Déconstruction des gisements à valoriser

Les produits issus de la déconstruction d’ouvrages ne doivent plus être vus comme des déchets, mais plutôt comme des ressources à valoriser. Exemple à Vannes.

9:4421/03/2023
Rédigé par FFB Nationale
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Bâtimétiers Numéro 70 | mars 2023

Le temps où l’on démolissait les immeubles à l’aide des seuls bul­ldozers est en passe de disparaître. Le mot même de « démolition » devient de plus en plus rare dans le monde du BTP et laisse place à celui de « déconstruction ». La substitution n’est pas que sémantique. Elle correspond à une prise de conscience de la profession quant à la nécessité de recycler ce qui était perçu jusqu’alors comme des déchets, dont la vocation était de partir en centre d’enfouissement.

 

Le contexte actuel marqué par la raréfaction des ressources, la volonté des acteurs de la filière du bâtiment de réduire l’impact carbone de leurs activités et l’obligation imposée aux maîtres d’ouvrage par le Code de la construction de réaliser un diagnostic PEMD (produits, équipements, matériaux, déchets) pour mieux valoriser les déchets issus des chantiers, ont radicalement changé la donne. Et ouvert la voie à une économie dite « circulaire », avec des taux de recyclage de matériaux et de matériels pouvant approcher 90 %.

 

L’expérience menée à Vannes (Morbihan) par Legendre Immobilier sur un site occupé par un ancien immeuble de bureaux d'EDF de 5 500 m² SDP pour y ériger un ensemble de 250 logements est un exemple de ce qui peut être entrepris en matière de déconstruction. « Lors de notre première visite du bâtiment en mai dernier, nous avons trouvé un ouvrage en assez bon état, détaille Nicolas Fondement, responsable d’opérations. Nous nous sommes dit que tout ne devait pas finir à la benne et qu’il était possible d’aller bien plus loin que le seul concassage du béton pour un usage en sous-couche de route ! Nous avons donc lancé un appel d’offres avec des lots spécifiques “dépose sélective” et “déconstruction” sans fixer d’objectifs précis. Ce faisant, nous voulions inciter les entreprises candidates à pousser le curseur le plus loin possible dans le réemploi des matériaux. » Dalles de moquette, éléments de faux plafond, luminaires, menuiseries extérieures, sanitaires, portes, cloisons bois, plaques de plâtre, équipements électriques, métaux, etc. : « Nous avons été choisis pour superviser la dépose du matériel lors du curage du bâtiment », enchaîne Marie Charoy, responsable Communication et RSE de Tri’n’Collect, une entreprise spécialisée qui dispose d’une douzaine d’agences en France. « Les travaux de dépose ont été sous-traités à un acteur local, Économie circulaire 56, poursuit-elle, ce qui a permis de donner du travail à une quinzaine de personnes en insertion, alliant ainsi aspect environnemental et intégration sociale. Ensuite, il nous revenait aussi de trouver les filières adaptées à chaque famille de produit récupéré en choisissant, là encore, des structures les plus proches possibles du chantier. »

 

Au final, l’opération s’est soldée par la dépose d’environ 330 t de matériel. Le taux moyen de valorisation s’est élevé à 82 %, dont 33 % de réemploi (plancher technique, moquette) et jusqu’à 100 % de recyclage pour les plaques de plâtre. De plus, une boutique éphémère a été ouverte une journée sur le site afin de faire profiter les « riverains bricoleurs » d’un vaste échantillon de matériels à prix bradés. Une conduite de projet alliant tri, réemploi et valorisation parfaitement réussie, et qui pourrait être déployée à plus vaste échelle par Legendre Immobilier dans bon nombre de ses opérations en région Grand-Ouest.

 

Cap sur la valorisation

Les chiffres publiés sur le site du ministère de la Transition écologique indiquent que le secteur du bâtiment génère 46 millions de tonnes de déchets par an en France (soit plus que l’ensemble des déchets ménagers produits par an, évalués à environ 40 millions de tonnes). Actuellement, selon les sources, seuls 48 à 64 % d’entre eux sont valorisés en moyenne. La réalisation du diagnostic PEMD, obligatoire depuis janvier 2022 pour toute opération de rénovation d’ouvrage de plus de 1 000 m², devrait contribuer à améliorer leur taux de recyclage.

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