Garantie de paiement : demandez-la au maître d’ouvrage !

Vous voulez être sûr d’être payé pour vos travaux exécutés en marchés privés ? L’article 1799-1 du Code civil est un bouclier contre les impayés. Il oblige vos clients privés à vous fournir une garantie de paiement pour tout marché supérieur à 12 000 € HT, sous certaines conditions. Éclairage.
8:1013/07/2022
Rédigé par FFB Nationale
revue
Retrouvez ce dossier dans notre revue Batiment Actualité
Batiment Actualité Numéro 13 | Juillet 2022

Quels sont les maîtres d’ouvrage concernés ?

 

Les maîtres d’ouvrage privés professionnels

Les maîtres d’ouvrage professionnels qui réalisent une opération de travaux sont concernés. Par exemple : promoteurs, industriels, assureurs, cliniques, banques, commerçants, professions libérales, SCI, ainsi que les ESH et les SEM, mais uniquement pour leurs programmes en accession.

 

Les particuliers

Les particuliers sont concernés s’ils construisent pour eux-mêmes en dehors de leur activité professionnelle et s’ils ont recours à un financement bancaire spécifique.

Selon l’article 1799-1 du Code civil, est spécifique « un prêt destiné exclusivement et en totalité au paiement de travaux exécutés par l’entrepreneur ».

 

Pour quels marchés de travaux ?

 

Les marchés d’un montant au moins égal à 12 000 € HT.

Il s’agit du montant total du marché signé entre le maître d’ouvrage (le client) et l’entreprise, après déduction des arrhes et acomptes éventuellement versés à la commande.

 

Quelle forme la garantie prend-elle ?

 

Le versement direct du montant du crédit spécifique

Si le client, professionnel ou particulier, a demandé un prêt spécifique pour financer l’intégralité des travaux, le montant de ce prêt doit être versé par la banque directement à l’entreprise.

Le maître d’ouvrage doit donc fournir à l’entreprise, avant son intervention sur le chantier, une attestation de sa banque indiquant nominativement que l’entreprise est bénéficiaire du prêt.

 

Attention : la banque n’est tenue de verser le montant du prêt à l’entreprise que si le crédit est exclusivement et en totalité destiné au paiement des travaux.

En cas de crédit partiel, le maître d’ouvrage doit fournir à l’entreprise, pour le montant restant, une caution bancaire.

Aussi la banque ne peut-elle débloquer le montant du prêt que sur ordre écrit du maître d’ouvrage. Si celui-ci refuse, le paiement est bloqué. Il ne pourra être libéré que si le maître d’ouvrage revient sur sa position et accepte, ou après une décision judiciaire.

 

La remise d’une caution bancaire

Lorsque le maître d’ouvrage privé professionnel ne recourt pas à un crédit spécifique, il doit fournir une caution bancaire à l’entreprise, garantissant le paiement de ses travaux.

Les particuliers qui passent commande de travaux pour leur propre compte et qui financent ces travaux sur leurs fonds propres ou au moyen d’un crédit partiel sont dispensés de fournir à l’entreprise une caution bancaire.

 

À noter : l’obligation de fournir une caution bancaire ne s’impose pas non plus aux copropriétés, qui construisent pour leur propre compte, pour des besoins sans lien avec une activité professionnelle.

 

La garantie de paiement est obligatoire 1.

Toute dérogation à cette obligation dans le contrat est interdite.

En pratique, peu de maîtres d’ouvrage délivrent cette garantie spontanément.

Alors, il ne faut pas hésiter à la réclamer à tout moment.

Comment réclamer cette garantie ?

 

Tout d’abord, par un courrier simple. S’il reste sans réponse, il faut envoyer au maître d’ouvrage une lettre de mise en demeure en recommandé avec accusé de réception.

Si aucune garantie n’est fournie dans les quinze jours de la réception de la mise en demeure, l’entreprise doit interrompre les travaux.

