Bâtisseurs de futurs : une feuille de route stratégique pour croire en l’avenir

D’ici à l’horizon 2035, les entreprises vont devoir anticiper les mutations à venir et développer des stratégies pour faire face aux risques touchant à la captation de leur valeur ajoutée par des acteurs internes ou externes au secteur. Sur la base de cinq scénarios prospectifs, la FFB leur propose une feuille de route stratégique intitulée « 2035, CROIRE en l’avenir ». Sept axes interconnectés sont présentés pour croire en soi, en ses équipes et en l’avenir du secteur. Ils peuvent s’adapter à tout type d’entreprise et de métier, et tous répondent aux enjeux de la transition écologique et numérique. Croire en l’avenir, c’est aussi se donner les chances de CROÎTRE.
8:3507/09/2022
Rédigé par FFB Nationale
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Batiment Actualité Numéro 14 | Septembre 2022

2035, CROIRE en l’avenir...

 

C comme agir collectif

Le tissu des entreprises du bâtiment est très éclaté et marqué par un fort taux de TPE. C’est un facteur de fragilité face aux enjeux et aux nouveaux acteurs. Par ailleurs, les enjeux d’investissement en technique et en compétences sont très importants et souvent supérieurs aux possibilités des entreprises.

Ensuite, proposer aux clients des offres véritablement globales est le plus souvent inaccessible aux TPE et aux PME.

Enfin, il y a nécessité pour les entreprises de peser pour conserver un rôle d’acteur central dans l’acte de construire et donc conserver de la valeur.

 

Les entreprises devront réfléchir à des groupements, des partages de pratiques, des partages de salariés, des mises en commun de moyens, des offres véritablement globales (marketing et offre commerciale communs), voire des structures de fabrication industrialisées partagées ainsi que des achats groupés.

 

Cette démarche n’est pas exclusive de deux autres points à travailler en parallèle :

  • favoriser la croissance des entreprises pour retrouver un tissu d’ETI ; 
  • passer d’une logique de pure sous-traitance à une logique de partenariat de long terme.

 

Cette nouvelle culture entrepreneuriale fondée sur la mutualisation et la collaboration est indispensable pour organiser l’adaptation des entreprises.

 

R comme optimiser des ressources rares et chères

L’entreprise de bâtiment doit entrer dans l’ère de l’économie de la ressource : ressources humaines, matériaux, savoir-faire, intrants divers (eau, électricité…), véhicules, moyens financiers, etc.

 

Cela sous-entend :

  • d’ajuster les ressources aux besoins réels ;
  • de les « sourcer » : trouver les bonnes, voire les meilleures, ressources dans une logique de rentabilité et de soutenabilité ;
  • d’utiliser, de mettre en œuvre les ressources dans une logique d’optimisation frugale (ne pas gâcher, ne pas abîmer, préserver, faire grandir, fidéliser…) ;
  • d’introduire une logique de circularité (réemploi, transmission des savoirs…).

 

Cela se traduit entre autres par :

  • une attention constante à l’impact carbone ; 
  • une gestion adaptée des relations humaines et des compétences ;
  • une stratégie de type RSE ; 
  • une culture d’entreprise et des outils de gestion interne adaptés ;
  • une optimisation de la gestion du chantier ; 
  • un engagement commercial ; 
  • une mobilisation des justes moyens.

 

Cette stratégie de management et de soutenabilité doit conduire à améliorer la rentabilité et les résultats de l’entreprise tout en favorisant son adaptation à son environnement.

 

O comme ouverture : construire des écosystèmes gagnant-gagnant

L’évolution économique récente a montré l’importance et la puissance de la création de réseaux associant des partenaires aux compétences et/ou aux produits complémentaires.

Cette collaboration apporte de la valeur à chacun et autorise les développements qui en auraient été compliqués, voire impossibles, seul. Elle apporte aussi des solutions et de la valeur aux consommateurs clients.

 

Cet écosystème rassemble des acteurs divers : entreprises, écoles, universités, centres de formation, centres de recherche, start-up, industriels, acteurs publics, voire financeurs. Il partage des données, des outils, des études, des innovations, des pratiques, etc. Il s’appuie sur des règles de gouvernance : charte, licence ouverte, accord de contribution, partenariat.

 

C’est l’occasion pour les entreprises du bâtiment :

  • de renforcer leur valeur et leur compétitivité ;
  • d’accélérer l’appropriation de l’innovation ; 
  • de mutualiser des coûts ;
  • d’opérer leur transformation, notamment numérique ;
  • d’accéder à des solutions pensées pour elles ;
  • de mobiliser des financements autour de l’innovation dans le bâtiment.

 

Un écosystème ouvert et innovant crée donc un environnement favorable à l’innovation.

 

I comme cultiver l’innovation

Pour répondre aux nombreux enjeux, les entreprises doivent innover : numérique et intelligence artificielle, robotisation et industrialisation, transition écologique, organisation et management, commerce, partenariat et adaptation des métiers.

Bien souvent, elles innovent de façon informelle. Elles doivent transformer cette innovation au coup par coup en culture d’entreprise dans un processus d’amélioration continue associant l’ensemble des collaborateurs.

Cela nécessite de structurer une fonction de veille externe et interne afin d’identifier les bonnes innovations, de les formaliser puis de les déployer.

Cela passe aussi par le partage de bonnes pratiques.

Il s’agit finalement d’instaurer une culture de l’anticipation et de l’adaptation (souvent appelée agilité) au sein des entreprises.

