Pourquoi utiliser des matériaux biosourcés dans les bâtiments

Le secteur du bâtiment étant au cœur des enjeux de la transition écologique, l’empreinte environnementale des matériaux devient désormais un critère prépondérant lors de la conception de projets de construction ou de rénovation. Avec leur faible empreinte carbone, les matériaux biosourcés permettent de réduire significativement l’impact environnemental des projets. Outre l’impact carbone réduit, ces matériaux présentent également de nombreuses autres propriétés intéressantes.
13:2112/09/2023
Rédigé par FFB Nationale

Qu’est-ce qu’un matériau biosourcé ?

 

Les matériaux biosourcés sont issus de la biomasse, d’origine non fossile. Ils sont composés pour partie ou totalement de ressources d’origine végétale (ex. : la paille) ou animale (ex. : la laine de mouton). Ils sont principalement issus de la sylviculture, l’agriculture et du recyclage. Ils peuvent être employés aussi bien pour l’isolation des bâtiments, que pour la structure ou encore en enduit.

 

 

Important à savoir : un matériau biosourcé n’est pas nécessairement composé à 100% de produits naturels et sans impact pour l’environnement. Il peut être transformé, contenir des additifs chimiques en proportions variables ou avoir été transporté sur de longues distances.

 

Dans le cadre d’un projet à faible empreinte environnementale, il est préférable d’avoir recours à des matériaux biosourcés locaux et le moins transformés possible, sous réserve qu’ils répondent aux caractéristiques pour lesquelles ils sont mis en œuvre.

 

 

Principaux matériaux biosourcés utilisés dans la construction

 

Si la matière première à l’origine des matériaux biosourcés est très variée, ces derniers peuvent également se présenter sous différentes formes. Voici les principales :

  • le bois : bois d’œuvre, laine de bois et panneaux de fibres de bois, bois en vrac ;
  • le chanvre : mortier, enduit et béton de chanvre, laine de chanvre, chènevotte ;
  • la ouate de cellulose : panneaux en ouate de cellulose, ouate de cellulose en vrac ;
  • la paille : bottes de paille, enduit terre/paille, panneaux de paille ;
  • le liège : panneaux et rouleaux de liège, granulats ;
  • le textile recyclé : panneaux et rouleaux en coton recyclé, coton en vrac ;
  • la laine de mouton : rouleaux et panneaux de laine, laine de mouton en vrac, écheveaux.

 

Il en existe d’autres, comme le lin, les plumes de canard, le miscanthus, qui sont moins développés. La terre crue, bien que d’origine naturelle, n’est pas considérée comme un matériau biosourcé, car elle n’est pas issue du vivant.

 

 

Avantages des matériaux biosourcés

 

Les matériaux biosourcés présentent de nombreux avantages notamment d’un point de vue environnemental. Cependant, chaque matériau doit pouvoir répondre à un usage spécifique et être adapté à la mise en œuvre envisagée, au risque de subir des désagréments au cours du chantier ou par la suite. Il convient donc de ne pas occulter les autres types de matériaux plus conventionnels et de prendre les précautions nécessaires pour la mise en œuvre des matériaux biosourcés.

 

Faible impact carbone

 

La réglementation environnementale RE2020 pose un cadre légal plus exigeant pour les constructions neuves en matière de préservation de l’environnement par le biais deux indicateurs carbone dont l’Ic construction qui introduit une nouveauté majeure : l’analyse de cycle de vie du bâtiment (ACV) sur 50 ans. L’ACV prend en compte, dès la conception du bâtiment, l’impact environnemental des constructions et encourage le recours aux matériaux plus vertueux comme les matériaux biosourcés dont l’impact carbone est faible.

 

Le secteur de la rénovation n’est pas en reste puisqu’un effort est également nécessaire pour réduire les consommations d’énergie des bâtiments qui représentent 45% des consommations nationales. Cela impose à la fois de se tourner vers des systèmes énergétiques plus performants, mais également d’isoler les bâtiments existants, tout en garantissant une empreinte environnementale réduite.

 

L’impact environnemental des matériaux biosourcés est très souvent réduit par rapport aux matériaux conventionnels. Ainsi, par exemple, l’impact d’un isolant biosourcé est environ 4 fois moins important que celui d’un isolant conventionnel (laine de verre ou roche).

 

Cet écart est essentiellement lié à la phase de production. Les matériaux conventionnels émettent la majorité de leurs gaz à effet de serre (GES) au cours de cette phase qui consiste à extraire la matière première, la transporter et la fabriquer. A l’inverse les matériaux biosourcés n’émettent presque pas de GES lors de cette phase et ont parfois un bilan négatif. Cela s’explique par le fait que ces matériaux sont issus de matières organiques et qu’ils absorbent le CO2 au cours de leur croissance ce qui contribue à la séquestration du carbone. De plus, leur transformation avant utilisation est peu énergivore, ce qui réduit encore davantage leur bilan carbone. Enfin, ils sont généralement issus de la valorisation d’un co-produit de l’agriculture ou de la sylviculture.

 

A savoir : la plateforme INIES recense l’ensemble des données environnementales des produits et équipements pour le bâtiment.

