Embaucher un salarié résidant à l'étranger - procédure, autorisation et formalités

Lorsque des tensions se font sentir dans le recrutement, l’employeur peut être amené à embaucher un salarié étranger. Si les ressortissants de l’Union européenne n’ont pas besoin d’autorisation particulière pour travailler, il n’en va pas de même pour ceux de nationalité d’un état tiers à l’Union européenne. Point actualisé 1 sur les règles applicables dans ce cas.
14:0423/09/2025
Rédigé par FFB Nationale

L ’embauche d’un salarié ressortissant d’un état tiers à l’Union européenne (UE) suppose qu’il détienne un titre l’autorisant à travailler. Il s’agit :

 

  • soit d’un titre de séjour l’autorisant à travailler (titre unique de séjour et de travail, comme la carte de résident valable 10 ans ou la carte de séjour « vie privée et familiale ») 2 ;
  • soit d’un titre de séjour (la carte de séjour « salarié » ou « travailleur temporaire », par exemple) 3 et d’une autorisation de travail que l’employeur aura demandée.

 

Deux situations selon que le salarié réside déjà en France ou non

 

1. Le salarié étranger réside déjà en France.

 

L’employeur doit lui demander son titre de séjour. Si ce titre ne permet pas au salarié de travailler, l’employeur doit demander une autorisation de travail, exclusivement en ligne 4 (pour les modalités, voir le point 2). Cette demande est effectuée avant l’embauche, pour chaque nouveau contrat.

 

Dans tous les cas, « l’employeur vérifie que l’étranger qu’il se propose d’embaucher est en situation régulière au regard du séjour », auprès de la préfecture, au moins deux jours ouvrables avant l’embauche 5.

 

L’employeur devra également s’acquitter d’une taxe auprès de la direction générale des Finances publiques (DGFiP) 6 lors de la première admission au séjour en France, au titre de l’exercice d’une activité professionnelle salariée soumise à autorisation de travail 7.

 

2. Le salarié étranger n’est pas encore sur le territoire français : procédure d’introduction.

 

L’employeur ne peut faire venir un salarié étranger en France que s’il n’a pas réussi à recruter un candidat déjà présent sur le territoire national. À ce titre, il doit :

 

  • avoir publié une offre d’emploi (le plus souvent via France Travail) pendant un délai minimal de trois semaines, restée infructueuse ;
  • puis compléter en ligne 8 la demande d’autorisation de travail (informations relatives au salarié, à l’emploi, au contrat de travail) accompagnée de justificatifs 9 (exemples : justificatif de l’offre d’emploi restée infructueuse, attestation de versement des cotisations et contributions sociales de l’employeur…).

 

L’employeur reçoit de l’Administration une confirmation du dépôt de sa demande.

 

L’autorité administrative a alors deux mois pour prendre sa décision, motivée par un certain nombre d’éléments comme :

 

  • la situation de l’emploi dans la profession ;
  • le respect par l’employeur de la législation du travail. En cas de manquement (travail dissimulé, non-versement des cotisations sociales…), l’autorisation de travail est refusée.

 

Si l’autorisation est accordée, elle est adressée par mail à l’employeur et au salarié. Attention : à défaut de réponse, la demande doit être considérée comme rejetée.

 

Pour certains métiers dits « en tension 10 », caractérisés par des difficultés de recrutement, la procédure de demande d’autorisation de travail est simplifiée ; l’employeur n’a pas à déposer d’offre d’emploi avant de demander l’autorisation de travail.

 

Dans tous les cas, la taxe doit être versée à la DGFiP.

