Il s'agissait de transformer un ensemble architectural datant de l’après-guerre, qui hébergeait différents services municipaux – CCI, tribunal de commerce, hôtel de police –, en un pôle culturel et touristique, La Boussole, qui se distingue par un geste architectural fort.
En 2018, c’est le cabinet d’architecture Dominique Coulon, établi à Strasbourg (Bas-Rhin), qui remporte le marché, avec l’entreprise de gros oeuvre Batico 88, implantée localement à Saint-Dié-des- Vosges, grâce à un projet audacieux. Celui-ci se caractérise par un vaste volume intérieur recouvert d’un treillis monumental en béton architectonique supportant des produits verriers de couleur.
Les travaux commencent par la démolition d’un bâtiment sans relief situé au centre du site pour faire place nette et par un renforcement des planchers existants, grâce à l’utilisation de plats carbone et de structures métalliques, en prenant soin de respecter les façades de cet édifice labellisé « Patrimoine du xxe siècle ».
Autres opérations réalisées, le creusement d’un sous-sol destiné aux archives, avec la réalisation d’un cuvelage pour assurer son étanchéité, et l’ajout à l’extrémité du bâtiment d’un volume de 12 m linéaires en structure métallique suspendue avec toit-terrasse.
Par la suite, les travaux concernant les ouvrages en élévation de l’élément central de La Boussole, une médiathèque, réalisés en béton, ont pu commencer, en prenant soin de mettre à niveau l’ensemble des accès – circulations horizontales, escaliers, ascenseurs – notamment pour les PMR.
Verrière en béton : un défi majeur
Mais le défi majeur du projet restait la réalisation de la verrière en béton, qui se compose de poutres en V de 14 m linéaires et 1,50 m de hauteur, qui servent de chenaux à l’eau de pluie, pesant chacune 35 t, liaisonnées avec des poutres intercalaires, et reposant sur des points d’appui ou poteaux à 7 m au-dessus du sol.
« Pour réaliser cet ouvrage exceptionnel, la méthode que nous avons suivie a été de préfabriquer les poutres intercalaires, de les positionner depuis un platelage, puis de les liaisonner avec chaque grande poutre, coffrée, ferraillée et coulée en place l’une après l’autre, explique Xavier Dorado, dirigeant de Batico 88. L’extrémité basse du V ne faisant que 15 cm, nous avons utilisé et mis en oeuvre avec soin un béton autoplaçant, pour obtenir le rendu architectonique final. »
Une mise en oeuvre pointue, qui a clôturé trois ans de travaux perturbés par la pandémie de Covid-19 et qui se traduit par la sensation d’une verrière aérienne, dont les produits verriers innovants offrent une cinématique colorée et changeante en fonction de l’intensité des rayons lumineux.