Le réemploi des matériaux de construction est une pratique très ancienne dans le bâtiment. Les couvreurs, par exemple, ont toujours récupéré les tuiles et ardoises des toitures pour les réutiliser, et le reconditionnement de pièces anciennes est au cœur du métier des entreprises de monuments historiques. Mais le réemploi, qui se distingue du recyclage par le fait que le matériau est réutilisé tel quel, moyennant souvent un léger traitement, devrait rapidement s’ouvrir à des métiers qui ne le pratiquaient pas jusqu’ici. L’économie circulaire est en effet au cœur des préoccupations sociétales, comme l’illustre la récente loi « anti-gaspillage », qui pousse tous les acteurs économiques à limiter les déchets et à préserver les ressources naturelles. De plus en plus de maîtres d’ouvrage, publics et privés, souhaitent ainsi s’inscrire dans cette tendance et incluent dans leurs marchés des prescriptions sur le réemploi.
Les entrepreneurs peu habitués à mettre en œuvre des ressources « secondaires » peuvent se retrouver démunis face à cette nouveauté : encore peu encadré, le réemploi pose de nombreuses questions sur les risques techniques, assurantiels, logistiques et environnementaux qu’il est susceptible d’entraîner. Par exemple : Comment puis-je évaluer la performance d’un produit non neuf ? Les assurances vont-elles me suivre ? Comment s’assurer de la bonne qualité, de la disponibilité et de la proximité d’un gisement de matériaux à réemployer ? Comment savoir si un produit de réemploi est sûr d’un point de vue sanitaire et environnemental ? Le réemploi est-il rentable pour mon entreprise ?