Les maçons se préparent à la future RE 2020

Quels seront les impacts de la prochaine réglementation environnementale pour les entreprises de maçonnerie et de gros oeuvre ? C'est la question que se sont posée les adhérents FFB réunis lors des Rencontres des métiers du gros oeuvre à Bordeaux. Enjeux de l'analyse du cycle de vie, choix des modes constructifs, possibilité de proposer des variantes... tout a été passé au crible.
11:0005/12/2019
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Bâtimétiers Numéro 57 | Décembre 2019

Comment construire en étant conforme à la future réglementation environnementale RE 2020 ? Quels sont les obstacles à lever ou les points de vigilance à respecter ? Peut-on la combiner avec des mesures d'économie circulaire ? Telles sont les questions principales que se sont posées les entreprises réunies le 13 septembre à Bordeaux pour les 11es Rencontres des métiers du gros oeuvre (RMGO), organisées par l'UMGO-FFB. Au coeur des discussions, le projet-démonstrateur « Le Onze », à Chartres (Eure-et-Loir). Ce chantier de douze logements, actuellement en construction sous l'égide du maître d'ouvrage Pierre et Territoire Eure-et-Loir, intègre quatre procédés constructifs courants : béton banché, béton préfabriqué, brique et ossature bois. L'objectif est d'atteindre un classement « E2 C1 » au regard de la future RE 2020. Rappelons que celle-ci doit remplacer la RT 2012 pour aller vers des bâtiments plus sobres en énergie et moins émissifs en gaz à effet de serre. Elle prévoit quatre niveaux de performance énergétique (E1 à E4) et intègre une nouveauté : le carbone, avec deux niveaux de bilan carbone (C1 et C2).

 

Pas moins de 103 acteurs (dont l'UMGO-FFB) suivent de près l'avancée du chantier chartrain. Quelques semaines après la mise hors d'eau - hors d'air du bâtiment, plusieurs intervenants (maître d'ouvrage, bureau d'études, industriels, entreprise de travaux) sont donc venus partager leurs premiers enseignements sur la partie carbone, lors d'une table ronde en conclusion des RMGO 2019.

 

Premier enseignement : comme attendu, les produits et équipements de la construction pèsent lourd dans le bilan carbone. D'où la nécessité d'un choix précoce pour effectuer l'analyse du cycle de vie (ACV) la plus précise possible dès le stade de l'avant-projet définitif. Conséquence - et risque - pour les entreprises : que les matériaux ou les procédés constructifs soient figés très tôt, bien avant le lancement des marchés, et sans possibilité de proposer une variante. Pour les témoins du projet « Le Onze », cette éventualité ne disparaîtra pas mais les entreprises devront apporter la preuve de la neutralité carbone (au minimum) de leur solution.

 

Deuxième enseignement : si un imprévu durant les travaux oblige à modifier une option constructive, c'est l'ensemble du chantier qui est impacté au niveau carbone. Par exemple, à Chartres, la découverte d'une nécropole a conduit à abandonner les fondations superficielles prévues initialement pour des micropieux. Résultat : l'ACV a dû être refaite pour vérifier si le niveau carbone C1 restait atteint ou s'il fallait apporter des modifications en superstructure. Enfin, dernier enseignement en forme de lapalissade : pour réaliser une ACV fiable, il faut disposer de données fiables pour chaque produit et équipement mis en oeuvre. Or, le retour d'expérience du projet « Le Onze » a mis en évidence l'insuffisance actuelle des fiches de données environnementales et sanitaires (FDES) et la nécessité de compléter la base INIES qui les valide et les rassemble.

 

Quelques mois avant l'entrée en vigueur progressive de la nouvelle réglementation, les intervenants de la table ronde ont incité les entreprises de gros oeuvre à être actrices de cette transformation en étant ambassadrices des nouvelles exigences auprès de toute la filière, des fournisseurs jusqu'aux maîtres d'oeuvre et maîtres d'ouvrage. Elles peuvent notamment jouer un rôle auprès des fournisseurs pour qu'ils complètent leurs fiches FDES. Ce qu'ils ont tout intérêt à faire car, en l'absence d'informations fiables et validées, le produit concerné se voit attribuer une valeur par défaut défavorable. Les entreprises ont par ailleurs tout à gagner à prendre ou appliquer des mesures qui réduisent leurs impacts sur l'environnement, comme l'a fait le maître d'ouvrage du projet « Le Onze » en décidant d'intégrer au béton mis en oeuvre 20 % de granulats de béton recyclé, issu de démolitions proches du chantier. Respect de la ressource, économies d'énergie, réduction du trafic routier... Une mesure d'économie circulaire qui valorise le matériau béton et complète parfaitement les objectifs de la future RE 2020.

En savoir plus

UMGO-FFB (Union de la maçonnerie et du gros oeuvre),

tél. : 01 40 69 51 59,

www.umgo.ffbatiment.fr

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