La réforme de 2018 a initié une formidable et salutaire dynamique, faisant passer, dans notre région, le nombre de contrats d’apprentissage BTP de 10 000 à près de 15 000 en 2024. Alors que notre branche professionnelle représente 9 % de la totalité des actifs, nous comptabilisons aujourd’hui plus de 13 % des apprentis d’Auvergne Rhône-Alpes tous secteurs confondus.
L’Etat a consenti un effort significatif et les entreprises se sont largement engagées. Mais prenons garde à ne pas casser une dynamique vertueuse pour notre secteur du bâtiment. La rentrée 2025 enregistre une baisse globale de 4 % des nouveaux entrants dans les CFA du BTP et de plus de 10% dans les CFA BTP paritaires de la région. Et c’est le moment choisi par l’état pour diminuer drastiquement le budget alloué à l’apprentissage ! Attention aux mauvais calculs : Il y a des économies qui coutent et des dépenses qui rapportent. Si la réduction des déficits budgétaires s’impose, un peu de discernement n’est pas interdit, surtout lorsqu’il s’agit de la jeunesse, de l’avenir et de la réussite de notre pays !
Récapitulons :
Pourquoi faut-il soutenir activement les formations en apprentissage des premiers niveaux de qualification ? Parce que c’est une condition essentielle pour assurer la pérennité des entreprises locales du bâtiment et réussir la réindustrialisation de nos territoires. La méthode ? Maintenons l’ambition initiale de l’Etat et les niveaux de prise en charge versés pour ces formations à nos CFA.
Pourquoi faut-il soutenir les jeunes qui font le choix de l’apprentissage ? Parce que c’est un engagement exigeant qui offre une voie d’insertion et d’excellence professionnelle durable. La méthode ? Ne réintégrons pas les charges sociales sur la rémunération des apprentis, une mesure de non-sens lorsque l’on sait qu’après leur formation, ils seront les premiers à rentrer dans la vie active et à cotiser, bien plus tôt que les étudiants en voie scolaire.
Pourquoi faut-il accompagner les entreprises qui accueillent des apprentis ? Parce que 85% d’entre elles sont des TPE-PME et qu’il ne peut y avoir de réussite sans elles, dans le segment de la rénovation comme dans celui la construction neuve, où les besoins du marché nécessitent le recours à leur capacité de production. La méthode ? Assurons un cadre stable et durable pour préserver le recrutement des apprentis, quand tout incite à réduire la voilure.
De notre côté, il nous appartient aussi de prendre nos responsabilités : la FFB AURA est pleinement mobilisée pour défendre un système de formation performant, accessible et adapté aux besoins de nos entreprises. Avec l’ensemble des partenaires sociaux et membres fondateurs, nos administrateurs participent activement à dessiner et mettre en place un nouveau projet d’entreprise pour BTP CFA AURA, le premier CFA de branche de la profession. Face aux enjeux de renouvellement de main d’œuvre, BTP CFA AURA est un opérateur incontournable qui doit savoir adapter son modèle aux évolutions réglementaires et conjoncturelles de l’apprentissage.
Pour nous entrepreneurs, l’enjeu est aussi de continuer à former dans nos entreprises. Depuis plusieurs décennies, nous avons été habitués à une main d’œuvre relativement abondante liée à l’augmentation régulière de la population active. Ne nous voilons pas la face, même si le ralentissement de l’activité a pu atténuer le phénomène, les tensions de recrutement sont condamnées à rester élevées compte tenu du décrochage démographique. Dans ce contexte, il nous faut trouver les moyens de continuer à orienter, former et fidéliser, en recrutant des apprentis dans nos métiers et nos entreprises. Vous pouvez compter sur l’appui et l’énergie de vos Fédérations départementales qui œuvrent avec constance et créativité à la promotion de nos métiers auprès des jeunes.
Le contexte institutionnel et économique chahuté nous invite à nous recentrer vers l’entreprise, ses fondamentaux et ses sources de valeur. La formation des jeunes, et en particulier l’apprentissage, demeure un levier stratégique pour la pérennité et le développement de nos entreprises, dans une filière qui a toujours su se projeter résolument vers l’avenir.
