Quand j’ai pris la présidence de la commission technique de la FFB en 2020, mon premier objectif était clair : créer du lien entre les unions de métiers, mutualiser les expertises et bâtir une vision commune.
Nous avons instauré des rendez-vous réguliers regroupant toutes les unions pour évoquer les actualités, identifier les enjeux communs et coconstruire des réponses. C’est dans cet esprit que nous avons bâti notre feuille de route, qui mêle actions de court terme et chantiers de fond.
Parmi les sujets majeurs figure le nouveau règlement Produits de Construction (RPC). Adopté au niveau européen, ce texte, passé de trente pages à l’origine à plus de cent, est devenu très complexe et source d’ambiguïtés.
Nous accompagnons nos métiers pour en décrypter les impacts et limiter les effets contre-productifs. Nous militons également pour en supprimer les mesures aberrantes, à l’exemple d’un marquage CE obligatoire pour des ouvrages ou éléments d’ouvrages – comme une fenêtre sur mesure assemblée en atelier en menuiserie – qui représente une vraie menace.
Autre axe fort : le développement du réemploi. Il n’existait pas de Règles professionnelles structurées pour cette pratique. Nous avons donc lancé un groupe de travail dédié, en lien avec les unions et les artisans.
Une première recommandation professionnelle acceptée par la C2P a vu le jour pour le métal, d’autres sont en cours d’élaboration, notamment sur la lauze pour les couvreurs. L’objectif est de sécuriser techniquement et d’un point de vue assurance ces nouvelles pratiques, pour qu’elles deviennent techniques courantes.
Une doctrine FFB du réemploi a également été publiée fin 2023, précisant les conditions économiques, juridiques et assurantielles nécessaires pour favoriser le réemploi. Elle insiste sur les rôles de chaque acteur (maître d’ouvrage, architectes, entreprises), encourageant une approche globale dès la conception.
Nous avons également choisi de promouvoir les matériaux « écosourcés ». Cette appellation déposée regroupe les matériaux géosourcés comme la pierre ou la terre crue, et biosourcés comme le chanvre, la paille ou le bois.
Avec plusieurs unions, nous travaillons à l’élaboration de référentiels techniques, notamment sur la terre crue, et nous avons mis en place un plan de communication : affiches, réseaux sociaux, kits destinés aux régions… L’idée est de redonner envie aux artisans de bâtir autrement.
Parallèlement à ces actions, nous avons noué plusieurs partenariats structurants : avec l’AQC, pour faire reconnaître les règles pro et pour mener des missions techniques, notamment sur le retrait-gonflement des argiles ; avec le Cepri, pour développer des outils de prévention sur les risques d’inondation.
Deux guides ont ainsi été publiés : l’un à destination des professionnels, l’autre pour les particuliers. Ces outils sont bien reçus par les entreprises, qui les utilisent pour accompagner leurs clients.