Faire vivre l'esprit du bâtiment avec Qualibat

Simplification administrative, digital, RGE, engagement des professionnels dans les commissions d’examen… le point sur les grands enjeux de Qualibat avec son nouveau président.
8:5901/09/2021
Rédigé par FFB Nationale
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Retrouvez ce dossier dans notre revue Bâtimétiers
Bâtimétiers Numéro 64 | Septembre 2021

Quelle est votre ambition en prenant la tête de Qualibat, dont vous venez d’être élu président ?


Gérard Sénior
— Qualibat est un organisme qui a des clients, en premier lieu les entreprises utilisatrices de ses qualifications, et mon ambition est que nous soyons pleinement à leur service. Il existe un esprit Qualibat, qui est celui du bâtiment. Historiquement, Qualibat est l’émanation de la profession. Il a été voulu comme un organisme au service de toute la filière, pour défendre ses valeurs et promouvoir la qualité dans la construction. C’est cet esprit-là qu’il faut continuer à faire fructifier, en ayant en tête que ce sont des femmes et des hommes que nous avons en face, pas uniquement des structures, et que Qualibat appartient bien à l’ensemble de la filière. Nous allons également poursuivre nos bons rapports avec les services de l’État, notamment au travers de la qualification RGE. Par ailleurs, comme avec les entreprises, nous devons faire vivre cet esprit Qualibat avec les acteurs de la maîtrise d’œuvre, de sorte qu’ils ne soient pas seulement des utilisateurs extérieurs et que nous rapprochions nos procédures et nos outils, notamment pour faciliter la réponse aux appels d’offres pour tous.



Le service au client n’implique-t-il pas une simplification des démarches administratives, que beaucoup d’entreprises jugent trop complexes ?


G. S.
— Tout ce qui pourra être fait pour alléger le travail administratif des entreprises doit être pris en compte, et nous allons accélérer dans ce but la numérisation de leurs démarches. Nous allons leur demander de moins en moins de documents papier, en allant chercher nous-mêmes certaines données faisant partie de leurs dossiers de qualification. Nous devons mener un travail collectif, avec les organisations professionnelles, pour que l’administration nous aide dans cette voie, en lien avec la dématérialisation des marchés publics, mais aussi avec la Fédération française de l’assurance, pour la transmission automatique des polices d’assurance.


Cela dit, beaucoup d’artisans et d’entreprises ignorent peut-être qu’ils peuvent déjà, via leur espace extranet sur notre site, gérer tout un ensemble de démarches en ligne – obtenir par exemple leur certificat de qualification signé numériquement, ou remplir leur questionnaire de suivi annuel – mais aussi accéder à la Qualibathèque, notre bibliothèque technique des métiers, où ils trouvent notamment les DTU et tous les documents utiles sur l’activité pour laquelle ils sont qualifiés. Par ailleurs, le digital va également s’étendre prochainement aux commissions d’examen des demandes de qualification, dont les membres seront dotés de tablettes pour travailler eux aussi sur des dossiers numérisés.



Au-delà des questions de procédures, quels sont, selon vous, les enjeux «  métier  » et comment envisagez-vous l’évolution des qualifications dans ce domaine ?

G. S. — La simplification administrative va nous permettre de nous concentrer effectivement sur les aspects « métier » de la qualification, en veillant en particulier à renforcer encore la pédagogie que doivent déployer les auditeurs Qualibat dans leur travail. Ce sont des gens de métier, un gros effort a déjà été fait pour les former et les qualifier, et il faut poursuivre dans cette voie. Un bon auditeur transmet une énergie positive et aide l’entreprise à progresser. C’est un élément essentiel du processus d’audit qu’il faut encourager et développer.


