Le logement, le mal-aimé de la république

Les débats qui se poursuivent sur la loi de finances pour 2026 conditionnent largement les perspectives pour le secteur, qui vont d’un éphémère rebond en 2026 à l’amorce d’une véritable reprise.

8:2616/12/2025
Rédigé par FFB Nationale

Contexte général : une résistance inattendue, une fragilité certaine

 

Le consensus de place table aujourd’hui sur une croissance en volume du PIB de l’ordre de 0,9 % en 2025, comme en 2026. Malgré la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump, malgré les incertitudes politiques et budgétaires de la fin d’année en France, la situation se révèle meilleure qu’anticipée. De même, sur le marché du crédit immobilier, à l’amélioration du premier semestre a succédé une simple stabilisation, avec petite hausse des taux mais allongement des durées, là où l’on craignait une franche détérioration.

 

Sans optimisme exagéré, l’entrée dans 2026 laisse grande ouverte la possibilité d’une sortie progressive de crise. Du moins, sous réserve qu’une loi de finance équilibrée soit votée, c’est à dire qu’elle engage un véritable effort sur le déficit public sans casser la croissance.

 

2025 : troisième année de recul de l’activité du bâtiment

 

Après -1,2 % et -6,0 % en 2023 et 2024, le chiffre d’affaires du secteur abandonne encore 4,0 % en 2025, hors effet prix.

 

Principal facteur de cette nouvelle chute, la production en logement neuf, qui souffre de l’effondrement de près de 40 % des mises en chantier entre 2021 et 2024, dont 12,2 % sur la seule année 2024. Certes, un rebond s’est concrétisé au cours de 2025, alimenté par l’amélioration des conditions de crédit, puis les effets du plan de relance d’Action logement et CDC Habitat, ainsi que du ré-élargissement du PTZ. Mais ce rebond ne compense que très partiellement la chute précédente : avec une hausse de 8,4 % des logements commencés, 2025 se clôt sur 283 000 unités sur l’année, loin derrière les 360 000 relevées en moyenne sur 1980-2025 et encore plus loin derrière les besoins en logements. Reste que la progression de 16,2 % des permis sur 2025 suscite de l’espoir pour 2026, principalement pour l’individuel.

 

Quant au non résidentiel neuf, le recul de la production s’y est accentué en 2025, à -6,6 % après -0,2 % en 2023, puis -4,1 % en 2024. La plupart des segments contribuent à ce durcissement, à l’exception notable des locaux commerciaux, dont l’amélioration mérite toutefois confirmation. Il faut aussi signaler la résistance des bâtiments administratifs, dont la stabilisation des surfaces commencées en 2025 doit sans doute beaucoup au cycle électoral municipal.

Mais la mauvaise nouvelle confirmée vient de l’amélioration-entretien, où l’activité fléchit de 1,1 % hors effet prix en 2025, alors qu’on espérait une petite croissance. Les blocages et rabotages de MaPrimeRénov’, comme des CEE, entrainent le logement vers le bas, puisqu’il affiche -1,2 %. Mais la rénovation du non résidentiel cède également, à -0,8 %.

 

Paradoxalement, malgré cette troisième année de crise, l’emploi ne recule que modérément, de 1,5 % précisément, salariés et intérimaires en équivalent-emplois à temps plein confondus, soit 20 000 postes perdus. Ce chiffre vient toutefois se cumuler aux -35 000 déjà observés entre 2022 et 2024.

 

2026 : rebond attendu

 

La bonne tenue des mises en chantier et permis de logements neufs relevée en 2025 se traduirait en activité sur 2026. Partant d’un très bas niveau, elle progresserait de 9,5 % en volume, principalement grâce à l’individuel, qui afficherait +11,2 %, le collectif suivant d’un peu plus loin avec +7,5 %. Il faut d’ailleurs signaler qu’une reprise semble véritablement s’installer dans l’individuel, avec des ventes en hausse de près de 40 % sur la fin 2025, alors qu’elle cale dans le collectif, où les acquisitions des particuliers n’ont pas pris le relais du plan de relance Action logement-CDC habitat. La suppression du « Pinel » et la forte révision à la baisse des conditions du LMNP pèsent lourd. En l’absence de statut du bailleur privé véritablement incitatif, le rebond peinerait à se transformer ici en reprise. D’ailleurs, la FFB retient pour l’heure une baisse des mises en chantier et permis dans le collectif en 2026.

