Redémarrer et achever un chantier en temps de coronavirus

Interrompue du jour au lendemain par le confinement en mars dernier, la construction de l’extension de l’accueil de loisirs de Villejust (Essonne) a pu redémarrer à la faveur d’un protocole sanitaire établi collectivement par tous les acteurs du chantier. La livraison du bâtiment, avec un délai supplémentaire de cinq mois, montre le rôle clé qui revient au maître d’ouvrage dans la concertation pour surmonter l’obstacle de la Covid-19.
12:4601/12/2020
Rédigé par FFB Nationale
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Bâtimétiers Numéro 61 | Décembre 2020

En cette rentrée de septembre, le chantier du nouvel accueil de loisirs, en construction sur la commune de Villejust (Essonne), est particulièrement calme. Il est vrai que le bâtiment, qui se dessine sur le paysage mi-rural, mi-urbain de cette commune de près de 2 500  habitants, entre pavillons et cultures agricoles, est en phase de finitions. Mais surtout, il se déroule selon le protocole sanitaire très strict édicté par la profession et les pouvoirs publics, pour pouvoir travailler sans risque en période de Covid-19.

Revenons un peu en arrière : la construction de ce nouveau bâtiment, à proximité d’un site existant pour permettre au nouvel ensemble d’accueillir à terme une centaine d’enfants, a commencé en avril 2019 ; il devait être livré en juin 2020. Mais, entre-temps, le confinement est venu bouleverser ce calendrier. « En tant que maître d’ouvrage, nous n’avons pas hésité une seconde pour tout arrêter à la mi-mars, afin de mettre en sécurité les salariés de la municipalité et ceux des entreprises qui travaillaient sur le projet », explique le maire de la commune, Igor Trickovski.

Nous n’avons pas hésité une seconde pour tout arrêter à la mi-mars, afin de mettre en sécurité les salariés de la municipalité et ceux des entreprises qui travaillaient sur le projet.

Igor Trickovski, maire de Villejust (Essonne)

Un protocole de sécurité partagé

À peine élue à l’issue du premier tour des élections le 15  mars, la nouvelle équipe municipale, en liaison avec l’élu aux Travaux de l’équipe sortante, débloque la situation en réunissant tous les acteurs du chantier —  maître d’œuvre, coordonnateur SPS et entreprises  — pour une concertation globale. Le chantier réunit une dizaine d’entreprises, dont la société Maçonnerie Générale Rénovation (MGR), implantée sur la commune, en charge des lots gros œuvre, carrelage, plâtrerie et menuiseries extérieures. De cette concertation résulte un protocole sanitaire très strict. Rédigé par le coordonnateur SPS Alain Blanchard, il est issu des règles édictées par le guide de l’OPPBTP et des recommandations de la FFB et de l’AFCO (Association française des coordonnateurs SPS), et permet la reprise du chantier après six semaines d’interruption, à partir de début mai. Le protocole repose sur trois piliers : le port du masque obligatoire dans toute l’enceinte du chantier, le lavage des mains obligatoire toutes les deux heures, et surtout, la suppression de toute coactivité, pour éviter toute propagation du virus d’une entreprise à une autre. « Les mesures édictées ont été transmises, rappelées dans chaque compte rendu de réunion de chantier, et dans l’ensemble bien respectées par les compagnons, commente le coordonnateur SPS. Tout s’est bien passé, parce que nous avons expliqué ces mesures plutôt que de les imposer. »

Le problème pour nous a été de trouver un modus operandi qui garantisse la sécurité des ouvriers sans trop pénaliser les délais de livraison.

François Plissonnier, maître d’œuvre et architecte

L’un de nos sujets a été la gestion de la base vie, lieu central de propagation possible du virus.

