Burn-out : les signes qui doivent vous alerter

Le dossier sur la santé du dirigeant, publié avec le précédent numéro, nous annonçait que le burn-out est un danger évitable. Voyons aujourd'hui quels sont les symptômes physiques et psychiques qui permettent de le reconnaître pour mieux s'en prémunir.
11:0030/05/2018
Rédigé par FFB Nationale
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Batiment Actualité Numéro 9 | Mai 2018

Difficile d'anticiper un burn-out, tant les symptômes en sont différents d'une personne à l'autre. Et impossible, évidemment, de prévoir l'instant et le lieu où l'organisme atteindra son point de rupture.

En revanche, connaître les diverses phases de cette pathologie permet, en cas de premiers signes ou de crise, d'adopter les bons réflexes.

 

Le burn-out n'est pas un état, mais plutôt la phase finale d'un processus long et insidieux qui peut mettre des mois, voire des années, à s'installer.

Les 4 étapes du burn-out

1. Le plaisir et l'engagement

L'individu apprécie de se donner à fond dans sa tâche. Toujours partant pour en faire plus, il est reconnu comme un bon professionnel, parfois un peu trop exigeant.

 

2. Le « surengagement »

C'est l'état vers lequel la personne bascule lorsqu'elle doit faire face à de nouveaux objectifs ou enjeux. Obligée de fournir plus de travail et d'efforts, elle ne parvient pas à atteindre ses objectifs comme précédemment, en qualité comme en quantité.

 

3. L'acharnement frénétique

À ce stade, l'individu est obnubilé par son travail. Il commet des erreurs de débutant et ne parvient même plus à faire ce qui lui semblait si facile auparavant. En conséquence, il doute de plus en plus de lui et perd en estime de soi.

Son idéal du moi, véritable tyran intérieur, exige toujours plus, alors que ses ressources s'amenuisent.

 

4. L'épuisement

Cette phase est celle qui détermine le burn-out. La personne est à bout. À bout de souffle, à bout de nerfs, à bout d'idéaux. L'organisme a brûlé toutes ses réserves, l'épuisement s'installe sur les plans tant émotionnel que physique et psychique.

 

Les causes possibles de burn-out

Faire de son travail le centre de sa vie : la famille, les loisirs, les moments de détente sont indispensables au bon équilibre psychique de tout individu.

Ne pas savoir se fixer de limites en cas de surcharge de travail : il est nécessaire, même en cas de surcharge de travail, de s'octroyer des moments de repos, une heure limite de travail, par exemple.

Ne pas savoir déléguer ou travailler en équipe : partager l'objectif fixé et se faire aider permet d'être beaucoup plus serein dans l'exercice de son travail.

Être beaucoup trop exigeant envers soi-même : se dire qu'on peut tout gérer, vouloir toujours se montrer sous son meilleur jour, ne jamais montrer le moindre signe de faiblesse n'est pas naturel. L'erreur est humaine, il faut savoir connaître ses limites et s'octroyer une marge d'erreur.

Devoir gérer d'autres responsabilités en dehors du travail : gérer le quotidien de la famille, la maison, s'occuper des enfants, de parents ou d'un proche dans le besoin, être investi dans une association peut devenir extrêmement fatigant à la longue quand on a, de surcroît, un travail prenant.

Être perfectionniste dans tous les aspects de son travail, sans tenir compte des priorités : il est nécessaire de bien s'organiser pour ne pas se sentir submergé par toutes les petites tâches à accomplir pour remplir un objectif. Agir par priorité et toujours garder en tête que certaines tâches demandent plus d'attention et de perfection que d'autres.

Quand le corps parle...

La réaction de stress est une fonction vitale d'adaptation, moteur de l'efficacité.

Le stress prépare le corps et l'esprit en ouvrant l'accès à l'ensemble des ressources d'un individu.

Pourtant, il existe un point de rupture à partir duquel l'augmentation du stress cesse d'être bénéfique. Ce qui distingue le burn-out des périodes de fatigue au travail, c'est que les symptômes y sont aigus et chroniques (récurrents, persistants, envahissants).

D'autre part, ils ne doivent pas forcément être tous réunis pour qu'on puisse parler d'un burn-out.

 

Les manifestations physiques

Parmi les signes les plus précoces, les spécialistes notent surtout l'apparition de troubles du sommeil (insomnies de milieu ou de fin de nuit, difficultés d'endormissement...). À quoi il faut ajouter des problèmes dermatologiques (allergies, psoriasis, démangeaisons), des douleurs diffuses ressemblant au syndrome de fatigue chronique ou plus localisées (lombalgies, cervicalgies, tendinites au coude ou à l'épaule), ou encore des céphalées, migraines, malaises ou vertiges.

 

Les manifestations émotionnelles

Tristesse envahissante, crise d'angoisse, anxiété chronique, irritabilité, accès de colère ou idées noires sont des signes qui ne trompent pas.

Si les manifestations affectives qui précèdent le burn-out ne sont pas spécifiques, leur répétition et, surtout, leur accumulation « signent » une situation à risque.

 

Les manifestations cognitives

Le surinvestissement dans le travail n'est pas sans conséquence sur le fonctionnement même de notre cerveau.

