Réforme de maprimerénov’ - fallait-il vraiment tout bouleverser au 1er janvier 2024 ?

Le gouvernement souhaite accélérer les rénovations performantes et la sortie des énergies carbonées. Pour ce faire, MaPrimeRénov’ (MPR) voit bousculer, dès le début 2024, ses parcours pour obtenir des aides financières. Cette réforme devrait s’articuler autour de deux axes : les rénovations d’ampleur (plusieurs gestes de travaux) et le remplacement des systèmes de chauffage carbonés. Des changements qui sonnent la fin du soutien aux travaux d’isolation en monogeste.
13:1113/11/2023
Rédigé par FFB Nationale
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Batiment Actualité Numéro 19 | novembre 2023

S’il a confirmé l’augmentation significative du budget de MaPrimeRénov’ (MPR) et augmenté le montant des aides pour la rénovation globale, le gouvernement persiste à faire fi des propositions du secteur et à complexifier l’accès aux aides pour les particuliers.


 

La FFB est, bien entendu, favorable au développement de la rénovation globale, mais pas au détriment de travaux individuels (geste simple), qui représentent 90 % des travaux soutenus aujourd’hui par MPR.


 

Pourquoi casser ce qui marche ? Pourquoi exclure des aides un ménage qui souhaite simplement isoler ses parois ? Pourquoi exiger qu’il installe un équipement renouvelable (même s’il a déjà changé sa chaudière récemment) ou le forcer à effectuer une rénovation globale avec le recours obligatoire à un accompagnateur, un intermédiaire supplémentaire que la FFB juge inutile ?


 

Les deux axes principaux de la réforme

 

Bien que des précisions soient encore attendues pour sa mise en oeuvre opérationnelle, la réforme du système MPR devrait s’articuler autour de deux axes principaux que sont la rénovation d’ampleur et la sortie des énergies fossiles pour le chauffage.

Les fausses bonnes idées, ça suffit. Le marché est devenu trop compliqué. Après la construction neuve, est-il nécessaire de faire peser un risque sur le marché de la rénovation

Olivier SALLERON, président de la FFB

La rénovation d’ampleur

 

Ce premier volet serait destiné aux ménages souhaitant s’engager dans une rénovation importante et respectant deux critères :

 

  • un saut de deux classes minimum au sens du DPE en réalisant au moins deux gestes d’isolation ;
  • le traitement de la ventilation.

 

Il s’agit là d’un parcours qui :

 

  • sera principalement dédié aux passoires thermiques, même s’il reste ouvert à l’ensemble des logements ;
  • sera accessible à tous les foyers sans condition de ressources ;
  • remplacera les aides existantes MPR Sérénité et forfait MPR Rénovation globale ;
  • obligera à recourir systématiquement à Mon Accompagnateur Rénov’. Une prestation qui sera financée à hauteur de 100% pour les ménages aux revenus très modestes, 80% pour les revenus modestes, 40% pour les revenus intermédiaires et 20 % pour les revenus supérieurs, dans la limite de 2.000 € (qui pourra atteindre 4.000 € dans des cas spécifiques de traitement d’habitat indigne et de précarité énergétique) ;
  • sera basé sur un dossier unique déposé auprès de l’ANAH. L’agence sera chargée de valoriser, en complément de MPR, les aides au titre des certificats d’économies d’énergie (CEE). Ces dernières seront intégrées au montant de MPR. Les ménages n’effectueront ainsi qu’une seule démarche ;
  • appliquera des aides revalorisées, mais en fonction du montant des travaux engagés. Ainsi, pour les ménages très modestes, le financement de base sera de 80% pour une assiette de travaux éligibles comprise entre 40.000 et 70.000 € HT selon le projet ;
  • appliquera une aide renforcée pour sortir du statut de passoire énergétique. Les passoires thermiques atteignant au moins l’étiquette D du DPE, après travaux, verront leur aide majorée de 10% ;
  • permettra de coupler MPR avec l’éco-PTZ, celui-ci étant reconduit jusqu’en 2027.

 

À savoir : ce nouveau parcours accompagné pour les rénovations d’ampleur pourra, selon la volonté du maître d’ouvrage, intégrer des dépenses liées au confort d’été, afin de lutter contre les « bouilloires thermiques ».

 

L’installation de pompes à chaleur (y compris air-air réversibles), de brasseurs d’air et de protections solaires des parois vitrées pourra notamment être financée.

 

 

La sortie des énergies fossiles pour le chauffage

 

Ce deuxième volet est destiné exclusivement aux logements, hors passoires thermiques (classes F et G du DPE), dont le bâti a déjà une performance énergétique suffisante et pour les ménages qui ne souhaitent pas s’engager dans des travaux d’ampleur.

 

Ces aides seront destinées aux ménages aux revenus très modestes, modestes et intermédiaires. Les ménages aisés sont exclus.

 

La FFB a déjà alerté sur le recours obligatoire à un accompagnateur qui risque de freiner le marché dès le 1er janvier prochain du fait d’un nombre insuffisant d’acteurs agréés et d’une répartition hétérogène sur le territoire. Elle rappelle également que l’ANAH devra absorber, dès le 1er janvier, la lourde gestion des dossiers CEE sur la base de l’objectif des 200.000 rénovations d’ampleur pour 2024 et demande que tous les moyens soient mis en oeuvre pour assurer le démarrage.

 

Les points à retenir

 

  • L’obligation d’effectuer un DPE à l’entrée du parcours pour attester que le logement n’est pas une passoire thermique. Les logements classés F ou G ne peuvent pas bénéficier de ce parcours et doivent faire l’objet d’une rénovation d’ampleur.
  • L’obligation d’installer un équipement de chauffage à énergie renouvelable (solaire thermique, pompe à chaleur, biomasse…) pour bénéficier des aides, en complétant, le cas échéant, par un geste d’isolation.
  • L’amélioration des forfaits pour l’installation d’une pompe à chaleur air-eau ou géothermique.
  • Les parties privatives des appartements en copropriétés bénéficieront de conditions d’accès spécifiques. Les forfaits par geste resteront notamment accessibles sans obligation d’installer un équipement de chauffage.

 

 

Cette réforme aura des effets négatifs pour une filière performante, que l’état a encouragé à se développer et qui est déjà insuffisamment soutenue par les cee.

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