Jean-Pierre Chambon : « Les élus peuvent dynamiser le recyclage »

 Jean-Pierre Chambon : « Les élus doivent exiger des entreprises une traçabilité scrupuleuse des déchets »

Déjà performant, le Rhône peut mieux faire en matière de recyclage des déchets du BTP. Notamment grâce aux élus, estime le président de la chambre syndicale "Recyclage" de la fédération. En ce sens, il attend d’eux qu’ils soient plus attentifs à la traçabilité de leurs déchets et plus ouverts à l’emploi de matériaux recyclés sur leurs chantiers.
17:3312/03/2020
Rédigé par
Contributeur du "Livre blanc" (Cf. ci-dessous), Jean-Pierre Chambon estime que la filière peut recycler davantage de matériaux. Selon lui, les élus peuvent agir dans ce but. Mais cet objectif environnemental n’a de sens que si les maîtres d’ouvrage publics ne rechignent pas à utiliser les produits recyclés, précise le directeur des matériaux de Colas Rhône-Alpes – Auvergne.  Interview.

Dans le Rhône, quel est le niveau atteint par le recyclage des déchets du BTP ?
Jean-Pierre Chambon (J.-P. Ch.) :
Avec un taux de valorisation des déchets de chantiers supérieur à 75 %, nous sommes l’un des départements les plus performants de France en la matière. Nous produisons un peu plus de 1,2 millions de tonnes de matériaux inertes recyclés par an.

Cette performance peut-elle être encore améliorée ?
J.-P. Ch. :
C’est encore possible, en effet. Mais pour progresser, nous avons besoin de l’intervention des élus. Les collectivités locales peuvent agir de deux manières : d’abord en amont du chantier, puis pendant la réalisation du chantier.

Comment les élus peuvent-ils agir en amont du chantier ?
J.-P. Ch. :
Avant de finaliser leur appel d’offre, ils peuvent réaliser un diagnostic pour quantifier et identifier les déchets produits par le chantier. S’agira-t-il de déchets inertes ? Si oui, peuvent-ils être recyclés ou sont-ils destinés à l’enfouissement ? Cette manière d’agir permettra de prévoir les filières de valorisation et d’éliminations des déchets du chantier. Ainsi, les maîtres d’ouvrage publics pourront imposer aux entreprises le mode de traitement de tous les déchets du chantier.

Puis pendant le déroulement du chantier ?
J.-P. Ch. :
Les élus doivent exiger des entreprises une traçabilité scrupuleuse des déchets, en vérifiant que tous les volumes produits sont traités par des filières agréées et régulièrement autorisées. Ainsi, les collectivités locales éviteront les décharges sauvages, encore trop nombreuses. Autre intérêt de cette traçabilité : davantage de matériaux seront recyclés et valorisés.

Si vous recyclez davantage de matériaux, la demande sera-t-elle au rendez-vous ?
J.-P. Ch. :
En théorie, cette demande existe. Déjà, nous pourrions commercialiser plus de produits recyclés, de l’ordre de 10 %. Trouver de nouveaux débouchés éviterait d’avoir recours à l’enfouissement de ces matériaux recyclés.

C’est donc qu’il existe des freins à l’emploi de produits recyclés ?
J.-P. Ch. :
Certains maîtres d’ouvrage ont un peu peur d’utiliser ces matériaux recyclés. Leurs craintes portent sur la qualité de ces produits : durabilité, propreté… Des craintes techniques et qualitatives.

Ces craintes sont-elles fondées ?
J.-P. Ch. :
En aucune façon. De nombreux chantiers ont déjà été réalisés avec des matériaux recyclés, et donnent entière satisfaction sur la durée : couches de voirie (1), VRD, remblais de tranchées (canalisations, réseaux…).  De plus, l’administration via le CEREMA (2) et la profession ont produit des guides d’utilisation qui définissent l’usage et la caractérisation technique des matériaux recyclés (3).

Quel autre motif les élus vous opposent-ils lorsque vous proposez des matériaux recyclés ?
J.-P. Ch. :
Ils les jugent trop chers par rapport aux produits naturels. Or, il est illusoire de croire l’inverse possible. La production de matériaux recyclés est en effet plus complexe et plus exigeante. Face à ce léger surcoût, il faut prendre en compte les économies de transport (4) et un meilleur bilan carbone, mais aussi le coût de la remise en état d’une décharge sauvage. Si l’on raisonne globalement, les coûts sont comparables.  

(1) Les matériaux recyclés interviennent dans la production des bétons (jusqu’à 10 %) et d’enrobés (jusqu’à 30 %)
(2) CEREMA : Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement
(3) Guide "Graves de valorisation : graves de déconstruction" ; guide "Graves de valorisation : graves chaulées". Ces deux guides sont disponibles sur le site www.btp-rhone.ffbatiment.fr rubrique Vous informer / Actualités / Année 2014
(4) Les matériaux sont recyclés à proximité des chantiers 




La filière construction, force de proposition via son "Livre blanc"
BTP Rhône et Métropole a fédéré une trentaine d’acteurs de la filière construction autour d’un projet : produire un "Livre blanc" qui, faisant la somme de leurs propositions pour la cité de demain, a été diffusé auprès des candidats du prochain scrutin.
En savoir plus : Livre blanc

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