L'économie circulaire, un modèle à encourager intelligemment

Ingénieur Arts et Métiers, dirigeant depuis 1991 du groupe familial H2E (250 collaborateurs) comprenant des entreprises spécialisées en étanchéité des toitures-terrasses et en enveloppe des bâtiments, Jean Passini, 55 ans, est membre du comité exécutif de la FFB, dont il préside la commission Environnement et construction durable depuis 2014.
11:0006/12/2018
Rédigé par FFB Nationale
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Bâtimétiers Numéro 53 | Décembre 2018

Depuis de nombreuses années déjà, le secteur de la construction fait des efforts considérables pour réduire la consommation énergétique des bâtiments. C'est ainsi qu'en France, les émissions de CO2 de l'ensemble des bâtiments sont stables depuis 1990 alors que les surfaces construites ont augmenté de plus de 30 % dans le même temps.

Parallèlement à la poursuite et à l'amplification de cet effort, notre profession prône depuis de nombreuses années le développement d'un second comportement vertueux en matière environnementale, reposant sur le principe de l'économie circulaire. Ce modèle vise à réduire la consommation de matières premières à la source et aussi le coût de leur transport en s'approvisionnant localement?; à réutiliser les matériaux une fois l'objet en fin de vie?; et à recycler les déchets pour réalimenter les gisements de matières premières. Des initiatives privées ont ainsi été lancées dans le BTP pour faciliter la collecte et le recyclage à grande échelle du plâtre, du verre plat, du PVC, du bois, des métaux. Et des filières similaires se mettent en place pour les isolants thermiques, les chapes bitumineuses, les briques plâtrières ou encore les moquettes textiles. Mais le modèle de l'économie circulaire reste encore très fragile. Le développement de la valorisation des déchets recyclables se heurte ainsi au trop faible maillage territorial des points de collecte, principalement en régions rurales, ce qui limite l'accès aux gisements de déchets recyclables et empêche donc un traitement à grande échelle qui permettrait de faire baisser les coûts. Par ailleurs, les pouvoirs publics n'incitent pas financièrement les maîtres d'ouvrage à aider au développement de l'économie circulaire. Du coup, les chantiers exemplaires sont trop peu nombreux pour permettre l'émergence d'une nouvelle filière industrielle.

Comment y parvenir?? À défaut d'accompagner les initiatives existantes, l'État a intégré dans sa nouvelle feuille de route gouvernementale sur l'économie circulaire, mais sans concertation avec les professionnels concernés, une réflexion sur la mise en place d'une filière Responsabilité élargie du producteur (REP) appliquée aux déchets du bâtiment, comme il en existe déjà pour les équipements électriques et électroniques, les pneus ou les médicaments. Selon ses promoteurs, un nouvel éco-organisme, financé par une taxe payée par le client final, serait créé dans le but de collecter, trier et recycler les déchets du bâtiment, ce qui permettrait la reprise gratuite des déchets dans les communes. En réalité, la taxe ainsi créée augmenterait les coûts de construction pour financer la nouvelle structure de collecte. Par ailleurs, calculer cette taxe serait d'une incroyable complexité dans nos métiers où, bien souvent, le produit n'est terminé que lorsqu'il est mis en oeuvre?; il faudrait donc taxer à la fois les différents matériaux à l'origine du produit fini, et l'entrepreneur qui les a assemblés. Enfin, l'instauration de cette filière REP risquerait de porter un coup fatal aux initiatives déjà engagées. Depuis, le Gouvernement semble avoir entendu nos critiques. Mais l'on ne sait pas encore précisément ce qui ressortira des réflexions en cours. Doit-il encourager un nouveau modèle économique en soutenant l'initiative entrepreneuriale et les solutions innovantes, ou bien en usant de la contrainte et en créant un nouvel impôt?? Pour notre part, nous sommes intimement convaincus de la supériorité de la première solution sur la seconde, et sommes en ordre de marche pour être force de proposition sur ce sujet.

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