Que faire en cas de forte chaleur ?

Pics de chaleur, canicules, orages, autant de phénomènes météo dangereux. Une bonne organisation et des précautions sont nécessaires pour bien se protéger des risques encourus. Depuis le 1er juillet 2025, les dispositions règlementaires renforcent les obligations des employeurs en cas d’épisode de chaleur intense, comme celles de consigner les mesures prévues dans le plan d’action du document unique d’évaluation des risques (DUER). Les entreprises sont donc invitées à anticiper le risque de fortes chaleurs. De nombreux contrôles de l’inspection du travail sont attendus pendant la période estivale.

9:3604/07/2025
Rédigé par FFB Nationale

Que risque-t-on quand il fait très chaud ?

 

Une déshydratation ou l’aggravation d’une maladie chronique

 

Certains symptômes signes de l’épuisement doivent alerter tels que courbatures, crampes musculaires, fatigue, maux de tête, nausées, soif et sudation intense, palpitations, vertiges, étourdissements, etc.

 

Un coup de chaleur

 

Il peut survenir lorsque le corps n’arrive plus à contrôler sa température, qui augmente alors rapidement. Il se repère par une peau chaude, qui peut être rouge et sèche, des maux de tête, des nausées, une somnolence et une soif intense, une confusion, des convulsions, une respiration rapide, de la fièvre. Une personne victime d’un coup de chaleur est en danger de mort ! En cas de symptômes, l’arrêt du travail doit être immédiat : retirer les vêtements et les EPI ; s’installer dans un endroit frais ; prévenir les secours en composant le 15, le 18 ou le 112.

 

Le personnel à risque

 

Une attention particulière est à porter aux personnes vulnérables à la chaleur (à voir avec le médecin du travail) et aux mineurs en formation professionnelle qui ne peuvent être affectés qu’à des travaux non susceptibles de porter atteinte à leur santé avec interdiction de les exposer à des températures extrêmes (vigilance météorologique rouge voire orange).

 

Le nouveau texte réglementaire 1 prévoit que lorsque l’employeur est informé de la vulnérabilité à la forte chaleur d’un salarié (en raison notamment de son âge ou de son état de santé), il adapte, en liaison avec le service de prévention et de santé au travail -SPST-, les mesures de prévention prévues.

 

Plus globalement, les mesures s’imposent pour tout le personnel concerné d’autant que la chaleur peut entraîner une baisse de la vigilance due à un sommeil perturbé.

 

  1. Décret n° 2025-482 et arrêté du 27 mai 2025

Se préparer pour adopter les bonnes mesures

 

Intégrer le risque dans le DUER et son plan d’action

 

L’évaluation des risques doit porter sur l’exposition des travailleurs à des épisodes de chaleur intense, tant en intérieur qu’en extérieur. Les entreprises sont invitées à enrichir leur DUER (programme annuel de prévention des risques professionnels et d’amélioration des conditions de travail dans les entreprises de 50 salariés et plus). En effet, lorsqu’un risque d’atteinte à la santé ou à la sécurité des travailleurs lié à un épisode de chaleur intense est identifié, il appartient à l’employeur de définir des mesures ou des actions de prévention dans le plan d’action du DUER.

 

Pour intégrer le risque de chaleur intense dans le DUER, il convient de prendre des mesures organisationnelles, techniques et humaines. Celles-ci peuvent notamment prendre la forme :

 

