Jours fériés et jour de solidarité - Comment les indemniser ?

Le mode d’indemnisation des jours fériés diffère selon qu’ils sont chômés ou travaillés. Le repos des jours fériés n’est légalement obligatoire que pour les jeunes travailleurs et apprentis de moins de 18 ans. Pour les autres salariés, le repos des jours fériés n’est pas obligatoire, même s’il est, en règle générale, accordé dans les secteurs du commerce et de l’industrie. Seul le 1er mai doit être chômé, selon le Code du travail 1. Par ailleurs, la récupération des jours fériés chômés est interdite par la loi et par les conventions collectives nationales du bâtiment 2.
9:5527/03/2024
Rédigé par FFB Nationale

Indemnisation des jours fériés chômés

 

Conditions

 

La seule condition légale ouvrant droit à l’indemnisation des jours fériés non travaillés est liée à l’ancienneté : il faut que le salarié justifie de trois mois de présence dans l’entreprise3. Cette condition est à articuler avec les dispositions conventionnelles des ouvriers. En effet, selon l’ancienneté du salarié, ces dernières peuvent lui être plus favorables.

 

En revanche, les ETAM et les cadres peuvent prétendre sans condition à l’indemnisation des jours fériés chômés dans l’entreprise4.

 

En conséquence, lorsqu’un jour férié n’est pas travaillé dans l’entreprise5, les règles suivantes s’appliquent :

  • pour les ETAM et les cadres, le jour férié chômé est indemnisé sans condition. Le montant mensuel des appointements ne doit pas être modifié du fait du chômage d’un jour férié ;
  • pour les ouvriers, les conditions ouvrant droit à l’indemnisation au titre du jour férié non travaillé seront fonction de l’ancienneté du salarié.

 

Si l’ouvrier a moins de trois mois d’ancienneté dans l’entreprise, l’indemnisation du jour férié sera soumise aux conditions conventionnelles suivantes6:

  • avoir travaillé à la fois le dernier jour de travail précédant le jour férié et le premier jour de travail qui lui fait suite, sauf dérogations admises (absence pour maladie professionnelle ou non professionnelle, accident du travail, absence autorisée par l’employeur) ;
  • avoir accompli au moins 200 heures7 de travail dans les deux mois précédant le jour férié dans une ou plusieurs entreprises du bâtiment.

 

Si l’une de ces conditions n’est pas remplie, les heures non effectuées lors du jour férié (sauf le 1er mai) seront déduites du salaire mensuel de l’ouvrier. Si l’ouvrier a plus de trois mois d’ancienneté dans l’entreprise, il pourra prétendre à l’indemnisation du jour férié sans autre condition.

 

Modalités

 

Lorsque le salarié remplit les conditions d’indemnisation des jours fériés, l’employeur doit maintenir sa rémunération dans son intégralité. Cela signifie que, dans l’hypothèse où l’horaire collectif comprendrait des heures supplémentaires (ex. : 38 ou 39 heures par semaine), le salaire mensuel intégrant le paiement des heures supplémentaires mensualisées est maintenu en totalité.

 

En effet, lorsque l’absence est due au chômage d’un jour férié, les heures d’absence sont assimilées à du travail effectif, pour le calcul des majorations pour heures supplémentaires8.

 

En revanche, les heures supplémentaires non travaillées du fait du chômage du jour férié (bien qu’elles soient indemnisées) ne s’imputent pas sur le contingent annuel d’heures supplémentaires.

 

Jours fériés coïncidant avec un jour de repos hebdomadaire

 

Comme les jours fériés qui tombent un dimanche, les jours fériés qui correspondent à l’autre jour habituellement non travaillé dans l’entreprise (samedi ou lundi, par exemple), étant déjà chômés au titre du repos hebdomadaire, n’ont aucune incidence sur la rémunération des salariés.

 

Selon l’horaire de l’entreprise, ce pourrait être le cas du :

  • lundi 1er janvier (jour de l’An) ;
  • lundi 1er avril (lundi de Pâques) ;
  • lundi 20 mai (lundi de Pentecôte) ;
  • lundi 11 novembre (Armistice 1918).

JOURS FÉRIÉS


• Lundi 1er janvier : jour de l’An
• Lundi 1er avril : lundi de Pâques
• Mercredi 1er mai : fête du Travail
• Mercredi 8 mai : Victoire de 1945
• Jeudi 9 mai: Ascension
• Lundi 20 mai : lundi de Pentecôte
• Dimanche 14 juillet : fête nationale
• Jeudi 15 août : Assomption
• Vendredi 1er novembre : Toussaint
• Lundi 11 novembre : Armistice 1918
• Mercredi 25 décembre : Noël

Comment payer les jours fériés tombant un jour ouvré ?

 

Jours fériés chômés

 

Ouvriers

Si l’ouvrier a moins de trois mois d’ancienneté

Paiement lorsque l’ouvrier a :

  • travaillé à la fois le dernier jour de travail précédant le jour férié et le premier jour de travail qui lui fait suite, sauf dérogations admises (absence pour maladie professionnelle ou non professionnelle, accident du travail, absence autorisée par l’employeur) ;
  • accompli au moins 200 heures de travail dans les deux mois précédant le jour férié dans une ou plusieurs entreprises du bâtiment.

Si l’ouvrier a plus de trois mois d’ancienneté

Salaire maintenu sans autre condition.

ETAM et cadres

Salaire maintenu sans condition.