 

La capacité à innover en interne est aussi le résultat d’une stratégie managériale impliquant les salariés dans le processus d’innovation, d’amélioration et de qualité.

 

R comme révolution client

La capacité à transformer la relation avec le client en levier de valeur, mais aussi à rester son principal interlocuteur, fait partie des enjeux majeurs à l’horizon 2035. Cela nécessite de mettre le client, ses attentes et ses besoins au cœur du modèle économique de l’entreprise.

 

Trois grands axes peuvent être mobilisés par l’entreprise :

  • professionnaliser la dimension marketing : analyse des besoins ;
  • segmenter, structurer l’offre ;
  • élargir l’offre de services associés à la prestation ; 
  • s’engager dans l’usage en proposant des offres autour de l’économie de la fonctionnalité, vendre du bien-être.

 

Il s’agit de nouer avec le client une relation commerciale qui va au-delà de la prestation technique pour proposer un ensemble de services qui vont créer de la valeur, enrichir la prestation et établir une relation durable.

 

E comme réussir l’excellence opérationnelle

La question de la performance globale de l’entreprise est un autre objectif incontournable. Cela intègre la question de la productivité, mais aussi celle de la qualité globale (prestation, délais, coûts…).

Il s’agit donc pour les entreprises de s’engager dans une démarche d’excellence opérationnelle. Cette notion, très utilisée dans l’industrie (industrie 4.0), vise à maximiser tous les procédés de l’entreprise dans une optique d’amélioration continue.

Bien sûr, cette démarche intègre le lean management, mais pas seulement.

 

On rejoint ici l’idée de l’entreprise apprenante et de knowledge management (transformer les savoirs individuels en savoirs collectifs pour favoriser l’adaptation continue de l’entreprise à son environnement). Mais, là aussi, il reste à inventer une démarche d’excellence opérationnelle spécifique et adaptée au secteur du bâtiment.

 

C’est une approche globale de l’entreprise qui vise à optimiser la satisfaction du client, les procédés, le bien-être et la fidélisation des salariés et les résultats de l’entreprise dans une démarche vertueuse.

 

... et CROÎTRE

 

Parce que croire en l’avenir, c’est aussi se donner toutes les chances de faire croître son entreprise, il faut « penser global, agir local ».

 

T comme déployer les stratégies au cœur des territoires

Les entreprises doivent agir au cœur des territoires, sur des marchés prioritairement locaux. Elles doivent transformer cette caractéristique en force face à de nouveaux acteurs largement mondialisés.

 

Il s’agit pour elles :

  • de répondre aux besoins de proximité ; 
  • de travailler les circuits courts ; 
  • de valoriser leur offre locale face aux plateformes ; 
  • d’agir avec les acteurs locaux pour créer des écosystèmes performants.

 

C’est au niveau des territoires que se gagneront la bataille de l’innovation, la reconquête commerciale et le développement des compétences.
20 PROPOSITIONS POUR PASSER À L’ACTION
  1. Créer des plateformes d’achat, diversifier les fournisseurs d’un même type de produits, se concentrer sur les circuits courts.
  2. Se regrouper entre PME pour proposer des offres pertinentes en matière de conception.
  3. Se regrouper entre entreprises pour mutualiser des moyens humains ou techniques (centre de formation avec plateau technique, main-d'œuvre, partage des fonctions administratives et commerciales…).
  4. Expérimenter et développer de nouvelles modalités de formation en interne (échanges de pratiques, knowledge management, action de formation en situation de travail — AFEST), transmission des savoirs inversée).
  5. Professionnaliser la gestion des ressources humaines des dirigeants et de l’encadrement (management, fidélisation, montée en compétences, conditions de travail, mobilisation, gestion prévisionnelle des emplois et des compétences — GPEC…).
  6. Créer des marques employeur pour communiquer auprès de nouveaux publics.
  7. Faire de la veille sur les besoins en compétences.
  8. Partager les objectifs et les pratiques de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) au sein de l’entreprise.
  9. Instaurer des stratégies marketing dans les entreprises (segmentation, parcours client, structuration des offres, profil type, gestion de la relation client — CRM…).
  10. Proposer des contrats de prescription, de réalisation, de maintenance et orchestrer les compétences correspondantes.
  11. Proposer des bouquets de produits et de services en organisant des écosystèmes de prestations complémentaires : maîtrise d’œuvre, financeur pour le client, travaux, décorateurs, pépiniéristes, etc.
  12. Développer la veille sur les évolutions des besoins des clients.
  13. Partager dans l’entreprise une culture d’accompagnement des clients pour les fidéliser (services de diagnostic, informations en temps réel, financement…).
  14. Intégrer des clusters d’innovation locaux (établissements de formation, centres de recherche, écoles de commerce, PME, majors, start-up…).
  15. Prendre des participations dans des start-up (nouveaux procédés, nouveaux matériaux, nouvelles technologies…).
  16. Construire des partenariats avec les banques et les assurances pour sécuriser l’investissement et le développement des entreprises.
  17. Organiser la participation des salariés à l’amélioration de l’efficience de l’organisation (qualité, innovation, relation client). 
  18. Utiliser les solutions d’accompagnement (diagnostic, audit, coaching…) pour engager des stratégies d’excellence opérationnelles.
  19. Professionnaliser les fonctions de coordination (compétences techniques, juridiques, numériques, soft skills…). 
  20. Tester des plateformes de proximité centrées sur la qualité des entreprises (image, label, satisfaction client, engagement RSE).

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