Echafaudages & ITE : nouvelle méthode optimisée pour la pose de panneaux rigides

Depuis octobre 2022, les professionnels peuvent officiellement – sous certaines conditions toutefois – démonter le garde-corps intérieur des échafaudages de pied une fois les panneaux d’isolants rigides fixés sur la façade d’un chantier d’isolation thermique par l’extérieur. Cette vraie bonne nouvelle pour le quotidien des entrepreneurs est issue d’un projet collégial de longue haleine piloté par le Groupement ITE de la FFB.

9:4621/03/2023
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Bâtimétiers Numéro 70 | mars 2023

Les professionnels le savent bien : aucun vide de plus de 20 cm ne doit exister entre le bord des planchers et l’ouvrage ou l’équipement contre lequel un échafaudage est établi.

La réglementation requiert de combler ce vide (par exemple par des consoles) ou de protéger l’opérateur contre le risque de chute de hauteur (par une protection collective ou individuelle, le cas échéant). Or, les travaux d’isolation thermique par l’extérieur (ITE) impliquent de laisser un vide, systématiquement supérieur à 20 cm en début de chantier, entre l’échafaudage de pied et la façade à isoler. Cependant, une fois l’isolant mis en œuvre, le vide entre l’isolant et l’échafaudage devient, dans la majorité des cas, inférieur à 20 cm. Pour autant, jusqu’à présent, rien ne permettait de considérer officiellement que l’isolant mis en œuvre pouvait être assimilé à la façade. Ainsi, les dispositifs de protection complets devaient être laissés à demeure tout au long du chantier, gênant, côté façade, le geste des opérateurs sur chantier notamment lors de l’exécution de l’enduit. Pour ne pas pénaliser les coûts, les délais, la qualité et le confort de travail, des chantiers étaient tentés de ne pas respecter la réglementation en travaillant sans protection ou avec une protection collective allégée (absence de plinthe ou lisse seule).

 

L’isolant, « aussi solide qu’un mur »

 

Cette situation n’était satisfaisante ni pour les professionnels, ni pour les préventeurs. Alors en 2019, un projet a été lancé dans le cadre du Programme recherche et développement métier (PRDM) de la FFB.

Piloté par le Groupement Isolation thermique par l’extérieur de la FFB (GITE-FFB, voir encadré), avec l’appui du Syndicat français de l’échafaudage, du coffrage et de l’étaiement (SFECE-FFB) et de la direction des Affaires sociales de la FFB, et réalisé en collaboration avec l’OPPBTP, ce projet avait pour objectif de démontrer qu’une fois l’isolant posé, les entreprises travaillaient en sécurité, même sans protection côté façade. « Autrement dit, et en simplifiant, il s’agissait pour nous de prouver de manière incontestable qu’une fois l’isolant en place, il pouvait être considéré comme étant aussi solide qu’un mur », synthétise Bruno Poilpré, président du GITE-FFB.

 

Une méthodologie rigoureuse validée par tous

 

C’est ainsi qu’une campagne rigoureuse d’essais a été menée sur le site du CEBTP à Élancourt (Yvelines) (voir encadré). L’objectif était de déterminer l’échéance minimale de tenue au chargement statique et au choc dynamique des panneaux d’isolants collés. « Les résultats sont sans appel. Ils ont permis de constater la tenue des panneaux d’isolation pour respectivement 100 % et 92 % des essais de poinçonnement dynamique et statique à vingt-quatre heures », se félicite Bruno Poilpré.

À la suite de cette campagne, une méthodologie a pu être définie de manière collégiale. Ainsi, lorsque le personnel dispose des formations adéquates, lorsque les plans et les éventuelles notes de calcul de l’échafaudage intègrent les configurations avec et sans les garde-corps démontables, et lorsque les travaux d’ITE sont réalisés dans les règles de l’art, le garde-corps intérieur peut être démonté devant le panneau d’isolant rigide si, et seulement si :

  • le temps de séchage du produit de collage ou calage, indiqué par le fabricant, est atteint ou un délai de vingt-quatre heures minimum est respecté si le temps de séchage est inférieur à ce délai ;
  • l’élévation d’isolant est totale sur le pignon ou la façade ; en cas d’arrêt de chantier en cours d’élévation de l’isolant sur le pignon/la façade, la hauteur du dernier niveau d’isolant posé doit être d’au moins 1 m au-dessus du plancher d’échafaudage concerné.

À noter que ces conditions concernent les pignons du bâtiment ou les parties courantes de façades. Au droit des parties singulières – menuiseries, balcons, etc. – des prescriptions particulières s’appliquent.

Validée par la CNAM et la Direction générale du travail, publiée dans un guide de l’OPPBTP, cette méthodologie, en vigueur depuis octobre 2022, permet d’allier, via l’optimisation de l’utilisation du garde-corps démontable, la protection contre les chutes de hauteur tout au long des travaux et l’amélioration des postures de travail, la maîtrise des coûts, des délais et de la qualité des travaux.

 

Mode opératoire de la campagne d’essais

Le programme d’essais mis en œuvre pour démontrer que les panneaux d’isolants, une fois collés sur support béton, peuvent être considérés comme une extension de l’ouvrage, comportait 72 essais.

Les principales configurations couramment rencontrées sur les chantiers ont été testées :

  • 2 types de supports : béton « à rénover » et béton « neuf » ;
  • 4 natures d’isolant : polystyrène, laine de roche, fibre de bois, mousse résolique ;
  • 2 modes de collage : par boudins et par plots.

Le GITE au service des professionnels

Créé en 2009, le Groupement Isolation thermique par l’extérieur de la FFB (GITE-FFB) réunit les connaissances et les compétences de sept Unions et Syndicats de métier de la FFB : CSFE, SFJF, SNI, UMB, UMGO, UNEEF et UPMF. Il traite aussi bien des ITE en filière humide (enduit mince et épais) qu’en filière sèche (bardage ventilé, vêture, vêtage). « Nous sommes au service des professionnels pour répondre à toutes les problématiques qu’ils rencontrent, qu’elles soient d’ordre technique, juridique ou économique », précise Bruno Poilpré, président du GITE-FFB. Après le succès du projet d’homogénéisation des pratiques d’utilisation des échafaudages en ITE, le groupement travaille sur différents autres sujets, dont la lutte contre l’écodélinquance sur les chantiers d’ITE.

La suite dans un prochain numéro !

Les excellents résultats que nous avons obtenus sur ce projet sont le fruit d’un travail collaboratif exemplaire de toutes les parties prenantes : nous avons réussi à trouver ensemble une solution acceptable et acceptée par tous. Si elle concerne uniquement la mise en œuvre de produits d’isolation rigides, il faut savoir que les échafaudeurs proposent des matériels permettant de travailler en sécurité avec tous les autres types de procédés d’isolation. 

Jacques Frénéhard, président du SFECE-FFB.

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