Rufino Carlos, dirigeant de MGR, Villejust (Essonne)

Maîtriser les conséquences sur le planning

Heureusement pour le projet, le bâtiment était déjà hors d’eau et hors d’air au moment de l’arrêt du chantier, et l’essentiel de la coactivité était déjà passé. Mais le nouveau protocole sanitaire, en limitant la présence sur le chantier à une seule entreprise avec deux compagnons à la fois, présentait un risque de rallongement considérable des délais de livraison. « Le problème pour nous a été de trouver un modus operandi qui garantisse la sécurité des ouvriers sans trop pénaliser les délais de livraison », déclare le maître d’œuvre et architecte François Plissonnier. À l’issue de nombreux échanges, les parties prenantes se sont entendues sur la possibilité de faire travailler plusieurs entreprises en même temps, sous certaines conditions : « Le bâtiment faisant presque 800  m2, répartis en deux grands blocs –  restauration, avec réfectoire et cuisine d’une part et salles de loisirs d’autre part  –, nous avons établi que deux, voire trois entreprises différentes pourraient travailler chacune dans un bloc, en conservant leurs distances, sans se croiser ni partager les pauses et les repas dans un même espace, ajoute l’architecte. Une quatrième équipe pouvait même intervenir en même temps, pour les travaux liés aux menuiseries extérieures et bardages. » À titre d’exemple, l’entreprise de carrelage a pu travailler dans le bloc restauration en même temps que celle de peinture dans les salles de loisirs, et celle de plomberie dans le bloc sanitaire qui sert de séparation aux deux.
© DR

Accueil de loisirs de Villejust, les dates clés

  • Début des travaux : Avril 2019
  • Livraison prévue : Juin 2020
  • Arrêt dû au confinement : À la mi-mars 2020
  • Reprise des travaux : Début mai 2020
  • Livraison finale : Novembre-décembre 2020
  • Retard de livraison : 5 à 6 mois

Des entreprises associées aux décisions

Premières concernées, les entreprises ont été non seulement informées, mais associées à toutes les mesures sanitaires qui ont été prises, ce qui explique que celles-ci ont été respectées. « L’un de nos sujets a été la gestion de la base vie, lieu central de propagation possible du virus, explique Rufino Carlos, dirigeant de MGR. Étant donné que nous n’avons pas pu résilier le contrat de location, le protocole nous a obligés à la faire désinfecter tous les jours — des frais supplémentaires qui, heureusement, ont été pris en charge par la municipalité. » À partir de la rentrée de septembre, il a été décidé de supprimer la base vie, devenue surdimensionnée, et de la remplacer par un bloc sanitaire et point d’eau directement dans le bâtiment.

Mais la principale conséquence de ces mesures pour les entreprises porte sur le planning : « Il y a des tâches que nous faisions en même temps que d’autres corps d’état, ce qui n’est plus possible », commente Marc Schang, dont l’entreprise qui porte son nom, implantée à Palaiseau (Essonne), est titulaire du lot peinture. « Nos chantiers sont donc plus longs, ajoute-t-il, d’autant plus qu’il faut travailler avec un masque, qui provoque de la buée sur les lunettes du peintre. »

Comme le souligne Jérôme Van Lierde, chargé d’affaires de Demattec, l’entreprise responsable du lot menuiseries intérieures, installée elle aussi en Essonne, à Gometz-le-Châtel, « le chantier s’est bien passé grâce à la concertation, et parce que les entreprises implantées dans la même région se connaissaient déjà, ce qui a facilité les choses ». Le maire de Villejust et son adjoint au Développement durable et aux Travaux plaident d’ailleurs en faveur de circuits courts dans le bâtiment, et de la possibilité de faire travailler des entreprises de proximité. « Grâce à une bonne entente entre tous les acteurs du chantier, nous prévoyons d’ouvrir notre accueil de loisirs en début d’année, avec cinq à six mois de retard, en ayant respecté notre volonté de construire des équipements de qualité pour notre commune », se félicite Igor Trickovski. Le silence du chantier fera alors place au joyeux vacarme des petits Villejustiens.

Un équipement écologiquement responsable

D’une surface de 750 m², le nouvel accueil de loisirs de Villejust s’inscrit dans la volonté de la commune en matière de développement durable et de valorisation du patrimoine bâti existant, puisqu’il vient compléter un ancien centre de loisirs qui fera l’objet d’une rénovation énergétique. Grâce à sa conception bioclimatique – avec puits de lumière au plafond et baies vitrées pour profiter des apports solaires – et à son chauffage par ventilation double flux qui récupère les calories de l’air vicié expulsé, le nouveau bâtiment aura une consommation d’énergie maîtrisée. Il fait aussi appel aux biomatériaux, grâce à une construction en charpente bois, qui permettra aussi de moduler l’espace avec des parois amovibles, et aura une toiture végétalisée qui achève d’en faire une construction écologiquement responsable.

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