« Occupés à faire vivre leurs
entreprises au quotidien,
les chefs d’entreprise disposent
de peu de temps
pour lever la tête du guidon
et faire de la prospective. Pourtant, nous
savons tous que le développement et la
pérennisation de nos activités passent
nécessairement par l’appropriation progressive
des innovations, notamment
digitales. C’est pour cela que la FFB a
lancé en 2018 un groupe de travail sur
l’intelligence artificielle, composé d’une
vingtaine d’entrepreneurs et d’experts
de la Fédération. Lors de la première
phase, nous avons défriché le sujet,
rencontré beaucoup de spécialistes
et appréhendé le vocabulaire de l’IA
comme les perspectives qu’elle offre.
Ces travaux exploratoires ont confirmé
que l’intelligence artificielle pouvait
constituer un outil efficace au service
de la performance de nos entreprises, de
l’amont à l’aval : organisation, sécurité,
délais, qualité, etc.
Pour aller plus loin et rapprocher le monde
du bâtiment du monde universitaire,
nous avons noué un partenariat avec
l’Institut méditerranéen du risque de
l’environnement et du développement
durable (IMRRED) en 2019-2020. Ce
travail a abouti à mettre en lumière
soixante cas d’usage possibles pour le
secteur. Depuis, nous avons donné une
dimension encore plus opérationnelle à
nos réflexions et choisi de nous focaliser
sur deux thèmes transversaux, qui
touchent tous les corps d’état du bâtiment :
la gestion des déchets et l’organisation du
chantier. Notre démarche de recherche-action
s’inscrit au service de la profession.
Nous allons essuyer les plâtres et
envisageons des mutualisations. Nous
avons pris conscience de l’importance
des données, qui constituent un actif clé,
que ce soient des images, du texte, des
chiffres, etc. Ces données – quantitatives
et qualitatives – ont de la valeur. C’est
pourquoi nous devons rester maîtres
des données que nous générons.
Pour être concrète, je voudrais donner
quelques illustrations opérationnelles
de cette technologie et de son potentiel,
en prenant l’exemple de la gestion des
déchets de chantier. Lorsque du bois est
jeté par erreur dans une benne dédiée
aux déchets métalliques ou au carton,
une « caméra intelligente » serait capable,
par reconnaissance d’images, de détecter
le problème d’aiguillage et pourrait
déclencher une alerte. Autre exemple :
un système prédictif pourrait, à partir
de l’analyse du linéaire de chutes d’un
produit (poutres de bois, etc.), proposer
le juste volume à commander pour
minimiser les sur-quantités et réduire
ainsi les déchets in fine.
Je suis persuadée que l’intelligence artificielle
pourra notamment nous aider
à mieux anticiper, à mieux mesurer,
et donc à mieux prédire. Nos travaux
montrent que c’est un outil d’aide à
la décision. C’est bien ainsi qu’il faut
l’appréhender. »