Nous unir pour faire valoir l’excellence de nos métiers

Comme au rugby, les entreprises du bâtiment ont plus que jamais besoin d’avancer groupées, tout en s’enrichissant mutuellement de leurs différences. La FFB est mobilisée pour les défendre dans la crise mais aussi pour les aider à améliorer leur compétitivité et à développer le bâtiment du futur. Savoir-faire et faire savoir doivent aller de pair pour mieux faire connaître la richesse et la modernité de leurs métiers.
11:0003/09/2020
Rédigé par FFB Nationale
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Bâtimétiers Numéro 60 | Septembre 2020
« Comme dans une équipe de rugby, il y a tous les profils dans le bâtiment et, tout en cultivant ce qui nous rassemble, nous devons nous enrichir de cette diversité, de nos différences. »

Élu à la présidence de la FFB où il a succédé le 12 juin à Jacques Chanut, Olivier Salleron est à la tête de l’entreprise familiale Salleron SAS (chauffage, climatisation, plomberie), qui emploie une trentaine de salariés à Périgueux. Il était auparavant président de la Fédération régionale Nouvelle-Aquitaine et de la Commission sociale de la FFB.

 

Dans quel état d’esprit abordez-vous votre mandat de nouveau président de la FFB ?

Olivier Salleron — Je l’aborde avec la volonté de rassembler toutes nos entreprises, des plus petites aux plus grandes, dans une période où la famille du bâtiment a plus que jamais besoin d’être unie. Avec la crise sanitaire, on a vu s’exprimer une vraie solidarité : pour relancer les chantiers, nous avions besoin les uns des autres, dans nos entreprises et au-delà avec la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre. Partage, solidarité, esprit d’équipe, passion du métier : ces valeurs – que je relie personnellement à celles du rugby – sont au cœur de l’identité du bâtiment. Elles m’ont guidé tout au long de mon parcours d’entrepreneur, elles me guident aujourd’hui pour agir et nous engager ensemble, avec une FFB dynamique et agile pour porter nos convictions et nos actions communes. Comme dans une équipe de rugby, il y a tous les profils dans le bâtiment et, tout en cultivant ce qui nous rassemble, nous devons nous enrichir de cette diversité, de nos différences. Nous avons tout autant à apprendre d’un certain esprit militant chez nos artisans que des méthodes d’organisation chez nos majors, et c’est en prenant le meilleur chez les uns et les autres que nous avancerons collectivement !

Précisément, comment progresser alors que le secteur du bâtiment est très fragilisé par la crise ?

O. S. — J’ai présenté fin juin au nom de la FFB notre proposition de plan de relance1, et nous attendons des mesures fortes pour soutenir le bâtiment, ce qui est un enjeu majeur pour notre secteur et pour l’économie du pays. Cela dit, en même temps que nous agissons pour défendre nos marchés et inciter les pouvoirs publics à favoriser le développement des plus porteurs – en particulier la rénovation énergétique et la silver économie –, c’est aussi à nous de travailler sur ce qui rendra nos entreprises plus fortes et plus profitables. Je prends l’exemple du lean2 : quand on fait l’effort collectif, avec ses équipes, de revisiter son organisation et ses méthodes, en chassant tous les gaspillages, on en voit très vite les bénéfices et on se demande après coup pourquoi on ne l’a pas fait plus tôt ! D’ailleurs, pendant la crise, les entreprises déjà engagées dans cette démarche se sont montrées mieux préparées que d’autres aux changements de méthodes de travail imposés par la pandémie.

Il ne faut pas hésiter non plus, pour améliorer la compétitivité de nos entreprises, à nous interroger sur l’industrialisation des tâches, sur la préfabrication et, plus généralement, sur ce que la technologie peut nous faire gagner. Regardez tout ce qu’on peut faire déjà à partir d’un smartphone : commander une grue, un drone pour inspecter les toitures et réduire les déplacements en hauteur, un appareil capable de peindre toute une pièce… Il y a de multiples ponts entre technologie, productivité, sécurité, et, au final, gain de temps et de marge : il faut les explorer sans œillères, expérimenter puis appliquer ce qui marche.

Dans cette dynamique d’innovation, quel est selon vous le rôle de la FFB ?

