Gestion du temps : le temps... le mien, le vôtre et celui des autres

Gagner du temps, perdre du temps, rattraper le temps perdu, manquer de temps ? Et si tout cela pouvait s'apprivoiser ? Bien gérer son temps est une question de priorités... qui aide à contrôler son stress. Et c'est précieux pour l'efficacité au travail, certes, mais aussi pour notre bien-être et celui des autres. Ce premier article, d'une série de cinq, vous permettra de comprendre quelle est votre relation au temps. Êtes-vous perfectionniste ? urgentiste ? superhéros ? endurant ? altruiste ? En cette fin d'année, prenez le temps de le découvrir pour changer vos habitudes !
11:0027/12/2017
Rédigé par FFB Nationale
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Batiment Actualité Numéro 22 | Décembre 2017

Applique-toi ! Dépêche-toi ! Tu peux le faire tout(e) seul(e), tu es grand(e) ! Allez, encore un effort, tu as bientôt fini ! Aide ton frère (ta sœur) à mettre ses chaussures ! S'il te plaît, sois gentil !

Eh oui, qui n'a pas entendu ou employé ces phrases ? Mais voilà, elles peuvent conditionner notre vie d'adulte et notre rapport au temps.

Le rapport que chacun entretient avec le temps en dit long sur sa philosophie, ses priorités, la nature de son être ou de son mal-être.

Dans une époque de course contre la montre permanente, comment reprendre le contrôle de son emploi du temps ? Et si la solution était d'abord d'apprendre à mieux se connaître et de définir ses priorités ?

 

Où vous situez-vous ?

Les cinq profils que nous vous présentons ici devraient vous aider à vous situer et vous donner les pistes à suivre pour améliorer votre gestion du temps.

Il n'y a pas de bon ou de mauvais profil, ils présentent tous de belles qualités.

Mais pour chacun d'entre eux, en situation de stress, les points négatifs s'amplifient jusqu'à devenir difficiles à vivre pour l'intéressé et son entourage.

Entretien avec Ingrid Wolff

Cogérante de la société Yosadi.
Consultante, formatrice auprès de dirigeants de TPE/PME.

Le perfectionniste

Il recherche la perfection dans tout ce qu'il fait. Il est difficilement satisfait du résultat, parce qu'il pense qu'il aurait pu faire encore mieux.

Lorsqu'il délègue une tâche, il impose la même exigence. Cela peut démotiver l'autre, qui se dit « à quoi bon, puisque ce ne sera de toute façon pas parfait... ». La relation peut aussi devenir infantilisante, car le perfectionniste peut tenir des propos du type « je t'ai pourtant tout prémâché et tu n'y arrives toujours pas ! ».

L'envie d'être entouré de « mini-moi » est forte !

Ce manque de confiance peut engendrer un surcontrôle.Je me souviens d'un expert-comptable qui, pour une question d'image de l'entreprise, souhaitait que ses salariés rédigent leur mail avec toutes les formules dévolues au courrier classique. Pour s'assurer que tout était fait comme il l'entendait, il avait demandé à ses collaborateurs de le mettre systématiquement en copie de tous les mails expédiés. Ce contrôle était-il nécessaire ? Le temps utilisé ne pouvait-il pas servir à autre chose, de plus important ou de plus urgent ? Sans compter que les journées pour tout faire s'allongent inexorablement

Je dois être parfait, tu dois être parfait, tout doit être parfait.

Le perfectionniste

Prendre le temps, voire trop de temps, cela se traduit inévitablement par une perte de temps, car on ne commence rien d’autre avant que cela soit parfait.
Cela produit une désorganisation telle que les journées deviennent sans fin. Les relations de travail sont difficiles parce qu’on est incapable de déléguer ou d’accepter une aide extérieure.
La perfection provoque de l’anxiété, de la frustration, de la souffrance, voire de l’agressivité.

