Rubans du Patrimoine : plus de 1 000m2 de plomb pour la Notre-Dame boulonnaise

 Créés en 1994, les Rubans du Patrimoine distinguent les collectivités territoriales qui investissent dans l’entretien et la sauvegarde de leur patrimoine bâti. La restauration du dôme de la basilique de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) a été récompensée du prix national 2024.
9:1310/03/2025
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Bâtimétiers Numéro 78 | mars 2025

Depuis 1860, culminant à 103 m, le dôme de la basilique Notre-Dame, une des dix plus hautes églises de France, surplombe le paysage boulonnais. En 2020, la municipalité a décidé de le réhabiliter et, ensuite, de restaurer ses fresques. Ce chantier d’envergure qui aura duré trois ans, pour un montant de près de sept millions d’euros, a été reconnu par les Rubans du Patrimoine(1).

 

La commune de Boulogne-sur-Mer a en effet reçu le prix national dans la catégorie « communes et intercommunalités de plus de 20 000 habitants » pour ce projet. L’entreprise Bernard Battais et fils a réalisé les couvertures qui protègent le dôme contre les pluies salines dont le ruissellement peut endommager la matière. Sur de nombreux niveaux de l’édifice, les tables de plomb – plus de 1.000 m2 de pose au total – remplacent ou couvrent les parties saillantes des maçonneries en pierre et en béton. 

« Cette basilique, monument emblématique des Hauts-de-France, est un peu particulière, explique Olivier Battais, directeur commercial de ce groupe de couverture et de charpente basé à Haubourdin (Nord). Lorsque j’étais enfant, mon père l’entretenait et je rêvais de travailler un jour dessus. » Aujourd’hui, il confie sa satisfaction « d’avoir contribué à la reconnaissance de l’investissement de Frédéric Cuvillier, maire de Boulogne-sur-Mer, dans ces travaux de haut niveau.

 

Ce prix national récompense aussi notre entente à tous : la commune, l’agence Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques, Chevalier Nord, l’entreprise qui a réalisé la maçonnerie et la taille de pierre, et Réatub qui a installé les échafaudages hors norme de ce chantier », ajoute le dirigeant. 


Au sein de l’entreprise Bernard Battais et fils, spécialiste des monuments historiques et du patrimoine ancien, les techniques de pose de plomb en couverture et sur les corniches se transmettent de père en fils. « Si nous sommes d’ordinaire aguerris à ces ouvrages, l’échelle et la dimension des travaux ont été différentes pour le dôme de Notre-Dame, souligne Olivier Battais. Nous avons dû nous adapter aux contraintes du bâtiment et de l’échafaudage. »

 

Ce dernier, qui a enchâssé la tour de son corset de fer de 410 t sur une hauteur de 54 m, « a nécessité un renfort de béton. Il ne pouvait pas être posé complètement sur le sol, et le bâtiment ne pouvait pas le porter. Face à cette technicité qui a augmenté le coût de l’installation, il a fallu travailler vite ».

 

Cinq voire huit compagnons « en période de pointe, parfois au-dessus des nuages quand il faisait froid », sont intervenus de bas en haut « alors que d’habitude c’est l’inverse, dévoile le couvreur. Nous posions le plomb sur les corniches par couronne pendant que les maçons et les restaurateurs de sculpture travaillaient au-dessus de nous ».

 

En plus de cette manière de procéder inédite, il a fallu composer avec la pose d’armatures pour renforcer une des sept ceintures qui enserrent le dôme de la basilique. « Une bonne compréhension entre le pilote du chantier, les chefs de chantier et les conducteurs de travaux a été primordiale pour exécuter les ouvrages en sécurité tout en les protégeant au fur et à mesure de l’avancement », précise Olivier Battais, en soulignant un point d’orgue à cette restauration d’ampleur sous filets et normalement cachée à la vue de tous : « Les Boulonnais ont été invités à assister au replacement de la statue de la Vierge de l’Immaculée Conception au centre du lanternon restauré qui domine l’édifice.

 

Ce moment a été important car les habitants d’une commune veulent vivre leur patrimoine. Il a aussi été l’occasion de faire découvrir nos métiers en valorisant nos savoir-faire spécifiques auprès du plus grand nombre », conclut le couvreur des nombreux monuments historiques locaux. Une mission partagée par les Rubans du Patrimoine au travers de ses prix remis dans toutes les communes de France depuis maintenant trente ans.

  1. Organisés dans le cadre d’un partenariat entre la FFB, l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité, la Fondation du patrimoine, la Fédération nationale des Caisses d’épargne, le Groupement français des entreprises de restauration des monuments historiques.

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