Le juge considère que si l’entreprise n’a pas suspendu l’exécution du marché après une mise en demeure restée sans réponse, elle perd le bénéfice de ce droit.

Si elle n’interrompt pas les travaux, elle doit alors les exécuter conformément au contrat et ne peut échapper aux pénalités en cas de retard 2.

 

Que faire en cas de refus du maître d’ouvrage de fournir la garantie ?

 

Si le maître d’ouvrage s’obstine à refuser d’accorder une garantie de paiement à l’entreprise, celle-ci peut s’adresser au juge des référés 3, qui ordonnera la fourniture de cette garantie sous astreinte (somme fixée par le tribunal à payer par le maître d’ouvrage par jour de retard jusqu’à la fourniture de la garantie).

De plus, l’article 1799-1 du Code civil précise que « tant qu’aucune garantie n’a été fournie et que l’entrepreneur demeure impayé des travaux exécutés, celui-ci peut surseoir à l’exécution du contrat après mise en demeure restée sans effet à l’issue d’un délai de quinze jours ».

Si le maître d’ouvrage refuse de fournir la garantie de paiement, l’entreprise peut donc suspendre l’exécution des travaux, après mise en demeure restée sans réponse pendant 15 jours. Dans ce cas, aucune pénalité de retard ne pourra lui être appliquée.

 

Comment s’effectuent les paiements ?

 

Cas du versement direct du prêt

Le versement des fonds est effectué par la banque du client après acceptation de chaque demande de paiement par le maître d’ouvrage.

 

Cas de la caution

Le maître d’ouvrage paie directement les situations à l’entreprise.

 

Comment mettre en jeu la garantie ?

 

Cas du versement direct du prêt

Si le client n’est pas d’accord avec les demandes de paiement de l’entreprise, le montant du prêt est bloqué.

Il sera libéré soit à la suite d’un accord avec le client, soit après une décision judiciaire.

 

Cas de la caution

Pour mettre en œuvre la caution, l’entreprise doit respecter les conditions fixées dans l’acte de caution, et notamment apporter la preuve par écrit :

  • que sa créance est certaine, liquide et exigible. Il s’agira, par exemple, d’une situation validée par le maître d’œuvre et non contestée par le maître d’ouvrage, un solde devenu définitif ou une décision de justice définitive ;
  • et que le maître d’ouvrage est défaillant du fait du non-paiement d’une facture après mise en demeure restée sans réponse, ou du fait de sa liquidation judiciaire.

 

  1. Article 1799-1 du Code civil.
  2. Cass. civ. 3e, 12 septembre 2007.
  3. Tribunal de commerce si le client est une société. Tribunal judiciaire si le client n’est pas commerçant.

Lors de la signature du marché, c’est le moyen le plus sûr si l’entreprise ne connaît pas le client.

 

Avant le commencement des travaux (mais après la signature du marché), cela permet de tenir compte de considérations commerciales.

 

En cours d’exécution du marché, lorsqu’un retard de paiement intervient. Dans ce cas, si l’entreprise ne l’obtient pas dans les quinze jours de la réception de la mise en demeure au client, elle peut suspendre les travaux sans que le client puisse la remplacer ni appliquer des pénalités de retard.

 

Une jurisprudence abondante a confirmé ces points.

Contenu réservé aux adhérents FFB

  • Profitez aussi de conseils et de soutien

    Des services de qualité, de proximité, avec des experts du Bâtiment qui connaissent vos enjeux métier et vous accompagnent dans votre quotidien d'entrepreneur.

  • Intégrez un réseau de 50 000 entreprises

    La FFB est fière de représenter toutes les entreprises du bâtiment, les 2/3 de nos adhérent(e)s sont des entreprises artisanales.

  • Bénéficiez des dernières informations

    Recevez Bâtiment actualité 2 fois par mois pour anticiper et formez-vous aux évolutions des métiers ou de la législation.

Pour contacter facilement votre fédération et accéder aux prochaines réunions
Vous n'êtes pas adhérent et vous cherchez une information ?