Difficultés financières : entretien avec Gilles Maulay, Président d'une chambre de procédure collective

Lorsque votre entreprise éprouve des difficultés financières, comment réagir ? Gilles Maulay nous propose sa vision et ses conseils pour sortir l'entreprise de l'impasse.
11:5630/12/2020
Rédigé par FFB Nationale
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Batiment Actualité Numéro 18 | Décembre 2020

Quel constat faites-vous de la situation actuelle ?

 

Malgré les difficultés économiques sans précédent que les entreprises subissent depuis mars, les défaillances d’entreprises sont en baisse d’un tiers par rapport à l’an passé. Le soutien des pouvoirs publics explique cette situation. Les entreprises sont actuellement sous perfusion.

 

Mais, l’an prochain, principalement au cours du premier semestre, devrait arriver une vague de défaillances d’entreprises sans précédent.

 

 

Alors que faut-il faire pour sauver son entreprise ?

 

L’anticipation est la règle essentielle pour se sortir des difficultés. Les entreprises bénéficient de mesures de prévention parfaitement adaptées à la situation que nous traversons avec deux procédures amiables, le mandat ad hoc et la conciliation, et une procédure dite mixte, la sauvegarde accélérée.

 

 

Quelles sont les conditions à remplir pour utiliser ces procédures amiables ?

 

Ces procédures peuvent être utilisées comme une mesure préparatoire à une procédure collective rapide qui peut aboutir à un plan en deux à trois mois. Le seul critère, pour pouvoir bénéficier de ces procédures judiciaires accélérées, est de disposer d’une comptabilité fiable, car c’est à partir des chiffres donnés par l’entreprise que sera établi le passif pour l’approbation du plan de continuation.

 

Un état de cessation des paiements de moins de 45 jours ne fait pas obstacle à l’ouverture d’une conciliation d’une durée maximale de cinq mois, qui actuellement, du fait de la situation sanitaire, peut être prolongée, ce qui laisse le temps nécessaire à la préparation d’un plan en toute sérénité.

 

Il faut aussi souligner que le mandat ad hoc et la conciliation sont des procédures totalement confidentielles.

 

 

Qu’en est-il aujourd’hui pour les entreprises qui sont déjà engagées dans un plan de continuation ?

 

Les entreprises bénéficiant de plans de sauvegarde ou de redressement sont, dans le contexte sanitaire et conjoncturel actuel, particulièrement exposées au risque de défaillance.

 

Aussi, afin d’éviter toute aggravation de la situation de ces entreprises, des mesures ont été prises permettant d’assouplir les plans de continuation en cours.

 

Il est ainsi possible de bénéficier :

  • d’un décalage automatique de trois mois des annuités des plans de continuation ;
  • d’une prorogation d’un délai d’un an des plans de continuation, sur requête du commissaire à l’exécution du plan, du 23 août 2020 au 22 février 2021 inclus ;
  • d’une prorogation d’un délai de deux ans des plans de continuation, sur requête du commissaire à l’exécution du plan ou du dirigeant, jusqu’au 31 décembre 2021.

 

En clair, les plans de continuation actuellement en vigueur peuvent, sur demande, passer de 10 ans à 12 ans et 3 mois.

Faites-vous accompagner avant que les choses se compliquent sérieusement

Gilles Maulay, Président d'une chambre de procédure collective

Quels conseils donneriez-vous aux chefs d’entreprise ?

 

Les dirigeants ont souvent tendance à faire le dos rond en attendant des jours meilleurs, à nier la réalité et à s’isoler encore davantage. Or, il ne faut pas attendre que le niveau de trésorerie de l’entreprise vienne compromette toute solution…

Les difficultés rencontrées doivent être prises à bras-le-corps bien en amont.

 

Pour cela, il ne faut pas craindre de franchir la porte des tribunaux de commerce pour étudier des mesures de prévention qui pourront traiter et résoudre vos difficultés.

 

Mon activité judiciaire fait suite à une activité économique déployée dans le bâtiment.

 

J’ai commencé à travailler dans l’entreprise familiale de gros œuvre, que j’ai reprise par la suite, après avoir créé mon entreprise d’ossature bois. Puis, j’ai repris une entreprise de couverture et créé une entreprise de négoce spécialisée en produits nord-américains (bardage et menuiserie) ; on peut donc dire que le quotidien du chef d’entreprise, je ne le connais pas trop mal.

 

La fatalité ou le découragement en cas de difficultés doivent laisser place à l’anticipation. Et surtout, il est important de bien s’entourer et de ne pas rester seuls.

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