  • d’une mise en œuvre de procédés de travail ne nécessitant pas d’exposition à la chaleur ou nécessitant une exposition moindre ;
  • d’une modification de l’aménagement et de l’agencement des lieux et postes de travail ;
  • d’une adaptation de l’organisation du travail, et notamment des horaires de travail, afin de limiter durée et l’intensité de l’exposition et de prévoir des périodes de repos ;
  • d’un emploi de moyens techniques pour réduire le rayonnement solaire sur les surfaces exposées, par exemple par l’amortissement ou par l’isolation, ou pour prévenir l’accumulation de chaleur dans les locaux ou au poste de travail ;
  • d’une augmentation, autant qu’il est nécessaire, de l’eau potable fraîche mise à la disposition des travailleurs ;
  • de choix d’équipements de travail appropriés permettant, compte tenu du travail à accomplir, de maintenir une température corporelle stable ;
  • de la fourniture d’équipements de protection individuelle permettant de limiter ou de compenser les effets des fortes températures ou de se protéger des effets des rayonnements solaires directs ou diffusés ;
  • d’une information et d’une formation adéquates des travailleurs, d’une part, sur la conduite à tenir en cas de forte chaleur et, d’autre part, sur l’utilisation correcte des équipements de travail et des équipements de protection individuelle, de manière à réduire leur exposition à la chaleur à un niveau aussi bas qu’il est techniquement possible.

 

Au moment où la forte chaleur survient, l’employeur doit mettre en œuvre les mesures définies et les adapter si nécessaire.

 

Aménager les locaux de travail et les postes de travail extérieurs

 

Les locaux de travail doivent être chauffés en hiver mais également maintenus à une température adaptée en été, compte tenu de l’activité des salariés et de l’environnement dans lequel ils évoluent.

 

Anticiper les fortes chaleurs avec le maître d’ouvrage

 

Se concerter avec la maîtrise d’ouvrage pour identifier les dispositifs de protection à la chaleur mobilisables sur le chantier, l’aménagement possible des horaires de travail, l’approvisionnement en eau courante et la définition des lieux où une pause peut se faire à l’abri des fortes chaleurs est indispensable pour les chantiers réalisés l’été.

 

Le décret du 27 mai 2025 invite d’ailleurs le maître d’ouvrage à anticiper le risque puisque dorénavant les documents de prévention de chantier – plan de prévention, plan général de coordination (PGC) et plan particulier de sécurité et de protection de la santé (PPSPS) – doivent, tenir compte, le cas échéant, des risques liés à l’exposition aux épisodes de chaleur intense.

 

La FFB milite auprès des pouvoirs publics pour que des arrêtés dérogatoires soient pris permettant aux entreprises d’aménager leur activité et de décaler les horaires de travail.

 

Qu'est ce qu'une forte chaleur ?

 

Si l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS), note qu’« au-delà de 30 °C pour une activité sédentaire et 28° pour un travail nécessitant une activité physique, la chaleur peut constituer un risque pour les salariés », le Code du travail ne donne pas de seuil précis de température mais indique que l’épisode de chaleur intense se définit par référence au dispositif développé par Météo-France pour signaler le niveau de danger de la chaleur. Est considéré comme un épisode de chaleur intense l’atteinte du seuil de vigilance de niveau jaune, orange et rouge.

 

Pour mémoire, 4 niveaux de vigilance Météo-France existent :

  • La vigilance verte correspond à la veille saisonnière sans vigilance particulière ;
  • La vigilance jaune correspond à un pic de chaleur : exposition de courte durée entre (1 ou 2 jours) à une chaleur intense présentant un risque pour la santé humaine pour les populations fragiles ou surexposées notamment du fait de leurs conditions de travail ou de leur activité physique. Cela peut aussi correspondre à un épisode persistant de chaleur : température élevée durablement [indice bio-météorologique IBM) proche ou en dessous des seuils départementaux] ;
  • La vigilance orange correspond à une période de canicule : période de chaleur intense et durable pour laquelle les indices bio-météorologique atteignent ou dépassent les seuils départementaux, et qui est susceptible de constituer un risque sanitaire pour l'ensemble de la population exposée en prenant également en compte d'éventuelles facteurs aggravants (humidité, pollution, précocité de la chaleur, etc.) ;
  • La vigilance rouge correspond à une période de canicule extrême : canicule exceptionnelle par sa durée, son intensité, son extension géographique qui présente un fort impact sanitaire pour l'ensemble de la population ou qui pourraient entraîner l'apparition des faits collatéraux, notamment en termes de continuité d'activité.

