ITE : une rénovation exécutée par un ballet de plateformes mobiles

Lors des travaux de réhabilitation de la résidence Jacquard à Lille, la configuration géométrique et le phasage particulier de réalisation de l’isolation thermique par l’extérieur et du bandeau de bardage décoratif cintré ont conduit les entreprises à intervenir sur l’enveloppe depuis 34 plateformes sur mâts, en lieu et place des classiques échafaudages.
11:0010/06/2020
Rédigé par FFB Nationale
revue
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Bâtimétiers Numéro 59 | Juin 2020
CHIFFRES CLÉS
  • 3 400 m² de façades (2 700 m² pour la partie rénovation, 700 m² pour la partie neuve)
  • 2 00 m linéaires de bandeaux métalliques laqués blanc cintrés
  • 34 plateformes sur mâts installées pour la pose de l’ITE et du bardage

 

Construite à la fin des années soixante-dix, la résidence Jacquard, située dans le quartier Saint-Sauveur à Lille (Nord), a subi une opération de rénovation énergétique de grande ampleur. Décidée par son maître d’ouvrage, le bailleur social Vilogia, elle a été menée en entreprise générale par Bouygues Bâtiment Nord- Est, et comprenait également la construction d’un immeuble neuf de 19 logements accolé au bâti d’origine, s’ajoutant aux 107 logements existants. Le maître d’œuvre de l’opération, le cabinet d’architectes Boyeldieu Dehaene, souhaitait profiter de cette reconfiguration pour modifier la morphologie de cet ensemble de treize étages, en « adoucissant » la façade constituée d’une multiplicité de facettes « en redent » par la pose de larges bandeaux métalliques cintrés à géométrie variable, formant des « vagues » à chaque étage. Ainsi, le bâtiment devait d’abord être enveloppé d’une isolation thermique par l’extérieur (ITE) par enduit mince sur isolant avant d’être entouré par le bardage décoratif laqué blanc, installé à une distance de la façade variant entre 50 cm et 3 m.

Des plateformes mobiles en lieu et place des échafaudages de pied

« Ce chantier était pour nous un “mouton à cinq pattes” comme nous les apprécions », explique Justin Dumont, directeur d’exploitation de l’entreprise Porfrabel à Grande-Synthe (Nord), spécialisée dans l’ITE et titulaire du lot ITE et parement. La configuration géométrique de l’immeuble et le phasage des travaux étaient tels que l’entreprise ne pouvait pas travailler comme à son habitude, depuis des échafaudages de pied. « Si nous étions intervenus depuis un échafaudage, nous aurions dû le monter sur toute la hauteur pour poser l’ITE. Après notre intervention, nous aurions alors dû le démonter et le remonter étage par étage à bonne distance de la façade pour que l’entreprise Loison à Armantières (Nord), titulaire du lot bardage, puisse installer le bandeau », précise Justin Dumont. Devant la complexité d’opérer selon ce mode constructif, il a été décidé que l’intégralité du chantier d’ITE et de pose du bardage serait réalisée depuis des plateformes sur mâts motorisés (plateformes de travail se déplaçant le long de mâts ou PTDM), dotées de plateaux modulables permettant de choisir la distance de travail par rapport à la façade. En tout, pas moins de 34 groupes de levage (monomâts ou bimâts), montés et démontés par l’entreprise Brand France (agence de La Chapelle-d’Armentières, Nord), ont été utilisés pour ceinturer tout le bâtiment. « Chaque facette du bâtiment était équipée d’une nacelle qui lui était dédiée exclusivement », souligne Justin Dumont.

Gwenaëlle Loison, responsable du bureau d’études de l ’entreprise Loison à Armantières (Nord).

« Notre bureau d’études a modélisé jusqu’aux éléments finis l’ensemble du bardage sur la base des plans de l’architecte. »

Des phasages « verticaux » et « horizontaux »

La première étape a été la pose par Loison des platines de fixation des éléments de bandeaux sur le revêtement existant. Les travaux d’ITE ont alors pu démarrer par le calage et le collage de l’isolant en polystyrène, réalisés du bas vers le haut. Suivaient le chevillage de l’isolant, permettant de fixer ce dernier au support existant, puis l’étape du marouflage du sous-enduit et du traitement des cornières d’angles, réalisée cette fois de haut en bas, « pour ne pas risquer de souiller les étages inférieurs », commente Justin Dumont. Après trois jours de séchage, l’enduit mince définitif était enfin chargé, appliqué en descendant. À noter que, pour laisser un minimum de traces sur l’enduit, les mâts des plateformes étaient fixés à la façade par l’intermédiaire d’ancrages déportés avec goujons perdus dans l’ITE. À cette intervention « verticale » de Porfrabel succédait celle, « horizontale », de Loison. « Nous avons réalisé la pose du bandeau en continu sur tout un niveau en commençant par l’étage le plus haut, explique Gwenaëlle Loison, responsable du bureau d’études de l’entreprise. Afin que les tôles unitaires (3 mm d’épaisseur, 1,2 m de hauteur) puissent être portées et posées à la main tout en minimisant le nombre de joints d’assemblage, notre bureau d’études a modélisé jusqu’aux éléments finis l’ensemble du bardage sur la base des plans de l’architecte, ce qui a permis d’obtenir un calepinage à la fois esthétique et réaliste du point de vue des conditions de mise en œuvre. »

Le lean management pour résoudre un phasage complexe

La coactivité entre les entreprises Porfrabel, Loison et Brand impliquait un phasage extrêmement complexe, les contraignant à se coordonner de manière très précise. « Nous avons utilisé les outils du lean management pour optimiser au maximum les tâches de chacun et déterminer l’ordre dans lequel nous devions démonter, étage après étage, les mâts des nacelles pour libérer les zones au profit de Loison », se rappelle Justin Dumont. La moindre erreur de planning aurait eu des effets en cascade : « Si nous ne respections pas à la lettre le phasage que nous avions déterminé, nous perdions instantanément trois semaines sur le délai de réalisation », précise-t-il. Mais heureusement, la préparation ayant été bien menée, chacun a pu jouer sa partition sans fausse note, et le chantier, livré en février 2020, a pu être réalisé dans le temps imparti. Ce mode constructif a eu néanmoins des répercussions sur la programmation globale du chantier. « Une intervention réalisée avec des échafaudages de pied classiques aurait duré six mois maximum contre dix dans cette configuration, mais nous le savions en amont », conclut Justin Dumont.

Justin Dumont, directeur d’exploitation de l’entreprise Porfrabel à Grande-Synthe (Nord)

« Ce chantier était pour nous un “mouton à cinq pattes” comme nous les apprécions. »

Des plateformes sur mâts polyvalentes

Préférées à des échafaudages de pied pour pouvoir répondre aux contraintes géométriques et de phasage du chantier, les plateformes mobiles sur mâts ont été utilisées pour :

  • remplacer les châssis existants des menuiseries ;
  • fixer les supports de bardage noyés dans l’ITE ;
  • poser l’ITE en enduit mince sur isolant ;
  • poser le bardage cintré.
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