 

Comment diminuer la pression ?
  • Mettre en place des microplannings couplés à des micro objectifs.
  • Dédramatiser : que peut-il arriver de si horrible si ce n’est pas parfait ? Quels sont les véritables enjeux ?
  • Apprécier la qualité donnée et celle reçue. Exemple : un plombier ayant refait la salle de bains d’une cliente n’est pas totalement satisfait de son travail, le dessin formé par la pose du carrelage n’est pas à la hauteur de ce qu’il aurait souhaité faire... mais sa cliente, elle, est ravie ! Alors, au fond, qu’est-ce qui est le plus important ?
  • Faire confiance aux autres, apprendre à déléguer pour libérer du temps. Assurez-vous que les instructions pour exécuter la tâche sont claires et concises. Informez-vous de l’avancement sans surcontrôler.
  • Donner des repères : le vieil adage « on n’est jamais si bien servi que par soi-même » n'est valable que dans des situations d’urgence. Dans une équipe et sur le long terme, cela n’est pas bénéfique!

Nous nous arrangeons spontanément pour faire :

  • ce qui nous plaît, avant ce qui nous déplaît ;
  • ce qui est facile, avant ce qui est difficile ;
  • ce qui va vite, avant ce qui prend du temps ;
  • ce que nous savons faire, avant ce qui est nouveau ;
  • ce qui est urgent, avant ce qui est important ;
  • ce que d’autres nous imposent, avant ce que nous avons choisi.

Principe d’Henri Laborit, médecin et biologiste.

L'urgentiste

Aller vite, toujours plus vite, faire un maximum de choses dans un laps de temps réduit : passer voir un nouveau client, dépanner celui qui a un problème « urgent »,se rendre à une réunion de chantier, trouver le fournisseur pour le produit à installer, établir le devis d'une réparation... Les tâches s'enchaînent non plus les unes après les autres, mais les unes avec les autres. On manque de recul pour faire les choses correctement et on risque d'avoir à les refaire... ou de mécontenter les clients.

Sous l'effet de la pression, les relations interpersonnelles peuvent vite dégénérer en conflit lorsque l'on manage une équipe.

Pour préserver le groupe, il est essentiel de maîtriser la communication : fini le « comment, ce n'est toujours pas fait ? c'est pourtant facile ! ». Et le stress monte des deux côtés... Pourtant, il ne faut pas perdre sa confiance dans les autres.

Je dois me dépêcher

L'urgentiste

On va vite, on se précipite sans recul nécessaire, au risque de commettre des erreurs, de manquer d’attention dans les détails, d’avoir une information inexacte ou insuffisante et de stresser les autres et de paraître désordonné, pour ne pas dire débordé !
Dans ce planning où il n’y a plus la place de rien, comment traiter l’urgence réelle ?

L’urgentiste pense avoir le don d’ubiquité : on ne peut pas être à deux endroits en 5 minutes, lorsqu’ils sont distants de 10 km !

 

Comment diminuer la pression ?
  • Adopter un agenda à « trous » pour y placer l’imprévu. N’ayez pas peur du vide, il se remplira toujours.
  • Apprécier plus justement le temps à consacrer à une tâche (5 min prévues se transformant en 20 min).
  • Établir une liste de tâches (to-do list), en faisant le tri entre l’urgent et l’important.
  • Prendre le temps de l’analyse avant toute action.
  • Communiquer avec les autres et prendre leur rythme en compte.

Le superhéros

Il a les épaules larges, pense pouvoir tout encaisser et mener à bien, et dans les délais fixés, tous les engagements pris. « Je peux le faire et je le ferai », telle est sa devise. Il ne demande aucune aide, parce que ce serait montrer de la faiblesse ou faire perdre du temps aux autres.

Il ne se plaint jamais, endure jusqu'à l'épuisement, physique et psychique (burn-out).

