L’histoire a commencé quand son dernier descendant, Olivier du Boberil, entreprend sa restauration complète. Les fouilles archéologiques préalables aux travaux, réalisées sous la houlette de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), mettent au jour les techniques constructives utilisées et les ajouts et suppressions successives, pour ce bâtiment dont la première mention remonte à 1284 et qui devint, dès le début du xviie siècle, une exploitation agricole, ce qui explique son maintien en l’état et son intérêt patrimonial de premier ordre. « Le caractère exceptionnel de cette restauration tient au fait que le propriétaire a mis un point d’honneur à ce que tous les ouvrages soient reconstruits à l’identique, conformément aux procédés constructifs d’origine révélés par les recherches », déclare Anne Lemoine, directrice de l’agence Lefèvre Centre Ouest Bretagne, spécialisée dans la maçonnerie et taille de pierre en monuments historiques. Pour reconstruire cet édifice très dégradé, ce qui a permis son inscription à l’inventaire des monuments historiques en 2018, l’entreprise a réalisé un chantier de taille de pierre, notamment pour reconstituer les cheminées du premier et du second niveau. Mais, surtout, elle a mis en œuvre un ensemble de maçonneries à la terre, en utilisant un matériau excavé sur place. Ainsi, la façade avant du logis principal en moellons ourdis à la terre a été entièrement démontée puis remontée, tandis que les murs des pignons ont été rebâtis grâce à des briques de terre crue posées en arêtes de poisson. Les planchers ont été entièrement refaits en quenouilles, comme au Moyen Âge, en juxtaposant entre les solives des petits bardeaux de châtaignier enroulés d’un mélange de terre et de paille (environ 3 600 au total), tandis que le sol du rez-de-chaussée a été recouvert de dalles en terre cuite fabriquées au plus près des éléments retrouvés sur place. Les équipes de Lefèvre ont utilisé l’association pans de bois et torchis pour reconstituer les deux étages du « pavillon », une extension datant du xviie siècle dont il ne restait que le rez-de-chaussée en moellons, et la tourelle d’escalier, visible sur des gravures d’époque, dont on n’a retrouvé que les fondations. Une grange, un fournil, un pigeonnier et des douves, appartenant au domaine, demanderont encore plusieurs années de restauration. En attendant, dans son manteau d’enduit traditionnel à la chaux, le manoir offre un vestige émouvant du cadre de vie à l’époque médiévale.