Les personnes qui souffrent d'épuisement professionnel peuvent également voir leurs facultés cognitives décliner. Sollicité de manière excessive, le cerveau ne digère plus les informations de la même manière. Il se met en surchauffe. Problèmes de concentration et trous de mémoire sont alors souvent au rendez-vous.

 

Les manifestations comportementales

À mesure que la pression monte, les conséquences sur la vie quotidienne se font de plus en plus violemment sentir. Cela peut se traduire dans un premier temps par une espèce d'abandon interne (négligence vestimentaire...) et externe (négligence des activités de loisirs, des sorties familiales...). Cette attitude de retrait général débouche souvent sur un isolement social et un cynisme affiché.

Résultat : des conflits conjugaux ou familiaux répétés, des conduites dangereuses et une consommation accrue de substances nocives (alcool, médicaments...).

Malgré tous ces signes qui devraient l'alarmer, la personne s'enferme dans l'isolement et le déni. À ce stade, seuls ses proches sont généralement en mesure de donner l'alerte.

 

Comment prévenir le burn-out?

Pour comprendre le processus du burn-out, le plus simple est de le voir comme la conséquence d'un déséquilibre sur une longue durée entre la dépense d'énergie (dans le travail) et la récupération (en dehors du travail et dans le travail avec les tâches ressourçantes et motivantes).

La prévention du burn-out pourra alors se faire en diminuant les facteurs d'usure.

Qu'est-ce qui fait sens dans mon travail?? Qu'est-ce qui me motive, m'apporte de la satisfaction??... Autant de questions à se poser pour tenter de trouver un juste équilibre entre des tâches ressourçantes et d'autres, plus usantes.

Certaines situations, certaines conditions de travail sont impossibles à faire évoluer. Au lieu de perdre son énergie à tenter de casser un mur, on doit les accepter, car on ne peut précisément rien y faire.

 

10 POINTS CLÉS À VÉRIFIER

  1. Le matin, quand vous vous levez, vous sentez-vous encore fatigué ?
  2. Avez-vous des difficultés à vous concentrer dans la journée ou mettez-vous plus de temps pour faire les mêmes tâches ?
  3. Vous sentez-vous de plus en plus irritable ou agacé ?
  4. Les situations du quotidien vous semblent-elles de plus en plus insurmontables ?
  5. Vous sentez-vous frustré par votre travail ?
  6. Vous sentez-vous en situation d'échec ou vous considérez-vous comme une personne sans grande valeur ?
  7. Avez-vous du mal à prendre soin de vous (plus envie de vous raser, de vous habiller...) ?
  8. Avez-vous du mal à être attentif à vos proches et à vos collègues ?
  9. Avez-vous du mal à sourire ou à rire ?
  10. Avez-vous envie de partir très loin, de ne plus voir personne et de ne plus avoir de pression ou de responsabilités ?

Demander de l'aide

Fatigue, insomnie, irritabilité, troubles de la concentration, maux de tête et d'estomac, angoisse... lorsque ces symptômes de grande fatigue ne passent pas avec les vacances et sont présents dès la reprise du travail, il est temps d'agir.

Il est important de demander de l'aide. Une visite chez votre médecin traitant est incontournable, pour dresser rapidement un état des lieux.

Contrairement à ce que l'on croit, l'arrêt de travail n'est pas un passage obligé. Si vous êtes en surchauffe, revoir vos priorités ou votre organisation suffit parfois. L'essentiel est d'installer une distance avec son travail, physiquement comme psychologiquement.

Il est capital de prendre du temps pour soi afin de se ressourcer et de réguler son anxiété.

La méditation en pleine conscience, la sophrologie ou le yoga sont des techniques efficaces pour gérer son stress.

Cela permet notamment d'apprivoiser ses limites ainsi que d'être à l'écoute de son corps et de ses besoins.

Lorsqu'il est jugé nécessaire, l'arrêt de travail pourra être accompagné d'un traitement médicamenteux (antidépresseurs, anxiolytiques...).

En parallèle, un suivi psychologique est souvent requis, surtout si le burn-out est lié à un surinvestissement professionnel.

Des changements doivent être apportés dans la manière de travailler pour pouvoir se protéger de l'usure.

Psychothérapie et groupe de parole peuvent être complémentaires.

La première permet d'identifier les nœuds émotionnels à l'origine de la souffrance et d'apprendre à gérer la pression autrement. Le second est utile pour prendre du recul et déculpabiliser.

Partager son expérience et dédramatiser la situation est donc primordial.

Les moyens

  • Apprendre à décharger les tensions et le stress ;
  • diminuer les exigences personnelles ;
  • poser des limites ;
  • cadrer les ruminations mentales ;
  • savoir demander de l'aide, avoir un bon réseau de soutien ;
  • protéger sa vie privée des soucis professionnels ;
  • éviter les situations d'isolement professionnel.

On refuse de voir que l'on craque et encore plus de l'avouer aux autres. Pourtant, loin d'être un aveu de faiblesse, le fait d'évoquer ce qui vous arrive prouve que vous connaissez vos propres limites.

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