 

Toujours en 2026, l’activité en non résidentiel neuf connaitrait une très modeste hausse de 0,5 % en volume. La bonne tenue des locaux commerciaux se trouverait assez largement compensée par la chute de l’activité en construction de bureaux, ainsi que l’érosion des bâtiments industriels ou assimilés. À noter que, sauf abandon massif de programmes, la production liée aux bâtiments administratifs s’afficherait en hausse de 2,1 %. Cela tient au démarrage tardif des projets en 2025. L’avenir plus lointain ressort globalement moins favorable pour le non résidentiel neuf : en 2026, les surfaces commencées abandonneraient 0,7 % et les surfaces autorisées, 0,2 %.

 

Quant à l’amélioration-entretien, l’activité s’y replierait encore de 0,5 %, pénalisée notamment par la rénovation énergétique du logement à -1,3 %.

 

Au total, grâce à la dynamique relative du logement neuf, la production bâtiment en volume renouerait avec la croissance en 2026, à +1,8 %. Cela laissera toutefois l’activité à proximité de ses plus bas historiques. De plus, ce petit rebond ne permet pas d’anticiper un retournement de l’emploi. Salariés et intérimaires en équivalent-emploi à temps plein confondus, la FFB anticipe une nouvelle baisse de 10 000 postes.

 

Par ailleurs, dans l’immédiat, un problème urgent doit être traité, car il menace les trésoreries des entreprises. Il s’agit des délais de paiement des clients du bâtiment, qui s’allongent depuis le début 2025 et s’envolent même côté donneurs d’ordre publics. D’autant plus que cette pratique inacceptable vient s’ajouter aux reports de démarrage de chantier, toujours trop fréquents.

 

Les conditions d’une franche reprise

 

Pour passer du rebond à une véritable reprise, il faut avant tout assurer une relance forte et durable du logement collectif. Cela passe principalement par deux mesures.

 

Premièrement, la mise en place d’un statut du bailleur privé véritablement incitatif, pour permettre le retour des ménages sur ce champ. En l’état, le dispositif retenu par l’Assemblée nationale et voté par le Sénat ressort bien trop corseté pour répondre à l’objectif. Parce qu’il retient des loyers trop bas (Loc’Avantages) et qu’il interdit l’imputation du déficit foncier sur le revenu global, l’amortissement proposé, par ailleurs repris dans le calcul de la plus-value à la revente, n’a guère d’intérêt.

 

Deuxièmement, ramener la Réduction de loyer de solidarité (RLS) de 1,3 milliard d’euros à 900 millions d’euros, ce qui semble effectivement se dessiner dans les débats au Parlement.

 

Sous ces conditions et sous réserve d’un vote rapide de la loi de finances, on peut espérer gagner de l’ordre de 20 000 mises en chantier dès 2026, dont 7 000 en locatif privé, du fait du déblocage d’opérations déjà en cours de commercialisation. De ce fait, la production en logement neuf progresserait de 11,2 % et celle en bâtiment, de 2,1 %.

 

Côté PLFSS, la révision à la baisse annoncée du financement de l’apprentissage inquiète, alors que les recrutements d’apprentis BTP pour les CAP, BP, Bac pro et BTS reculent déjà de 8,9 %. La FFB demande que l’État maintienne les conditions financières pour la mise en œuvre de ces formations dans les CFA de la profession. Ils ont développé une forme adaptée de transmission des savoir-faire de nos métiers qui, depuis 80 ans, a fait ses preuves.

 

Certes, ces demandes ont un coût ; mais, en réalité, elles rapportent. Par exemple, le très officiel Compte du logement montre qu’en solde net (prélèvements - aides), ce marché a alimenté pour plus de 56 milliards d’euros le budget de la Nation en 2024, score historique !

 

Il importera également de parvenir à une refonte efficace et pragmatique de la REP PMCB au 1er janvier 2026. Pour lui donner une chance de fonctionner à nouveau, la FFB milite pour limiter le soutien aux seules filières qui le nécessitent, s’assurer d’un maillage opérationnel en point de collecte sur tout le territoire et soutenir financièrement les collectivités pour la résorption des dépôts sauvages. Elle exige par ailleurs un gel des barèmes pendant les travaux de refondation.

 

Enfin, à moyen terme, le FFB souhaite que l’on reprenne à nouveau frais la question de la rénovation énergétique des bâtiments. Les atermoiements et revirements de bord sur le DPE, sur les aides et, très récemment, la proposition de SNBC 3 ont fait perdre toute visibilité sur les objectifs à atteindre et sur les moyens d’y parvenir.

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