Et si nous apprenions à nous parler ?

À titre personnel ou professionnel, il vous est certainement déjà arrivé d'être en présence de personnes avec lesquelles le courant ne passe pas. Vous ne parvenez pas à communiquer avec elles. Vous ne les comprenez pas et elles non plus. Le plus souvent, ce n'est pas le fond qui est en cause, mais la forme (mots utilisés, ton employé, attitude...). En fait, vous ne parlez pas la même langue, vous ne percevez pas le monde de la même manière, vous interagissez avec les autres de façon différente, etc. Alors pouvons-nous améliorer cette compréhension des autres, notre communication ? La réponse est oui, grâce au Process Communication Model®. Voyons comment.
11:0018/09/2019
Rédigé par FFB Nationale
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Batiment Actualité Numéro 15 | Septembre 2019

La majorité de nos problèmes de communication provient du fait que nous attendons des autres qu'ils réagissent comme nous le ferions nous-mêmes. Mais, en réalité, nous adoptons des modes de fonctionnement différents et nos formes de communication en sont affectées.

 

Le psychologue américain Taibi Kahler s'est penché sur l'analyse des comportements et les interactions entre les individus.

De ces recherches émane le Process Communication Model® ou PCM.

Qu'est-ce que le PCM ?

Le PCM distingue six types de personnalité qui se cachent à l'intérieur de chacun de nous : l'empathique, le rebelle, le rêveur, le promoteur, le travaillomane, le persévérant.

Nous sommes capables de les solliciter et de nous exprimer avec leurs forces et faiblesses, mais nous présentons les caractéristiques dominantes d'un ou deux types seulement.

Connaître le profil type d'une personne, ou le sien, permet de mieux comprendre les autres (de se comprendre) et d'identifier :

  • sa source de motivation principale. Elle est liée aux principaux besoins psychologiques ;
  • son socle de communication favori. Chaque profil de personnalité va adopter un mode de communication privilégié ;
  • son comportement face au stress. Automatique et inconscient, il assure notre « survie ».

Il n'y a pas de type de personnalité meilleur qu'un autre.

Structure de personnalité selon le PCM

Une base...

Le type de personnalité que nous investissons le plus souvent et le plus naturellement est notre base. C'est dans ce type de personnalité que nous nous sommes construits. Nous nous y réfugions naturellement et communiquons le plus souvent avec ses caractéristiques. Notre langage et notre façon de percevoir le monde sont liés à cette base.

... et une phase

Un stress sévère et qui dure longtemps (divorce, deuil, accident...) aboutit souvent à un changement de phase, tout en gardant les traits de personnalité associés à notre base.

Une phase peut durer de quelques mois à plusieurs années, voire une vie entière. Certains ne changent jamais de phase (base et phase sont confondues). Ce n'est ni bien, ni mal, c'est un chemin de vie.

Les phases déterminent nos motivations psychologiques de façon positive ou négative.

À quel type de personnalité appartenez-vous ?

Chaque type de personnalité a tendance à développer sa propre forme d'expression et son style de communication.

Les mots, le ton de la voix, les attitudes (gestes et postures corporelles) sont reconnaissables pour chaque type de personnalité.

Les 6 types de personnalité

Le type empathique (harmonizer)

Chaleureux, compatissant, sensible. Il prend soin des autres et de l'ambiance de son groupe ; si elle est chaleureuse, il est aux anges. Pour lui, l'important c'est de se sentir aimé.

Le type rêveur (imaginer)

Calme, imaginatif, réfléchi. Son recul et son imagination lui permettent de modéliser des idées complexes... mais aussi d'être souvent qualifié « dans la lune ».

Le type travaillomane (thinker)

Logique, organisé, responsable. Efficace et capable de comprendre finement les systèmes, il est d'abord dans la pensée. Reconnaissez ses compétences, il sera ravi.

Le type persévérant (believer)

Dévoué, observateur et consciencieux, il aime exprimer ses opinions, prendre des responsabilités, s'engager et s'impliquer dans des causes qui lui tiennent à coeur.

Le type rebelle (funster)

Créatif, ludique, spontané. Il réagira en disant « j'aime ou j'aime pas ».

Doté d'humour, il aimera aussi se démarquer, être original par ses agissements ou ses pensées.

Le type promoteur (doer)

Adaptable, charmeur, plein de ressources, il a le goût du risque. Chez lui, c'est l'action et l'efficacité qui importent.

C'est un profil fonceur, adepte des défis.

Comment interagissons-nous avec le monde ?

Ce que nous ressentons, voyons, croyons passe par un décodeur, notre vision du monde, nos conditions d'efficacité dans l'échange. Certains vont traiter d'abord l'information par l'analyse ou l'évaluation avant d'écouter leur ressenti ou de passer à l'action. D'autres vont ressentir les choses et les gens (intuition) et agir ou évaluer la situation en conséquence. D'autres enfin vont agir, essayer, expérimenter avant d'écouter la raison ou leur ressenti.

