Projet urbain Canopia - Le réemploi comme pilier de la continuité patrimoniale

En cours de construction au centre-ville de Bordeaux, le projet de requalification urbaine Canopia comprend un important volet de réemploi de la pierre en façade, qui permet de conserver l’architecture du quartier et donne un rôle de premier plan aux entreprises de déconstruction et de taille de pierre.
10:3916/12/2024
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Bâtimétiers Numéro 77 | décembre 2024

Il s’agit de la plus importante opération en cours de requalification urbaine portée par un opérateur privé en France. Réalisé par le promoteur Apsys, le projet Canopia, qui s’étend sur près de 4 hectares, requalifiera en 2027 tout un quartier du centre-ville de Bordeaux, en reliant la gare Saint-Jean à la Garonne.

 

Pour ce faire, une avenue-promenade végétalisée sera percée sur 600 m de longueur et débouchera sur un parc paysager implanté sur la rive gauche du fleuve. Ce vaste projet, imaginé par le cabinet d’architecture Édouard François, devrait devenir un nouveau centre de gravité de Bordeaux Métropole. Il rencontre les attentes actuelles des maîtres d’ouvrage publics, en créant un écosystème urbain fertile qui permettra de lutter contre les effets du réchauffement climatique et de répondre à l’objectif de réduction des émissions carbone ainsi qu’à celui du « zéro artificialisation nette » d’ici à 2050.

 

En offrant un hectare de zone piétonne, il associera les circulations douces et le caractère d’un quartier actif et dynamique, grâce à ses nombreux équipements : 45.000 m2 de commerces, services, loisirs et restauration, 12.000 m2 d’hôtellerie, 7.200 m2 de surface tertiaire et bureaux, 6.400 m2 de logements sur une surface construite totale de 70.000 m2, auxquels s’ajoutent 13.000 m2 d’espaces publics extérieurs.

Un réemploi de la pierre en façade

La responsabilité environnementale du projet Canopia se traduit aussi par l’objectif de valoriser ou réemployer 95 % des matériaux issus de la déconstruction des bâtiments existants. Plus précisément, les engagements pris sont de réemployer 20 % de ces matériaux in situ et 20 % ex situ, soit 40 % de réemploi au total. Dans le même temps, ce nouveau quartier situé dans le périmètre protégé par l’Unesco ne s’inscrira pas en rupture mais dans la continuité du tissu urbain historique de Bordeaux, en conservant ses codes patrimoniaux, notamment grâce au recours à la pierre.

 

C’est pour répondre à ce double enjeu que le projet comporte la conservation de 6 800 m2 de façades en pierre bordelaise, qui sont l’héritage architectural du quartier. Pour l’entreprise qui a remporté le lot déconstruction, la société Avenir Déconstruction, un acteur national dont le siège social se situe à Bordeaux, il s’agit d’un défi nouveau qui élargit le périmètre de ses compétences : « Les maîtres d’ouvrage nous demandent aujourd’hui d’effectuer du curage avec une dépose soignée de tous les composants du bâtiment pour réaliser du réemploi, explique Xavier Taris, le directeur commercial de l’entreprise.

 

Mais Apsys est allé beaucoup plus loin, en nous demandant de conserver certaines façades, en les étayant pour pouvoir construire des bâtiments neufs derrière, et d’en déconstruire d’autres, en effectuant une dépose soignée pierre par pierre, en vue de les réutiliser pour reconstruire des façades fidèles à l’esprit du bâti historique bordelais. » Étant donné l’échelle du projet, Avenir Déconstruction a dû mettre en place toute une logistique pour acheminer l’important volume de pierres déposées sur le site de sa filiale Les Pierres de Fontenac, situé à proximité du chantier.

 

Elles y seront successivement nettoyées, recoupées et stockées pour pouvoir être réutilisées dans la réalisation des nouvelles façades. Afin d’optimiser encore le bilan carbone de l’opération, une partie des autres matériaux inertes issus de la déconstruction, notamment le béton, sera concassée sur place, en vue d’être réutilisée comme granulat pour la fabrication du béton destiné à la construction des bâtiments neufs.

Un tandem déconstructeur et tailleur de pierre

 

Cet important volet de réemploi met en avant la nécessité d’y intégrer une expertise en matière de taille de pierre, comme en témoigne l’entreprise TMH, spécialisée dans la maçonnerie et le bâti anciens, qui a traité la première phase de dépose du projet en groupement avec Avenir Déconstruction. « Nous faisons souvent de la dépose de pierre en conservation mais pour de petits ouvrages, par exemple un porche ou un monument à déplacer, explique son gérant Alain Iviglia.

 

Ce qui est nouveau avec Canopia, c’est la dépose en conservation de façades entières en calcaire de Bordeaux, avec repérage de chaque pierre et stockage sur des palettes numérotées en vue d’être reposée. » En plus de la gestion logistique de son réemploi, ce matériau doit aussi faire l’objet d’un diagnostic pour évaluer son potentiel : « Nous constatons à la dépose que certains soubassements ne sont pas récupérables et que certaines pierres de jonction ou corniches ont été rongées par la pluie, à cause des gouttières défectueuses, ajoute le dirigeant. En moyenne, 10 % des pierres qui sont déposées, parfois plus selon les cas, doivent être remplacées. »

 

D’autre part, les pierres qui sont issues des façades historiques porteuses seront réemployées dans les façades nouvelles sous forme de pierres de parement, ce qui exigera qu’elles soient retaillées et fassent l’objet d’une nouvelle mise en œuvre adaptée. En lançant Canopia, le promoteur Apsys a fait du réemploi des matériaux et de la préservation de l’architecture locale deux objectifs prioritaires et indissociables.

 

Ce processus préfigure une nouvelle façon de construire en circuit court, à partir des matériaux disponibles in situ et en s’inscrivant dans la continuité patrimoniale

 

 

Les acteurs et chiffres clés du projet

 

  • Maître d’ouvrage : Apsys
  • Architecte : Maison Édouard François
  • Surface du foncier : 3,6 hectares
  • Surface construite : 70 000 m2, dont 45 000 m2 de commerces, services, loisirs et restauration, 12 000 m2 d’hôtellerie, 7 200 m2 de surface tertiaire et bureaux, 6 400 m2 de logements et 13 000 m2 d’espaces publics extérieurs.
  • Matériaux de déconstruction recyclés ou réemployés à 95 %.
  • Façades en pierre de Bordeaux conservées : 6 800 m2.
  • Façades végétalisées : 9 100 m2.

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