Mettre en œuvre les entretiens professionnels dans votre entreprise

Vous êtes chef d'entreprise et devez réaliser tous les 2 ans des entretiens professionnels avec vos salariés. Quelles sont vos obligations et comment bien les mettre en œuvre ?

14:0423/03/2021
Rédigé par

Quels sont les entretiens obligatoires dans l'entreprise ?

 

Selon le Code du travail, article L6315-1, vous devez systématiquement proposer :

  • un entretien professionnel tous les 2 ans consacré aux perspectives d’évolution professionnelle, notamment en termes de qualification et d’emploi
  • un entretien de bilan tous les 6 ans qui fait un état des lieux récapitulatif du parcours professionnel du salarié.

 

Par ailleurs, un entretien professionnel doit être organisé lorsqu'un salarié reprend son activité à l'issue :

  • d'un congé de maternité,
  • d'un congé parental d'éducation
  • d'un congé de proche aidant
  • d'un congé d'adoption
  • d'un congé sabbatique
  • d'une période de mobilité volontaire sécurisée mentionnée à l'article L. 1222-12
  • d'une période d'activité à temps partiel pour élever un enfant (article L1224-47 du Code du Travail)
  • d'un arrêt longue maladie (l'article L. 324-1 du code de la sécurité sociale)
  • d'un mandat syndical

 

L’entretien professionnel doit donner lieu à la rédaction d'un document écrit dont une copie est remise au salarié (Code du travail, art. L. 6315-1).

 

Quels sont les salariés concernés ?

 

Tous les salariés, dans toutes les entreprises sont visés par cette obligation, quelle que soit la nature de leur contrat de travail et leur temps de travail (temps plein/temps partiel) : CDI, CDD, Contrat d’apprentissage/de professionnalisation, Contrat aidé (CUI-CIE)

 

Sont exclues les personnes non salariées de l’entreprise telles que : intérimaires, sous-traitant…

 

 

Salariés au forfait-jour

 

Les avenants du 11 décembre 2012 instaurent l’obligation pour l’employeur d’organiser un entretien au moins annuel entre le salarié en forfait jours et son supérieur hiérarchique.

Lors de cet entretien, devront être abordées les questions relatives à « la charge de travail du salarié (…), l’amplitude de ses journées d’activité, qui doivent rester dans des limites raisonnables, l’organisation du travail dans l’entreprise, l’articulation entre la vie professionnelle et la vie personnelle et familiale ». Devra également être envisagée la question de « la rémunération du salarié ».

 

Par ailleurs, il est prévu la possibilité d’un autre entretien, à la demande du salarié, en cas « de modifications importantes » dans ses fonctions. Cet entretien portera sur les caractéristiques de l’emploi exigibles pour la conclusion d’un forfait-jours, notamment sur l’autonomie du salarié.

 

Ouvriers

 

Coefficient 185 : à l’issue d’une période maximum de 9 mois après leur classement à cette position, les intéressés seront reconnus dans leur position ou classés à un niveau supérieur en fonctions de leur aptitudes et capacités professionnelles. Ce délai est réduit à 6 mois pour les ouvriers ayant une expérience antérieure d’entreprise (Article XII.4 de la CCN des ouvriers du bâtiment du 8 Octobre 1990).

 

Coefficient 210 : à l’issue d’une période de 18 mois maximum après leur classement à cette position, les intéressés seront reconnus dans leur position ou classés à un niveau supérieur en fonctions de leur aptitudes et capacités professionnelles. Ce délai est réduit à 6 mois pour les ouvriers ayant une expérience antérieure d’entreprise (Article XII.42 de la CCN des ouvriers du bâtiment du 8 Octobre 1990).

 

ETAM

 

Pour un salarié jeune débutant, titulaire d'un diplôme de l'enseignement technologique ou professionnel, une période d'accueil d'une durée variable selon le niveau de diplôme détenu est fixée. Au terme de cette période d'accueil, sa situation est examinée au cours d'un entretien de bilan personnalisé (article 2 de l'accord collectif national du 26 septembre 2007).

 

Salariés à partir de 45 ans

 

L’accord collectif national du 20 décembre relatif à la prévention de la pénibilité et à l’amélioration des conditions de travail, en son titre 4, prévoit l’organisation d’entretien de deuxième partie de carrière pour les salariés à partir de 45 ans (par renvoi à l’accord collectif national du 23 décembre 2009 en faveur de l’emploi des salariés âgés dans le BTP).

Lors de cet entretien sont évoqués les possibilités d’aménagement d’horaires et des conditions de travail.

 

Qui contrôle le respect de ces obligations ?

 

Les inspecteurs du travail et les agents chargés du contrôle de la formation.

S’ils constatent que vos entretiens n’ont pas été tenus ou une insuffisance, vous serez mise en demeure de régulariser la situation. A défaut, vous serez tenu de verser au Trésor Public, une somme égale au double de l’insuffisance constatée.

 

Qui peut mener des entretiens professionnels au sein de l'entreprise ?

 

C’est à vous employeur, de décider, compte tenu de votre organisation, de la personne adaptée pour tenir cet entretien : ressources humaines, manager de proximité, vous-même …

Cependant, cet exercice n’étant pas évident, il convient de préparer votre personnel à la tenue et la conduite d’un tel rendez-vous, c’est-à-dire :

  • Le préparer à cet exercice : il peut être formé à cette fin ;
  • Lui transmettre information quant aux axes stratégiques et opérationnels fixés par votre entreprise ainsi que les compétences nécessaires ;
  • S’assurer qu’il connait a minima le processus de formation : congé individuel de formation, compte personnel de formation, conseil en évolution professionnelle.

 

Quand se tient cet entretien ?