 

Le type empathique fonctionne au travers des émotions. Nous sommes dans le domaine du ressenti, des sensations, des perceptions physiques et affectives : « Je ne sens pas trop bien cette méthode... je serais plus à l'aise, si nous en tentions une autre... »

  • Les mots employés sont : j'apprécie, je sens, je ressens, j'ai l'impression, etc.
  • Le ton est généralement doux, et apaisant, les gestes et la posture bienveillants.

Le type travaillomane fonctionne au travers des faits et de la logique. Il va plutôt questionner et prendre le temps d'analyser avant de passer à l'action : « Que se passerait-il si nous changions de méthodes ? »

  • Les mots employés sont : organisation, processus, objectif, plan d'action, planning, observable, concret, etc.
  • Le ton, les gestes et la posture sont généralement neutres.

Le type rebelle fonctionne au travers de réactions.

Pour lui, communiquer, c'est stimuler : « Vous me dites quoi si je vous dis 'changeons de méthode du tout au tout' ? »

  • Les mots employés sont : adorer, détester, avoir envie, ne pas avoir envie, génial, chouette, top, machin truc chose, s'éclater, etc.
  • Le ton est enjoué, les gestes et la posture sont dynamiques et expressifs.

Le type rêveur fonctionne dans le registre de l'imagination. Il se projette en train de faire et vit dans sa tête ce qu'il imagine. Il ne ressent pas le besoin de mettre en oeuvre.

« En me projetant à trois mois, j'imagine que cette méthode à des chances de réussir. »

  • Les mots employés sont : imaginer, voir, visualiser, se projeter, prendre du recul, mettre en perspective, éventuel, possible, etc.
  • Le ton est calme, les gestes et la posture plutôt neutres.

Le type persévérant fonctionne avec les opinions.

Il entre en contact avec autrui en donnant son avis et a besoin que l'autre se positionne. Il va souvent commercer par faire valider son opinion et emploiera volontiers la forme interronégative :

« Ne croyez-vous pas que nous devrions plutôt tenter une autre méthode ? »

  • Les mots employés sont : croire, être convaincu, devoir, falloir, engagement, valeurs, exemplarité, selon moi, à mon avis, etc.
  • Le ton est habité, les gestes et la posture plutôt neutres.

Le type promoteur perçoit et s'exprime par l'action. Le promoteur va tester avant d'analyser. Ces personnes vivent très bien l'erreur puisqu'elle fait partie de leur système de référence : « Essayons une autre méthode et voyons où cela nous mène. »

  • Les mots employés sont : saisir une occasion, tenter sa chance, défi, aventure, exceptionnel, excitant, etc.
  • Le ton est engageant, les gestes et la posture plutôt neutres.

Comment réagissions-nous sous stress ?

Lorsque nous sommes sous pression, notre comportement se modifie : nous devenons incapables de raisonner correctement ou de voir la situation telle qu'elle est, nous avons plus de difficultés à gérer nos émotions.

L'insatisfaction des besoins psychologiques conduit la personne à utiliser des drivers, comportements développés dans l'enfance et qui permettaient d'obtenir de l'attention.

Aujourd'hui, ces séquences automatiques nous entraînent vers la non-communication.

Chaque profil de personnalité adopte généralement l'un de ces drivers :

  • sois parfait : cela amène au perfectionnisme. On le retrouve chez le persévérant (critique les autres et se focalise sur le négatif) et le travaillomane (détaille à l'excès et pinaille) ;
  • sois fort : cette personne exige d'elle-même et des autres l'autonomie, l'indépendance, la force. On retrouve ce driver chez le promoteur et le rêveur.
  • fais des efforts : ce message contraignant nous pousse à travailler toujours plus, à être laborieux, à redoubler d'efforts. On le retrouve chez le rebelle.
  • fais plaisir : avec ce driver, on a du mal à dire non et à poser ses limites. La personne se sur adapte pour faire plaisir aux autres. On le retrouve chez l'empathique.
  • dépêche-toi : ce message se caractérise par une mauvaise gestion du temps. Il est applicable à tous les profils.

Lorsque le niveau de stress augmente d'un cran, nous adoptons un « masque » privilégié en fonction de notre type de personnalité :

  • masque attaquant : comportement opprimant, persécuteur et réprobateur. Il est porté par le profil travaillomane. Le persévérant, lui, partira en croisade et imposera son point de vue en moralisateur ;
  • masque blâmeur : repose sur la mauvaise foi et le rejet des fautes sur autrui. Il est porté par le profil rebelle. Le promoteur, lui, manipule et prend des risques ;
  • masque geignard : la personne se considère victime. Elle se plaint ou se replie sur elle-même. À ce stade, l'empathique multiplie les erreurs et se victimise, tandis que le rêveur attend passivement et disparaît des radars.

Vous avez maintenant en main les clés pour mieux vous connaître, anticiper vos réactions sous stress et vos communications, ainsi que celles des autres.

Pour favoriser de bonnes relations, il est préférable de faire le premier pas en s'adaptant à l'autre plutôt que d'attendre qu'il s'adapte à nous !

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