 

 

 

Attention : Si le bilan carbone des matériaux biosourcés est généralement meilleur que celui des matériaux conventionnels, il est tout de même nécessaire d’avoir un regard sur les autres caractéristiques techniques. Ainsi, son domaine d’emploi, ses performances thermique et acoustique sont des éléments à prendre en compte lors du choix d’un matériau par rapport à un autre.

 

 

Confort thermique

 

Le réchauffement climatique et les températures de plus en plus extrêmes nous amènent à repenser la conception des bâtiments en prenant davantage en compte la période estivale. Si la précarité énergétique des bâtiments a pendant longtemps été cantonnée à la période hivernale, les récents épisodes caniculaires placent désormais le confort d’été comme une priorité. Un logement mal isolé sera un inconfortable en hiver car difficile à chauffer, mais également inconfortable en été car sujet aux surchauffes.

 

Si pour la construction neuve, il est possible d’agir facilement sur certains paramètres (orientation des bâtiments, surfaces vitrées et protections, ventilation nocturne, caractéristiques des matériaux...), dans le cadre de la rénovation cela devient plus complexe. Les matériaux biosourcés ont un rôle important à jouer pour la construction neuve, mais surtout en rénovation. En effet, si pour la construction neuve la RE2020 a introduit un nouvel indicateur DH qui caractérise le degré d’inconfort estival dans les bâtiments, pour ce qui est des bâtiments existants il n’existe pas de règle pour prendre en compte l’inconfort estival.

 

Grâce à leur densité et à leur capacité thermique massique élevées, les matériaux biosourcés permettent de ne pas transmettre la chaleur rapidement et de la stocker. Ces propriétés sont très utiles en été, mais elles le sont également en hiver car cela permet d’éviter que la chaleur à l’intérieur du bâtiment ne se dissipe trop rapidement vers l’extérieur.

 

 

Ressource renouvelable et locale

 

Comme beaucoup de secteurs, la construction est confrontée à des problématiques d’approvisionnement et de pénuries de ressources non-renouvelables. Ce phénomène est voué à augmenter, même s’il est probable qu’il n’y ait pas d’épuisement complet de la ressource. Cependant, les coûts associés à la rareté du produit et à la complexité de leur production le rendront inaccessible.

 

Les matériaux biosourcés constituent une alternative fiable à cette problématique de disponibilité de la ressource puisqu’ils sont composés en grand majorité de matière organique disponible en abondance sur le territoire nationale (bois, chanvre, lin, ouate de cellulose, paille de blé…). Même si la production de matériaux biosourcés représente une part croissante de l’industrie de la construction, cette ressource reste encore largement inexploitée dans le secteur du bâtiment puisqu’on estime à environ 1% la part de la biomasse disponible valorisée dans le secteur du bâtiment.

 

En France, le biosourcé pour le bâtiment constitue à la fois une filière de production de matériaux à destination du marché et une filière artisanale avec un savoir-faire spécifique dans le neuf comme en rénovation (y compris le bâti ancien). S’appuyant sur des ressources locales disponibles, le biosourcé permet une économie circulaire au plus près des lieux de production avec la création d’emplois locaux contribuant ainsi au dynamisme économique territorial. Il apporte de nouveaux débouchés aux secteurs agricoles et sylvicoles français et une source de revenus supplémentaires. Le développement des matériaux biosourcés représente donc, pour les années à venir, un fort potentiel de développement économique au niveau national, d’autant que depuis 2010, un plan visant à lever les freins à la massification de l’emploi de ces matériaux dans le secteur du bâtiment a été engagé par le ministère en charge de la transition écologique.

 

Il est primordial, cependant, d’avoir une utilisation raisonnée des produits biosourcés de manière à ne pas créer une tension sur les ressources naturelles nécessaires à leur production. Par exemple, si la demande de bois de construction augmente de manière significative, cela pourrait contribuer à la déforestation ou à l’importation de matière première. C’est pour cette raison qu’il est important de garantir que les ressources utilisées pour la fabrication de ces matériaux soient gérées de manière responsable et durable en évitant toute exploitation excessive.

 

 

Santé et confort acoustique

 

Les bâtiments constituent des lieux de vie à part entière dans lesquels le confort est devenu au fil des années un critère déterminant. Outre le confort hygrothermique, la qualité de l’air intérieur et l’isolation acoustique sont désormais des qualités à satisfaire pour les bâtiments, en particulier dans le résidentiel où l’on passe une grande partie de son temps.

 

Les sources de pollutions de l’air intérieur sont multiples et peuvent provenir notamment des matériaux utilisés. Les matériaux biosourcés offrent non seulement des avantages écologiques, mais ils sont également bénéfiques pour la santé et le bien-être des occupants. Contrairement à certains matériaux synthétiques qui dégagent des composés chimiques nocifs dans l'air intérieur, les matériaux biosourcés sont naturels et non toxiques. Ils favorisent ainsi une meilleure qualité de l'air intérieur, créant un environnement de vie plus sain.

 

Par ailleurs, les isolants biosourcés par leur structure fibreuse ont des qualités d’absorption acoustique souvent supérieures à celles des isolants conventionnels. En revanche, cela n’est pas forcément le cas pour les matériaux structurels biosourcés tels que le béton de chanvre ou le bois. Leurs performances acoustiques restent inférieures à celle d’un béton plein classique ou d’un parpaing.

 

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