A Trélazé, le maçon donne vie au projet de l'artiste

Véritable œuvre d’art qui symbolise le passage de l’ancienne manufacture d’allumettes de Trélazé vers sa nouvelle vie, La Doublure est aussi, par son inspiration et la complexité de son design, une formidable vitrine pour les métiers de la maçonnerie.

16:1713/12/2023
Rédigé par
revue
Retrouvez ce dossier dans notre revue Bâtimétiers
Bâtimétiers Numéro 73 | décembre 2023

Depuis la fin novembre, l’ancienne manufacture d’allumettes de Trélazé près d’Angers (Maine-et-Loire) a son totem : la sculpture-architecture La Doublure, imaginée par l’artiste Raphaël Zarka, avec l’agence parisienne Thomas Raynaud Architecture.

 

Cette création s’inscrit dans le cadre de la réhabilitation de ce site industriel construit en 1926, dont subsistaient des ateliers de fabrication – les halles – reliés par deux bow-strings, et une cheminée en briques en partie déconstruite, en vue de le transformer en un nouvel ensemble comportant des logements, des ateliers d’artistes, un centre commercial et un parking, tout en en conservant la mémoire.

 

Pour y parvenir, les habitants regroupés dans l’association CLCV (« Consommation, Logement, Cadre de vie ») de Trélazé ont, avec le soutien de la Fondation de France, lancé une commande artistique pour la réalisation d’une œuvre qui interprète les vestiges de la cheminée existante, et donne au lieu sa nouvelle identité.

 

C’est la proposition de Raphaël Zarka, un artiste plasticien sensible aux savoir-faire techniques, qui a été retenue : avec La Doublure, il a imaginé une deuxième cheminée en briques, culminant à 24,30 m de hauteur, beaucoup plus haute que celle de l’ancienne manufacture, cette dernière conservant néanmoins un rôle de support pour une dalle en béton horizontale qui relie les deux ouvrages, établissant un lien symbolique entre le passé et le présent

 

La nouvelle cheminée se compose d’un socle carré de 8,30 m – la hauteur de l’ancienne – qui offre un espace de visite permettant d’admirer l’intérieur de la structure depuis le sol, et qui supporte une partie circulaire légèrement conique jusqu’au sommet.

 

La nouvelle cheminée se compose d’un socle carré de 8,30 m – la hauteur de l’ancienne – qui offre un espace de visite permettant d’admirer l’intérieur de la structure depuis le sol, et qui supporte une partie circulaire légèrement conique jusqu’au sommet.

 

Cependant, la réalisation de l’œuvre s’est révélée particulièrement complexe, car le fût intérieur adopte des lignes hélicoïdales, comme si l’artiste avait retourné comme un gant une cheminée du style architectural Tudor, inventé en Angleterre au xvie siècle, dont les torsades décoratives seraient en quelque sorte inversées à l’intérieur.

 

« La cheminée se compose d’une paroi intérieure cylindrique qui prend la forme d’une vis, et d’une paroi extérieure cylindrique, que nous avons reliées par des raidisseurs », explique Frédéric Miquet, dirigeant de l’entreprise de maçonnerie ESBTP, qui emploie une trentaine de salariés à Changé (Sarthe).

 

« Pour respecter son design, poursuit-il, nous avons dû commander des briques sur mesure en huit modules différents afin de reproduire la forme de la vis, que nous avons mises en œuvre en suivant les armatures métalliques circulaires, avec un joint très régulier et un petit décalage de 3 cm à chaque rang. » Pour cet ouvrage monumental, chaque tour de vis complet est réalisé sur 5 m de hauteur.

 

Auparavant, la faisabilité de l’ouvrage a été validée par des maquettes en polystyrène, et l’entreprise a choisi l’option de préfabriquer la cheminée par anneaux d’un mètre de haut au sol, puis de les superposer à l’aide d’une grue jusqu’au sommet.

 

Le socle de la nouvelle cheminée a été réalisé sur pieux, pour éviter tout tassement différentiel avec l’ancienne, et les deux ouvrages ont été réunis par une fine dalle de béton suspendue, de 19,50 m sur 11,50 m et d’une épaisseur de 30 cm, précontrainte pour des raisons d’étanchéité.

 

« Cette réalisation exceptionnelle est une très belle vitrine pour les métiers de maçonnerie, se réjouit le chef d’entreprise. Elle montre les points forts de la brique et du béton armé, et confirme que les techniques traditionnelles sont tout à fait compatibles avec la création. » Grâce à La Doublure, la « Manu », comme disent familièrement les habitants de Trélazé, peut commencer sa nouvelle vie.


Contenu réservé aux adhérents FFB

  • Profitez aussi de conseils et de soutien

    Des services de qualité, de proximité, avec des experts du Bâtiment qui connaissent vos enjeux métier et vous accompagnent dans votre quotidien d'entrepreneur.

  • Intégrez un réseau de 50 000 entreprises

    La FFB est fière de représenter toutes les entreprises du bâtiment, les 2/3 de nos adhérent(e)s sont des entreprises artisanales.

  • Bénéficiez des dernières informations

    Recevez Bâtiment actualité 2 fois par mois pour anticiper et formez-vous aux évolutions des métiers ou de la législation.

Pour contacter facilement votre fédération et accéder aux prochaines réunions
Vous n'êtes pas adhérent et vous cherchez une information ?