 

Le seuil de déclenchement de l’alerte canicule varie d’un département à l’autre.

Quand il fait chaud

 

Surveiller la météo

 

Pour évaluer la situation et s’informer des conditions météorologiques et des bulletins d’alerte, le site www.meteofrance.com fournit les prévisions de sécheresse, de fortes chaleurs, canicule, d’indice de rayonnement solaire. La carte de vigilance Météo France recense les phénomènes de canicule, de vent violent, d’orage. Lorsqu’une zone est orange (phénomène dangereux) ou rouge (très dangereux), vous accédez au bulletin de suivi, qui précise la situation locale ainsi que son évolution prévisible, en cliquant sur votre département.

 

À noter : les orages présentent des risques pour les personnes et le matériel. Vérifiez la présence d’un paratonnerre sur les grues ou les bâtiments sur lesquels sont installés des échafaudages. En cas d’orage ou de menace orageuse, la meilleure solution reste l’évacuation des salariés.

 

Recherchez la meilleure organisation

 

Pour éviter les risques, il est nécessaire de mettre en place la meilleure organisation (cf. encadré plus bas).

 

Prévoir de l’eau fraîche toute la journée

 

Mettez à la disposition de votre personnel de l’eau potable et fraîche en quantité suffisante, l’objectif étant de leur permettre de se désaltérer, de s’hydrater, de se rafraîchir et d’assurer leur propreté individuelle. Un moyen doit être mis à disposition pour maintenir au frais, tout au long de la journée de travail, l’eau destinée à la boisson, à proximité des postes de travail, notamment pour les postes de travail extérieurs.

 

Sur les chantiers, lorsqu’il est impossible de mettre en place l’eau courante, la quantité d’eau mise à la disposition des travailleurs afin qu’ils se désaltèrent ou se rafraîchissent est d’au moins 3 litres par jour par travailleur.

 

Il faut boire régulièrement, même si l’on ne ressent pas la soif, et ne pas consommer d’alcool.

 

S’il y a une demande de boissons aromatisées, le choix des aromatisants doit tenir compte des souhaits des salariés, mais aussi de l’avis du médecin du travail.

 

Si depuis 2021, il est interdit de distribuer des bouteilles d’eau en plastique dans les ateliers et les bureaux, les chantiers ne sont pas concernés par l’interdiction et les bouteilles d’eau peuvent y être distribuées.

 

Rappel : S’entendre avec le maitre d’ouvrage sur la mise à disposition du réseau d’eau préalablement au démarrage du chantier reste la mesure de base pour se rafraîchir toute la journée.

 

Aménagez les postes de travail extérieurs

 

Aménagez les postes extérieurs de telle façon que les salariés soient protégés contre les conditions atmosphériques (accueil dans un local adapté dans les lieux fixes ou aménagements de chantier garantissant des conditions équivalentes). Au moment des fortes chaleurs, les pauses dans un espace rafraîchi ou climatisé sont à organiser. Si la pause a lieu dans le bungalow de chantier, celui-ci doit être bien isolé.

 

Les subventions prévention TOP BTP aident les entreprises à acquérir le matériel adapté.

 

Veillez au port effectif des vêtements de travail et équipements de protection

 

En période estivale, les vêtements non adaptés font leur apparition et les équipements de protection (masque, lunettes, casque…) restent trop souvent dans les camionnettes ou dans les vestiaires… Les équipements de protection individuelle (EPI) mis à disposition et utilisés (durée de port, notamment) doivent, en plus de leurs performances techniques, prendre en compte les conditions atmosphériques.

 

N’oubliez pas qu’il est de la responsabilité de l’employeur de fournir les vêtements et les équipements de protection appropriés aux travaux à réaliser et de veiller à leur emploi effectif sur le chantier.

