploi des salariés qui sont en arrêt de travail sur plus de 30 jours (notamment pour étudier la mise en œuvre des mesures d’adaptation individuelle).

L’employeur n’est pas autorisé à solliciter cette visite. Seuls le salarié, la CPAM, le médecin traitant ou le médecin du travail peuvent le faire.

En revanche, l’employeur doit informer le salarié qu’il peut solliciter l’organisation de cette visite de préreprise. Cette information peut être transmise au salarié à l’occasion d’un « rendez-vous de liaison » 1.

 

  1. Ces nouvelles obligations sont applicables depuis le 1er avril 2022 (loi du 2 août 2021 pour renforcer la prévention en santé au travail).

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