La galerie Vivienne retrouve son vrai lustre

Au coeur de Paris, la galerie Vivienne est un passage couvert emblématique de l'architecture du XIXe siècle. Elle s'offre depuis deux ans un lifting qui va lui rendre ses traits d'antan à ce jour oubliés.
11:0019/03/2019
Rédigé par FFB Nationale
revue
Retrouvez ce dossier dans notre revue Bâtimétiers
Bâtimétiers Numéro 54 | Mars 2019

D'une longueur de 176 m pour une largeur de 3 m, la galerie Vivienne, dans le IIe arrondissement, reste l'un des plus beaux passages couverts parisiens avec celui du Grand-Cerf ou la galerie Véro-Dodat. Proche du Palais-Royal, elle fait l'objet d'une restauration d'ampleur, depuis sa verrière, qui doit impérativement s'inscrire dans les normes de sécurité d'un espace qui accueille chaque jour des milliers de visiteurs baguenaudant devant les vitrines de boutiques au luxe raffiné, jusqu'à ses murs et ses arcades, qui ont recouvré couleurs comme staffs d'origine. Le tout a été orchestré par François Jeanneau, architecte en chef des monuments historiques, sous la houlette des Architectes des bâtiments de France, cette galerie ayant fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques en 1974. Conséquences : de nombreuses contraintes se sont greffées lors de la réalisation de ce chantier de restauration d'envergure.

 

PLOMB ET MÉRULES À TRAITER

« Nous sommes intervenus en site occupé. Il a été très difficile de travailler la maçonnerie comme la vitrerie avec des commerçants qui redoutaient une éventuelle perte d'exploitation. C'est un vrai sujet de coactivité », raconte Stéphane Lacour, à la tête de l'entreprise de peinture et de décoration centenaire qui porte son nom, implantée à Versailles (Yvelines), en charge des lots vitrerie, maçonnerie, staff et peintures décors. En effet, pour la deuxième phase de travaux qui battait son plein fin 2018 en mobilisant une dizaine de compagnons par jour, la mosaïque d'époque du sol et les boutiques ont disparu derrière un immense échafaudage. Et le planning initial a légèrement débordé : « Nous avions 300 m2 de staffs à reprendre en conservant leur décor d'origine. Or, en purgeant ceux de la partie haute de la galerie, certains étaient soufflés. Ainsi, nous avons pu révéler l'attaque des bois de charpente par des mérules, qu'il a fallu traiter », poursuit l'entrepreneur. Deux arches et un plafond ont dû être repris. En outre, la galerie ayant été construite au XIXe siècle, « nous étions dans un fort contexte plomb qui nous a demandé d'en sortir avant d'attaquer d'autres travaux, en avançant par petites zones isolées et de nuit ». Autre contrainte inhérente aux monuments historiques : la restauration à l'identique. Or, pour la verrière qui baigne de lumière zénithale cette galerie marchande, les vitrages utilisés à l'époque ne répondaient plus aux conditions actuelles de sécurité. « Ils ont été remplacés par 2 500 m2 de verre feuilleté de sécurité, indispensable car si un morceau venait à casser, il tomberait de 8 m de haut?! » précise Stéphane Lacour. Néanmoins, le chef d'entreprise aguerri aux restaurations de monuments historiques parisiens ajoute : « Pour poser ce verre d'aujourd'hui, nous avons appliqué une technique de masticage traditionnelle à l'huile de lin plutôt que d'utiliser des parcloses en bois ou en métal. » Après reprise de la structure en métal en périphérie, le verre en cinq morceaux de part et d'autre du faîtage a été collé grâce à l'application de boules de mastic scellé en périphérie, fixées par un rabat à 45° sur les verres. Trois couches de peinture d'huile de lin ont été appliquées, dont une pour favoriser le séchage des boules de mastic et éviter que les pigeons et autres moineaux en fassent leur dîner.

 

TEINTES RESTITUÉES SOUS 23 COUCHES

Dernière surprise de taille eu égard au grand âge de cette galerie, les travaux ont révélé jusqu'à 23 épaisseurs différentes de peinture et d'enduit sur les murs. Retrouver la couleur d'origine a nécessité la réalisation de sondages stratigraphiques. Forcément, les teintes qui couvrent à nouveau les murs ne sont plus celles auxquelles s'étaient habitués les visiteurs de la galerie Vivienne, puisqu'aucune restauration à l'identique n'avait été effectuée jusqu'à présent. « Après une purge méticuleuse des 1 500 m2 de maçonnerie pour retrouver le support d'origine, nous avons restitué une fausse pierre de Luget pour les parties basses comme pour les arcades, précise Stéphane Lacour. Les vitrines ont été reprises dans une teinte faux bois plus clair, et les pieds de colonne, traités en faux marbre Vermont green. » Mais en vrais décors.

Contenu réservé aux adhérents FFB

  • Profitez aussi de conseils et de soutien

    Des services de qualité, de proximité, avec des experts du Bâtiment qui connaissent vos enjeux métier et vous accompagnent dans votre quotidien d'entrepreneur.

  • Intégrez un réseau de 50 000 entreprises

    La FFB est fière de représenter toutes les entreprises du bâtiment, les 2/3 de nos adhérent(e)s sont des entreprises artisanales.

  • Bénéficiez des dernières informations

    Recevez Bâtiment actualité 2 fois par mois pour anticiper et formez-vous aux évolutions des métiers ou de la législation.

Pour contacter facilement votre fédération et accéder aux prochaines réunions
Vous n'êtes pas adhérent et vous cherchez une information ?