 

Les demandeurs d’asile : un cas particulier

 

Comme tout étranger non ressortissant de l’UE, le demandeur d’asile doit être titulaire d’un titre l’autorisant à travailler. C’est le cas s’il dispose d’une carte de résident de 10 ans parce qu'il a obtenu le statut de réfugié auprès de OFPRA. C’est aussi le cas si la demande de statut de réfugié auprès de l’OFPRA 11 est toujours en cours d’examen au bout de six mois et que l’employeur obtient une autorisation de travail. Cette demande s’effectue selon les règles de droit commun, à l’exception du défaut de réponse de l’Administration, qui vaut acceptation de la demande 12. Avant l’embauche, l’employeur doit vérifier auprès de la préfecture que l’étranger dispose bien d’une attestation de demandeur d’asile.

 

Ainsi, il se déduit des règles précitées que le demandeur d’asile ne peut pas travailler pendant les six premiers mois d’instruction de sa demande ou si le statut de réfugié lui est refusé.

 

Accédez au tableau récapitulatif des documents de séjour autorisant ou non d’exercer une activité salariée.

Montant de la taxe à acquitter par l’employeur lors de la première demande d’autorisation de travail en France pour le salarié


Salaire ≤ SMIC 15 Salaire > SMIC
et ≤ 1,5 fois
le SMIC
Salaire
> 1,5 fois
le SMIC
Durée du contrat
de travail
> 3 mois
et < 12 mois
74 € 210 € 300 €
Durée du contrat
de travail
≥ 12 mois
55 % du salaire mensuel brut, dans la limite de 2,5 fois le SMIC

Renouvellement de l’autorisation de travail

 

Le renouvellement de l’autorisation de travail doit être demandé dans le courant du deuxième mois précédant son expiration.

 

Il peut être refusé si le salarié étranger ne tient pas compte des termes de l’autorisation de travail ou si l’employeur ne respecte pas les conditions fixées pour l’octroi de l’autorisation (par exemple, s'il n’a pas respecté la législation du travail).

 

Des sanctions prévues

 

L’embauche d’un salarié étranger sans titre de travail (ou le fait de le conserver à son service) est très lourdement sanctionnée. Les peines, qui ont été durcies avec la loi Immigration, peuvent aller jusqu’à :

  • cinq ans de prison ;
  • 30 000 € d’amende 13 ;
  • l’interdiction d’exercer l’activité professionnelle concernée par l’infraction pendant cinq ans ;
  • l’exclusion des marchés publics pendant cinq ans ;
  • une sanction administrative de 21 100 € 14.

 

Sont assimilés aux États membres de l’Union européenne : l’Islande, le Liechtenstein et la Norvège, en tant qu’États parties à l’accord sur l’Espace économique européen, et la Confédération suisse.

 

Pays de l'Union Européenne (UE)

 

Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Chypre, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Tchéquie

  1. Le précédent article est paru dans Bâtiment actualité no 14 du 8 septembre 2021.
  2. Pour l’ensemble des titres autorisant à travailler, voir l’article R. 5221-2 du Code du travail.
  3. Pour tous les titres de séjour nécessitant une demande d’autorisation de travail préalable, voir l’article R. 5221-3 du Code du travail.
  4. https://administration-etrangersen-france.interieur.gouv.fr/immiprousager/#/authentification.
  5. Article R. 5221-41 du Code du travail.
  6. Cette taxe était auparavant versée à l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).
  7. Article L. 436-10 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA).
  8. https://administration-etrangersen-france.interieur.gouv.fr/immiprousager/#/authentification.
  9. Arrêté du 1er avril 2021 NOR : MTRD2110626A, modifié par arrêté du 3 janvier 2025 NOR : INTV2429924A.
  10. Arrêté du 21 mai 2025 NOR : TSSD2508346A, fixant la liste de ces métiers par région.
  11. Office français de protection des réfugiés et apatrides.
  12. Article L. 554-3 du CESEDA.
  13. La loi Immigration no 2024-42 du 26 janvier 2024 a doublé le montant de cette amende, qui était auparavant de 15 000 €.
  14. Cette amende remplace la contribution spéciale et la contribution forfaitaire (représentative des frais de réacheminement) précédemment dues à l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).
  15. Un salarié étranger peut être rémunéré au-dessous du SMIC lorsqu’il travaille à temps partiel.
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