 

Retrouvez sur la vidéo du webinaire issue de la Semaine de la prévention sur « Chantiers : l’innovation pour tous au service de la prévention » qui propose des solutions innovantes pour détecter le coup de chaud, les malaises et des EPI innovants contre les fortes chaleurs.

 

Protégez vos équipes des rayonnements solaires

 

Pour ce qui est des crèmes solaires ou des vêtements spécifiques à la canicule demandés par les salariés, consultez votre médecin du travail pour adapter votre réponse. À savoir : les crèmes solaires ne sont jamais efficaces à 100 %. Les vêtements couvrants, clairs et légers protègent des UV. Il est indispensable de protéger les yeux de la réverbération sur une chape de ciment ou sur un sol réfléchissant.

 

Lorsque la canicule rend le travail dangereux ou impossible

 

L’arrêt de travail peut être indemnisé

 

Dès lors que l'accomplissement du travail est rendu dangereux ou impossible pour la santé ou la sécurité des salariés, l'arrêt de travail pour cause de canicule peut être indemnisé par le régime intempéries.

 

Les conditions d'indemnisation (en plus des conditions habituelles) sont les suivantes :

  • l'arrêt de travail doit avoir lieu pendant la période de veille saisonnière (du 1er juin au 15 septembre),
  • et le département où se situe le chantier doit avoir fait l'objet d'une alerte pour forte chaleur soit par Météo France (en cas de vigilance orange ou rouge), soit par arrêté préfectoral.

 

Les modalités de remboursements de ces arrêts sont un peu différentes des règles habituelles (pour plus d'informations, consultez le site internet de CIBTP)

 

Nouveau pouvoir de l’inspection du travail

 

L’inspection du travail a désormais le pouvoir de mettre en demeure l’employeur en cas de défaut d’évaluation des risques liés aux fortes chaleurs ou d’absence de mesures ou actions de prévention. Le délai pour l’établissement et la mise à jour du DUER ou du plan d’action par l’employeur est fixé à huit jours. Faute de quoi l’inspecteur du travail dresse un PV.

 

Les organismes santé prévention à disposition

 

L’OPPBTP

 

Afin d’aider les entreprises, l’organisme met à disposition :

 

La Carsat

 

Elle aide à l’investissement dans des installations de chantiers adaptées :

  • pour les entreprises de moins de 50 salariés, la subvention TOP BTP (aide financière pour l’achat de bungalows de chantier mobiles et autonomes, isolés et chauffés, destinés à héberger le personnel et comportant lave-mains et W.-C) ;
  • pour les entreprises de moins de 200 salariés, le contrat de prévention.

 

Votre Service de Prévention et de Santé au Travail

Il est disponible sur les mesures de prévention collective et individuelle pour faire face au risque de fortes chaleurs.

 

Recherchez la meilleure organisation

 

  • Intégrez dans le document unique le risque de forte chaleur et décrivez précisément dans le plan d’action les mesures prises
  • Concertez-vous avec la maîtrise d’ouvrage.
  • Aménagez les horaires pour éviter les heures les plus chaudes et réalisez les tâches lourdes tôt le matin, dans la mesure du possible.
  • Limitez le temps d’exposition des salariés au soleil, par une rotation des tâches lorsque les postes de travail le permettent. Prendre en compte la période d’acclimatation à la chaleur.
  • Organisez la distribution régulière d’eau fraîche.
  • Évitez le travail isolé et privilégiez le travail d’équipe pour faciliter une surveillance mutuelle et repérer les signes avant-coureurs de coup de chaleur.
  • Prévoyez, dès que possible, des aides à la manutention pour limiter le travail physique.
  • S’assurer que le port des EPI et le travail à l’intérieur des engins sont compatibles avec les fortes chaleurs
  • Mobilisez l’encadrement de chantier pour informer les salariés sur les risques liés à la chaleur et les mesures prises par l’entreprise pour les prévenir. L’information des salariés est essentielle afin que chacun puisse détecter les premiers symptômes d’alerte et appliquer les consignes d’urgence en cas de coup de chaleur.
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