Quant à l’évolution des qualifications, elle va de pair avec celle des besoins et des marchés, dans un mouvement d’adaptation permanent, l’objectif étant toujours de permettre aux entreprises de valoriser leurs savoir-faire. C’est le sens, par exemple, de la récente qualification « audit énergétique » ; elle va permettre aux entreprises qui réalisent des chantiers de rénovation énergétique de valoriser une compétence complémentaire et un nouvel atout concurrentiel dans ce domaine, tout en renforçant la confiance du client final. De même, avec l’accent qui est mis dans les politiques publiques sur l’offre globale en rénovation énergétique, il va falloir adapter et surtout développer les qualifications et les certifications associées, en lien avec les organisations professionnelles, dont la FFB. Nous pourrions d’ailleurs réfléchir, sur le fond, à ce que cette offre globale intègre aussi les architectes, pour répondre au besoin du client final d’avoir un interlocuteur sur l’ensemble du processus de rénovation.



Concernant précisément la rénovation énergétique, la qualification RGE n’a-t-elle pas fait évoluer les missions de Qualibat, et comment envisagez-vous son rôle aujourd’hui dans le dispositif ?


G. S.
— Qualibat a effectivement joué un rôle moteur dans la montée en puissance du dispositif RGE, et l’engagement de mon prédécesseur, Alain Maugard, a été important pour faire reconnaître la qualification comme un élément central de ce dispositif. Avec le RGE, Qualibat a pris de l’ampleur et compte à ce jour près de 50 000 artisans et entreprises qui disposent d’une ou plusieurs qualifications RGE, sans oublier, bien entendu, les qualifications métiers qui restent centrales chez Qualibat.


Il faut souligner aussi que le RGE, associé à l’éco-conditionnalité des aides, a introduit un rapport plus direct entre Qualibat et les particuliers. La qualification RGE que nous attribuons est perçue à juste titre par le grand public comme un élément de crédibilité et de confiance, et c’est précisément pour préserver ce lien que nous allons intensifier nos efforts de lutte contre les éco-délinquants. Nous faisons des investigations très poussées pour traquer les tricheurs et nous avons provisionné les sommes nécessaires pour couvrir les contentieux avec ceux qui nous attaquent devant les tribunaux administratifs pour leur avoir retiré leur qualification RGE. Cette lutte est essentielle pour que les entreprises qui ont fait l’effort de se qualifier dans les règles et qui font bien leur métier ne pâtissent pas des agissements de quelques fraudeurs qui, dans la majorité des cas, ne sont pas de vrais professionnels du bâtiment.



Vous êtes architecte et vous succédez à un haut fonctionnaire à la tête de Qualibat. Quel sens faut-il donner à votre nomination ?


G. S.
— Après le long passage du RGE, ma nomination marque en quelque sorte la réappropriation par la filière de cet outil qui rassemble tous ses acteurs – entreprises, mais aussi maîtres d’œuvre, maîtres d’ouvrage, économistes de la construction, contrôleurs techniques… Je tiens, à ce sujet, à saluer l’engagement bénévole de tous les professionnels de nos métiers qui participent aux quelque 130 commissions Qualibat sur tout le territoire. C’est en mettant ainsi tous les acteurs de la construction autour de la table qu’on prend des décisions équitables et qu’on travaille ensemble pour améliorer la qualité de la construction, dans l’intérêt du client final. Je tiens aussi à saluer tout le personnel de Qualibat et à le remercier pour son travail pendant la période difficile du Covid que nous avons traversée, qui a permis de maintenir notre activité et d’apporter le service que nos clients étaient en droit d’attendre.

Représentant de l’UNSFA, le syndicat des architectes, au sein du bureau de Qualibat, Gérard Sénior en a été élu président lors de son conseil d’administration du 15 juin dernier. Dirigeant fondateur de l’agence d’architecture parisienne AETIC, orientée vers la construction durable, il est en charge de la politique technique de l’UNSFA. Sa longue expérience et sa compétence reconnue lui valent, au sein des instances de normalisation, d’être expert auprès de l’Afnor sur les normes relatives à la qualité environnementale et le développement durable, en France et à l’international.

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