Restauration : une église (presque) zéro carbone

Au cœur de Paris, les 4 000 m² de peinture intérieure de Saint-Pierre-du-Gros-Caillou ont été repris par l’entreprise de peinture Borry. Au menu : techniques innovantes, gestion responsable et qualité environnementale.
20:1301/06/2021
Rédigé par FFB Nationale
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Retrouvez ce dossier dans notre revue Bâtimétiers
Bâtimétiers Numéro 63 | Juin 2021

Construite en 1830, l’église Saint- Pierre-du-Gros-Caillou, dans le VIIe arrondissement, a été maintes fois remaniée. Une grande opération de rénovation, en 2014, se prolonge par sa restauration intérieure trois ans plus tard. Elle a été orchestrée sous l’égide du label « Chantier Zér0 Carbone », élaboré par l’Association recherche qualité environnementale (ARQE).

Inscrite dans une démarche de gestion de chantier responsable et respectueuse de l’environnement, l’entreprise Borry, basée dans le XVIe arrondissement, est en charge de redonner vie aux 4 000 m² de peinture intérieure. Elle a appliqué les principes de la charte RQE : préserver le capital santé, réduire les risques de pollution, gérer et valoriser les déchets, économiser l’énergie et générer de la richesse. « Nous avons cherché des moyens pour réduire toutes les causes de pollution avec des réponses techniques sur le plan de la qualité environnementale, en adéquation avec ce chantier », explique Emmanuel Borry. Si l’objectif de neutralité carbone a été difficile à atteindre, « une fois le poids de l’impact du chantier mesuré, le reliquat a été compensé par une action de plantation d’arbres », ajoute-t-il.

Parmi les solutions innovantes, le chef d’entreprise a apporté une autre manière de nettoyer les murs encrassés par un chauffage mal configuré et par la suie des cierges. Avec la méthode traditionnelle, « la lessive se rince à grandes eaux, rejetées souillées dans les égouts avec un risque de pollution », souligne Emmanuel Borry. Il opte donc pour une variante d’un procédé de nettoyage « zéro rejet liquide », avec agro-solvant biosourcé, qu’il utilise déjà à l’atelier et sur chantier pour les brosses et outils. « Le fabricant nous a proposé un bac de récupération pour l’agro-solvant, qui est filtré puis décanté et réutilisé pour continuer le lessivage », explique le chef d’entreprise. Cette opération en circuit fermé n’a nécessité que 60 litres de solvant pour nettoyer les 4 000 m² de peintures, au lieu de 5 m³ d’eau qui aurait été souillée et rejetée avec la méthode traditionnelle. Une fois le chantier fini, « l’agro-solvant qui a décanté est récupéré propre. En nettoyant son bac de filtration, nous avons collecté 10 kg de résidus “goudron” traités alors comme un déchet sec », poursuit-il.

Nous avons cherché des moyens pour réduire toutes les causes de pollution avec des réponses techniques sur le plan de la qualité environnementale, en adéquation avec ce chantier.

Emmanuel Borry, dirigeant de l’entreprise Borry, Paris XVIe

Emmanuel Borry ne s’est pas arrêté là. Il a proposé à la maîtrise d’œuvre – l’agence d’architectes du patrimoine Lacoste & Thieulin, qui avait établi un cahier des charges très précis – d’appliquer un revêtement photoactif qui détruit la pollution en réagissant à la lumière. Une fois peints, les murs deviennent autonettoyants. De plus, ils contribuent à assainir l’air intérieur de l’église « auparavant dégradé par la combustion des bougies, la poussière et la pollution urbaine extérieure », précise le peintre. Il a aussi proposé de remplacer l’éclairage vétuste de la voûte par des projecteurs LED à lumière visible et UVA. Résultat : le processus photoactif de la peinture est optimisé, et l’église a réduit sa consommation électrique.

 

Outre la réduction de l’impact environnemental de cette rénovation, « il reste toujours intéressant de réaliser une opération de meilleure qualité d’autant que ces réponses techniques contribuent à prolonger la durée de vie des peintures », souligne Emmanuel Borry. Si les solutions déployées ont représenté un léger surcoût, il a été compensé par une organisation de chantier anticipée en amont des travaux. Avec, à la clé, des économies substantielles tout au long de la vie de l’ouvrage.

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