ITE : quelles sont les règles de l'art à respecter ?

Référentiel de mise en oeuvre, choix d'un procédé ou produit sous Avis technique, gestion des interfaces, méthodologie à suivre en rénovation... De nombreuses questions se posent pour réaliser une isolation thermique par l'extérieur (ITE) conforme aux règles de l'art. Voici les documents de référence et les étapes essentielles à suivre pour ne pas se perdre en chemin.
11:0008/06/2017
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Bâtimétiers Numéro 47 | Juin 2017

Si elle est apparue sur le marché dès les années 90, l'isolation thermique par l'extérieur (ITE) est un procédé qui a pris toute son importance au moment du Grenelle de l'environnement. Sa capacité à réduire les ponts thermiques en a fait un allié des réglementations successives, qui visent à réduire la consommation énergétique des bâtiments. Mais encore faut-il pour cela qu'elle soit mise en œuvre dans le respect des règles de l'art : en plus de remplir sa fonction d'isolation, l'ITE, qui est fixée sur la paroi extérieure du bâtiment, doit aussi résister à différentes charges ou efforts, en particulier son propre poids, les efforts au vent ou encore les chocs. Elle doit aussi répondre à des exigences en matière d'étanchéité, afin de garantir sa pérennité.

 

« La difficulté tient au fait que beaucoup de procédés et de matériaux nouveaux sont arrivés sur le marché ces dernières années, ce qui a compliqué les choses pour les professionnels, explique Yanneric Hénon, directeur général de FIR Développement SAS, une entreprise d'isolation qui emploie 35 salariés à Chavenay (Yvelines). En l'absence de NF DTU qui synthétise l'ensemble des règles de l'art et fasse autorité, il faut donc se référer aux textes de mise en œuvre existants. » Si un grand nombre de textes de mise en œuvre ont été successivement édités puis révisés, il existe aujourd'hui des référentiels pour la mise en œuvre de l'ITE en fonction de chaque support - béton armé, maçonnerie, construction à ossature bois, construction à ossature métallique - et du type d'ITE réalisé - sous forme d'enduit sur isolant, de bardage rapporté ou de vêture (voir tableau). Pour l'essentiel, ces référentiels relèvent soit de normes NF DTU, soit de recommandations issues du programme RAGE 2012, soit de cahiers émanant du CSTB. Pour les enduits en PSE (polystyrène expansé) sur supports maçonnés par exemple, le texte le plus couramment appliqué est le Cahier des prescriptions techniques (CPT) 3035_V2.

 

Un incontournable procédé d'évaluation

 

Pour les professionnels, il est essentiel de s'assurer que le procédé mis en œuvre relève d'une technique courante. Selon l'approche commune des assureurs, sont considérés comme des techniques courantes les travaux de construction répondant à une norme homologuée - NF DTU - ou à des règles professionnelles acceptées par la C2P (Commission Prévention Produits). En font également partie, les procédés ou produits faisant l'objet d'une procédure d'évaluation type Avis technique (ATec) ou Agrément technique européen (ATE) bénéficiant d'un Document technique d'application (DTA) sur liste verte de la C2P. Enfin, les procédés innovants peuvent relever d'une technique courante s'ils bénéficient d'une ATex (Appréciation technique d'expérimentation) avec avis favorable de la C2P. « En plus de garantir l'assurabilité des travaux, l'Avis technique (ou le DTA) comporte aussi une liste fermée des composants fournis par le fabricant pour réaliser l'ITE, qu'il faut a minima respecter pour se protéger en cas de litige », précise Alain Simon, président de Simon SA, une entreprise d'isolation de 36 compagnons implantée à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Pour les chantiers qui présentent un certain volume - bâtiments tertiaires, collectifs... - le professionnel peut demander au fournisseur du système d'ITE une préconisation technique, à savoir un rapport écrit qui prend en compte une analyse du support et une confirmation des fixations à appliquer et de leur nombre, ou encore du type d'isolant et de finition à mettre en œuvre. Attention néanmoins, cette préconisation ne dégage en aucun cas le professionnel de son devoir de conseil ni de sa responsabilité, par son statut de sachant. Pour respecter les règles de l'art, la marche à suivre consiste donc à appliquer le bon référentiel de mise en œuvre en fonction du support et du type d'ITE, tout en respectant les prescriptions des produits mentionnés dans l'Avis technique (ou le DTA)

Gestion des interfaces

Dans le cadre de la construction neuve, l'ITE doit être conçue en tenant compte des interfaces avec les autres corps d'état concernés par la façade. À titre d'exemple, si l'isolation doit être fixée sur un support en béton banché ou en maçonnerie de petits éléments, l'entreprise de gros œuvre devra respecter les tolérances des NF DTU concernés en terme de planéité. Il convient donc que l'entreprise en charge du lot ITE vérifie bien les caractéristiques préconisées pour le support dans le CCTP pour élaborer sa proposition. Les tolérances des NF DTU de certains supports bruts ne sont parfois pas compatibles avec la pose d'une ITE. De même, la pose des menuiseries, par exemple en applique extérieure ou en tunnel, doit tenir compte de l'épaisseur de l'isolant pour ne pas créer de saillie qui mette en péril son étanchéité. Pour que ces travaux - de même que l'isolation de la toiture et son étanchéité, ainsi que la ventilation - soient réalisés en bonne intelligence avec le lot ITE, le maître d'œuvre et les entreprises peuvent s'appuyer sur le FD DTU 45.3, un guide de conception des bâtiments neufs isolés thermiquement par l'extérieur, édité en octobre 2015. Ce document indique notamment les étapes à suivre pour chaque corps d'état, ainsi que les délais nécessaires à la conception des ouvrages.

 

Rénovation d'enduits sur isolant

 

Enfin, le parc d'ITE avec enduit sur isolant existant, dont les plus anciennes réalisations datent des années 90, présente un besoin de rénovation qui ira en s'amplifiant. Pour réaliser ce type de marché, les professionnels peuvent s'appuyer sur les règles professionnelles « ETICS » pour l'entretien et la rénovation de systèmes d'ITE, publiées en décembre 2004 et révisées en janvier 2010. « Ces règles permettent d'établir un diagnostic de l'ITE avec enduit sur isolant existant, et en fonction de son degré de conservation, de définir l'ampleur des travaux nécessaires, d'un simple entretien à une dépose complète du système », commente Yanneric Hénon. Dans tous leurs travaux d'ITE, les professionnels doivent aussi avoir en tête la nécessité de respecter l'ensemble des réglementations en vigueur - thermique, incendie (IT 249), acoustique, sismique..., les exigences architecturales et de vérifier la conformité réglementaire de toutes les dispositions constructives contenues dans le Cahier des clauses techniques particulières (CCTP).

 

 


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