O. S. — La FFB a un rôle central d’accompagnement de nos entreprises. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu que l’innovation relève désormais, au sein de la Fédération, d’une commission à part entière, chargée d’effectuer une veille à 360° sur tous ces sujets – BIM, intelligence artificielle, start-up innovantes, mais aussi les innovations d’autres secteurs qui peuvent s’appliquer au bâtiment. Nous avons déjà créé il y a quelques années une telle commission au sein de la FFB Nouvelle- Aquitaine, avec des rencontres métiers où nos adhérents ont découvert pour la première fois un exosquelette ou une imprimante 3D. Nous avions de vrais échanges sur ce que la technique peut apporter concrètement à chacun, sur des chantiers de toutes tailles.

Dans le même esprit, j’ai souhaité lancer dès cet automne, à l’occasion des États généraux de la construction, les Assises des métiers. L’objectif est d’ouvrir le grand livre de nos métiers pour analyser ensemble leurs évolutions, identifier les technologies déjà utilisées ou en devenir, nous donner une feuille de route claire dans la perspective du bâtiment durable. Chacun sent que tout bouge dans nos métiers, et il est important là encore de nous mobiliser collectivement. La FFB, avec ses élus mandataires et les experts de ses Unions et Syndicats de métiers, a vocation à être une force d’entraînement pour toute la profession. C’est une démarche qui s’appuiera sur le terrain et en particulier sur nos animateurs métier en région (AMR) et nos chargés de mission environnement (CME), qui sont au contact quotidien des entreprises dans les territoires.

Comptez-vous agir aussi dans le domaine de la promotion des métiers du bâtiment ?

O. S. — C’est pour moi un axe majeur, directement lié à celui que je viens d’évoquer. Il y a dans nos métiers une grande richesse de savoir-faire et beaucoup d’excellence que nous ne savons pas suffisamment valoriser. C’est un enjeu essentiel pour attirer de nouveaux talents, en particulier les jeunes à la recherche d’un métier concret et ceux qui veulent créer leur entreprise. Quand ils ont l’occasion de découvrir, en dépassant les idées reçues, la réalité de nos métiers et tout ce que l’on peut y créer, ils changent de point de vue ! À cet égard, les Olympiades des métiers sont une occasion exceptionnelle de promouvoir nos métiers à travers l’engagement de jeunes qui donnent le meilleur d’eux-mêmes, et la FFB va se mobiliser dans la perspective de la finale internationale en 2023 à Lyon.

Plus généralement, savoir-faire et faire savoir doivent aller ensemble : c’est pourquoi nous devons accentuer nos efforts de communication pour changer le regard du grand public sur le bâtiment. Après tout, un secteur comme la restauration a réussi à transformer son image : peut-être avons-nous besoin, nous aussi, de notre « Top chef… de chantier » ?

Enfin, quel regard portez-vous sur la responsabilité sociétale des entreprises ?

O. S. — Dans le bâtiment, nous agissons déjà beaucoup dans ce domaine sans toujours le faire savoir : on embauche des jeunes, on les forme, on trie nos déchets, on sponsorise les clubs sportifs ou culturels près de chez nous… Comme pour le lean, l’important est d’être dans une démarche incitative, sans imposer : il faut chercher à s’améliorer en étant ouverts à de nouvelles pratiques, en s’inspirant de ceux qui sont les plus avancés parmi nous, chacun progressant à son rythme.

Je prône le même pragmatisme pour la normalisation, sachant que c’est la profession qui tient principalement le stylo pour écrire les normes. Ayons toujours en tête la simplicité d’application, en pensant à toutes nos entreprises, surtout les plus petites qui subissent le plus l’empilement des normes, et demandonsnous à chaque fois quels sont les avantages pour elles. Être plus vertueux et experts dans nos métiers, oui, complexifier encore ce qui l’est déjà trop, non !

En somme, soyons fiers de nos savoir-faire et ouverts sur l’avenir, mais en ayant toujours les pieds sur terre, c’est-à-dire sur le chantier !

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Lire Bâtiment Actualité n° 7 du 24 juin 2020.

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Lire aussi le dossier de ce même numéro.

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