 

Jours fériés travaillés

 

Double rémunération pour les jours fériés

Au titre du travail effectué pendant le jour férié (paiement déjà compris dans le salaire mensuel) ;

Au titre du jour férié :

  • Pour les ETAM et les cadres : paiement systématique ;
  • Pour les ouvriers : paiement s'ils pouvaient prétendre au maintien de leur rémunération en cas de chômage du jour férié en question.

 

Comment payer le mercredi 1er mai 2024  ?

 

Jours fériés chômés

 

Ouvriers, ETAM et cadres - Salaire maintenu sans condition

 

Jours fériés travaillés

Ouvriers, ETAM et cadres - Double rémunération sans condition

Comment rémunère-t-on le jour férié se situant dans une période indemnisée au titre…

 

… des congés payés ?

 

Les congés payés se décomptent en jours ouvrables (du lundi au samedi). Or, un jour férié chômé n’est pas considéré comme un jour ouvrable pour le décompte des congés payés.

 

Par conséquent, ce jour férié chômé inclus dans une période de congé n’est pas indemnisé par la caisse de congés payés. Il appartient donc à l’entreprise de rémunérer cette journée, sous réserve, pour les ouvriers, de remplir la ou les conditions requises.

 

… du chômage intempéries ?

 

Dans ce cas, le jour férié doit être indemnisé par l’employeur sur la base de l’horaire collectif de l’entreprise, et non comme une journée de chômage intempéries, sous réserve, pour les ouvriers, de remplir la ou les conditions requises.

 

… d’un arrêt de travail pour maladie ou accident ?

 

En cas de maladie ou d’accident, l’entreprise ou le régime de prévoyance doit, sous certaines conditions, compléter les indemnités versées par la Sécurité sociale pour chaque jour, ouvrable ou non, d’arrêt de travail. Ainsi, un jour férié chômé qui se situe pendant une période d’arrêt de travail pour maladie ou accident est indemnisé au titre de la maladie ou de l’accident, et non comme un jour férié.

 

Rémunération des jours fériés travaillés

 

Lorsque l’on prévoit de faire travailler un jour férié qu’il est d’usage dans l’entreprise de chômer, il est conseillé d’en prévenir les salariés, en respectant un délai suffisant, par une information individuelle et écrite, notamment sur les conditions de rémunération.

 

Il est également nécessaire de consulter les représentants du personnel, s’il en existe dans l’entreprise.

 

Si un jour férié est travaillé dans l’entreprise, il sera rémunéré deux fois9:

  • une fois au titre du travail effectué pendant cette journée, par le paiement normal du salaire correspondant aux heures de travail effectuées pendant le jour férié (en réalité, ce paiement est déjà compris dans le salaire mensuel du salarié) ;
  • une fois au titre du jour férié (sous réserve, pour les ouvriers, de remplir les conditions d’indemnisation précitées).

 

Qu’en est-il de la journée de solidarité ?

 

Le lundi de Pentecôte (20 mai) n’est plus le jour de solidarité de référence à retenir, en l’absence d’accord d’entreprise ou d’établissement. Depuis 2008, il est redevenu un jour férié généralement non travaillé, au même titre que les autres jours fériés.

 

Désormais, les entreprises ont le choix des modalités d’exécution de la journée de solidarité :

 

  • soit dans le cadre d’un accord d’entreprise ou d’établissement ;
  • soit par décision unilatérale de l’employeur, après consultation du comité social et économique.

 

En pratique, les entreprises peuvent donc choisir de chômer le lundi de Pentecôte, qui sera indemnisé en tant que jour férié chômé, et :

 

  • soit demander aux salariés de renoncer à un jour de RTT, à un autre jour de repos ou à un autre jour férié ;
  • soit faire travailler les salariés sept heures à un autre moment (un jour plein, des vendredis après-midi habituellement non travaillés, ou sept heures réparties en prolongeant l’horaire quotidien de travail, par exemple).

 

 

  1. Article L. 3133-4 du Code du travail (CT).
  2. Article L. 3133-2 CT ; CCN ouvriers, article V-114 ; CCN ETAM, article 5.3, et CCN cadres, article 4.3.
  3. Article L. 3133-3 CT. Les conditions légales tenant à l’indemnisation des jours fériés non travaillés dans l’entreprise ont été assouplies par la loi du 22 mars 2012 relative à la simplification du droit et à l’allègement des procédures, dite loi Warsmann.
  4. Arrêté du 31 mai 1946.
  5. Ne sont visés ici que les jours fériés qui coïncident avec un jour habituellement travaillé dans l’entreprise (c’est-à-dire hors jours de repos hebdomadaire) et que l’employeur décide de faire chômer.
  6. CCN ouvriers, article V-11.
  7. Outre les heures de travail effectif, il convient de prendre en compte dans ces 200 heures les périodes de suspension du contrat de travail au titre de la maladie professionnelle ou de l’accident du travail, du chômage intempéries, des congés payés et des périodes de stage dans un centre de formation professionnelle du bâtiment.
  8. CCN ouvriers, article IV-22, alinéa 3.
  9. CCN ouvriers, article V-111, renvoyant à l’article L. 3133-6 CT prévoyant le versement d’une indemnité égale au montant du salaire, et CCN ETAM, article 3.2.3 prévoyant l’application d’une majoration de salaire de 100 %. Ces dispositions ne s’appliquent pas au jour férié travaillé au titre de la journée de solidarité.

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