Ce superhéros pourrait s'inspirer d'une citation d'Albert Einstein : « La folie est de se comporter toujours de la même manière et de s'attendre à un résultat différent. »

Je dois être fort, je suis fort

Le superhéros

Il fait tout lui-même, les tâches de dernière minute, les demandes irréalistes... « Je le finirai ce soir à la maison. » Il est surmené.

Au-delà d’un certain nombre d’heures de travail, la productivité du temps décroît et devient même négative.Il peut confondre qualité et quantité.

 

Comment diminuer la pression ?
  • Voir les choses sous un autre angle.
  • Se fixer des priorités, les revoir régulièrement et avec méthode.
  • Apprendre à faire confiance aux autres, reconnaître leur capacité à faire.
  • Demander de l’aide, ce n’est pas un signe de faiblesse.
  • Trouver les points qui rassurent.

L'endurant

Il accumule les tâches à faire, jusqu'à en commencer une et l'abandonner pour se consacrer à une autre. Pourtant, quelle satisfaction, lorsque le travail est fini !

Lorsqu'un pic d'activité se profile, tout son système se met en alerte pour anticiper au mieux. Son esprit s'échauffe et la colline à grimper devient montagne... « Déjà 18 heures ?! Je manque de temps ! »

Il a du mal à évaluer et percevoir le temps : délai, échéances, etc. Lorsqu'une période de creux s'annonce, week-end, vacances, il est déstabilisé parce que l'effort s'arrête. Il ne sait plus comment gérer ce temps « mort ».

Je dois faire des efforts

L'endurant

Il accorde plus d’importance à la quantité de travail accomplie qu’à l’efficacité.

Il a du mal à terminer, parce qu’i lest trop préoccupé par l’énergie à mettre en œuvre pour accomplir sa mission.

Rien n’est simple, direct, rapide.

Il se décourage et repousse sans cesse à plus tard les petites tâches.

 

Comment diminuer la pression ?
  • Se doter d’objectifs plus précis et moins ambitieux avec des résultats concrets à atteindre.
  • Fixer des dates d’échéance.
  • Établir des listes de tâches en les regroupant par ordre de priorité.
  • Se dire « Je commence, je termine ».
  • Valoriser les petites tâches, qui auraient tendance à être oubliées. Elles deviennent alors plus visibles et motivantes à réaliser.

L'altruiste

Avec lui, tout devient solution. Alors on le sollicite beaucoup, parce qu'on peut compter sur lui :« il va se décarcasser » et tout faire pour satisfaire la demande. Il est réactif et efficace. Il est considéré, on l'aime !

Mais le temps qu'il accorde aux autres lui manque pour la réalisation de son propre travail. Il accumule les retards et finit par être insatisfait et débordé... De plus, on peut le lui reprocher. Un comble.

Je dois faire plaisir

L'altruiste

Son plus grand problème, c’est qu’il ne sait pas dire non.

Il privilégie les tâches utiles aux autres, plutôt que celles qui pourraient être prioritaires pour lui.

Il recherche la reconnaissance.

 

Comment diminuer la pression ?
  • Qualifier régulièrement ses priorités.
  • Lister toutes les tâches.
  • Mesurer régulièrement son temps de travail (consommé et disponible pour ce qu’il reste à faire).
  • Éviter d’ accepter les tâches sur l’instant et formaliser leur prise en compte : « C’est d’accord, mais pas tout de suite. »

Un bocal à remplir

Vos tâches principales représente les cailloux (que ce soit sur une journée, une semaine, un mois) ; vos tâches secondaires, le gravier ; les autres tâches, le sable.

Le bocal est-il plein ? Eh bien non, vous pouvez encore y mettre de l’eau. C’est le temps liquide sur lequel vous pouvez compter pour combler le vide ou le laisser.


Si vous remplissez le bocal dans cet ordre, vous pourrez utiliser sa capacité de manière optimale. Sinon, vous risquez de ne plus avoir de place et de voir le bocal déborder !

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