 

Il se fait pendant le temps de travail. Il faut donc prévoir la date à l'avance, et permettre à chacun de se préparer à l'échange en planifiant la disponibilité des personnes concernées.

 

Nos conseils pour un bon déroulement

 

  • Prévoyez un environnement calme, qui facilitera l'échange
  • Délivrez des consignes pour éviter les interruptions pendant l'échange.

 

Quel est le contenu de l'entretien ?

 

Selon l'article L6315-1 du Code du travail, l'entretien professionnel doit permettre un échange sur

  • les perspectives d'évolution professionnelle du collaborateur, notamment en termes de qualifications et d'emploi
  • les informations OBLIGATOIRES relatives à la validation des acquis de l'expérience (VAE), à l'activation par le salarié de son Compte Personnel de Formation ou CPF, aux abondements de ce compte que l'employeur est susceptible de finances et au conseil en évolution professionnelle.

 

Cet entretien ne porte pas sur l'évaluation du travail du salarié.

 

Il comporte 3 temps forts :

  • La synthèse des compétences développées au cours du parcours professionnel du collaborateur, des actions de formation réalisées et des difficultés éventuelles rencontrées. Exemple : parcours avant l'entrée dans l'entreprise (formations initiale, expériences passées), parcours depuis l'entrée dans l'entreprise, bilan des formations suivies depuis le dernier entretien professionnel.
  • Les perspectives d'évolution, notamment par rapport aux axes stratégiques de l'entreprise : besoin d'adaptation au poste de travail, besoin de s'adapter aux évolutions qui peuvent avoir un impact sur son emploi...
  • Une réflexion sur le parcours professionnel du salarié : projet professionnel, développement des compétences et qualifications, VAE, conseil en évolution de carrière.

 

Et pour les situations particulières ?

 

Reprise d'activité

Pour les salariés en reprise d'activité évoqués en début d'article, des sujets supplémentaires doivent être abordés

  • organisation du retour à l'emploi
  • besoin de formation
  • examen des conséquences éventuelles du congé sur sa rémunération et son évolution de carrière

 

Début du mandat syndical

L’article L2141-5 du Code du Travail : La loi prévoit, pour tout représentant du personnel titulaire ou bénéficiant d’un mandat syndical qui en fait la demande, un entretien individuel avec l’employeur au début du mandat pour examiner les « modalités pratiques » d’exercice du mandat au regard de son activité professionnelle.

Se repérer : comment décompter les périodes de "deux ans" et "six ans" ?

 

La date d'embauche

 

Les entretiens prévus tous les 2 ans se décomptent à partir de la date d’entrée dans l’entreprise, puis de la date de l’entretien précédent.

 

Pour les salariés déjà en poste lors de l’entrée en vigueur de la Loi du 5 Mars 2014, le premier entretien devait être tenu avant le 6 mars 2016 et le prochain se tenir avant le 7 Mars 2018.

 

Périodes d'absence du salarié

 

La durée de 6 ans s’apprécie par rapport à l’ancienneté du salarié dans l’entreprise. Ce décompte n’est donc pas impacté par les différentes d’absence du salarié (article L6315-1 du Code du Travail).

Mon salarié refuse de se présenter à l'entretien, que faire ?

 

Formalisez l’invitation à ce rendez-vous afin de vous ménager la preuve du respect de votre obligation et /ou retracez le refus ainsi opposé.

Si les textes n’apportent aucune précision sur le caractère obligatoire ou facultatif de la présence du salarié à ce rendez-vous, la jurisprudence ne s’est pas d’avantage positionnée. La précision est importante car elle permettra d’apprécier du caractère fautif ou non du comportement du salarié sur ce point.

 

S’agissant des entretiens de retour suite à un « congé », l’article L1225-57 prévoit que le salarié « a droit à cet entretien ». Il s’agit donc pour l’entreprise de proposer cet entretien mais le salarié aurait ici un droit à refus.

Et si je suis en retard pour organiser mes entretiens ?

 

Pour attester de votre bonne foi, convoquer au plus vite vos salariés en entretien professionnel. En effet, cela pourra peut-être orienter le corps de contrôle vers une « tolérance ».

L'entretien de bilan des 6 ans

 

Après le bilan des 2 ans, éviter de laisser votre salarié sans information quant aux décisions prises suite à ce retour d’entretien. Informez-le du suivi apporté à ses demandes.

 

Cela facilitera l’état des lieux récapitulatif qui se tiendra lors de l’entretien de bilan à 6 ans.

 

Il s’agit de s’assurer que sur la période de 6 ans, le collaborateur :

  • a bénéficié d’une action de formation
  • a acquis des éléments de certification par la formation ou par une validation des acquis de son expérience
  • a bénéficié d’une progression salariale ou professionnelle

 

Quels sont les bénéfices de ces entretiens pour l'employeur et le salarié ?

 

Pour l'entreprise ou l'employeur, c'est un outil parfait pour

  • détecter les situations à risques et optimiser l'employabilité des salariés, leur compétitivité
  • développer l'image de l'entreprise, la qualité de vie au travail 
  • être en conformité avec la législation

 

Pour le manager, il permet de

  • mieux connaître ses équipes, son personnel
  • comprendre les attentes de ses équipiers
  • adapter sa prise de décision

 

Pour le salarié, c'est l'assurance

  • d'être écouté et de se sentir reconnu
  • de développer sa motivation et son implication dans l'entreprise
  • d'être informé sur l'entrepris, son évolution prévisible, sa stratégie
  • de pouvoir clarifier son positionnement et son projet professionnel

  • Support de présentation - L'entretien professionnel
    pdf
    456,72 KB
    30 septembre 2021

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