Semaine de l'entreprise coopérative BTP : à la rencontre de la Scetec, une entreprise coopérative sarthoise qui valorise l'esprit d'équipe, le partage et l'apprentissage

Spécialisée dans le génie climatique et le génie électrique pour les secteurs du logement, du tertiaire et de l’industrie, la SCOP Scetec, installée au Mans, regroupe 170 personnes, dont une vingtaine d’apprentis. Le principe coopératif est au cœur de la réussite de cette entreprise, grâce à des salariés engagés dans une aventure collective, et un dynamisme porté par une politique active dans la formation et l’apprentissage.
 
12:4224/05/2023
Rédigé par
« La Scetec, qualités humaines certifiées ». Une signature qui résume la philosophie et l’ambition de cette entreprise sarthoise, qui a placé l’humain au cœur de sa stratégie pour un développement durable et une meilleure qualité de vie de ses salariés. Cette SCOP, spécialisée dans les métiers des génies électrique et climatique, est née en 1978 de la volonté d’un groupe de 32 salariés à poursuivre leur activité malgré le dépôt de bilan annoncé de la société qui les employait. Ils ont mis en commun leur prime de licenciement pour racheter les actifs de l’entreprise et conserver le carnet de commandes… C’était un pari à haut risque, mais leur détermination à construire un projet ensemble a permis à l’entreprise de grandir pas à pas. D’année en année, la société a continué à prospérer et à redistribuer ses bénéfices. Aujourd’hui, la Scetec emploie 170 salariés, dont 20 apprentis. Elle ne cesse de se développer et d’innover, toujours dans un esprit d’équipe et de partage, des valeurs inhérentes à l’entreprise coopérative.
 
 
Dans un objectif de faire connaître le modèle de l’entreprise coopérative aux apprentis en formation dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, la Scetec a participé à la seconde édition de la Semaine de l’entreprise coopérative BTP, du 27 au 31 mars 2023, organisée par le CCCA BTP en partenariat avec la Fédération SCOP BTP. « À l’occasion de la première édition de la Semaine de l’entreprise coopérative BTP, je me suis rendu à BTP CFA Loire-Atlantique à Saint-Herblain, avec le secrétaire de la Fédération Ouest des SCOP BTP. Nous avons présenté le modèle aux apprentis, en précisant qu’une SCOP reste avant tout une entreprise compétitive, dont le bilan doit être à l’équilibre en fin d’année, mais où l’humain est au cœur de l’organisation, en évoquant la redistribution aux salariés. Nous avons aussi expliqué que ce modèle est une bonne solution pour entreprendre à plusieurs. Les jeunes ont été particulièrement sensibles à cet argument. Ils nous ont aussi demandé si les salariés recevaient un salaire ! », explique Erik Dangremont, PDG de la Scetec, vice-président de la Fédération Scop BTP et administrateur au CCCA-BTP.
 
 
« Une SCOP est le fruit d’une volonté commune. »
 
C’est en 2007 qu’Erik Dangremont est élu PDG de la Scetec. « Mon parcours est digne du modèle SCOP », affirme-t-il. En 1983, après un bac littéraire, il intègre l’entreprise en tant que magasinier. Petit à petit, il y a évolué, passant par l’activité électricité, puis au bureau d’études plomberie-chauffage. En 1998, il devient responsable de l’activité génie climatique. Depuis son arrivée à la présidence, l’entreprise n’a cessé de se moderniser et de se développer, en particulier sur le plan commercial. Autour des activités existantes de plomberie, chauffage et électricité, se sont structurés un service dédié à la climatisation, puis un service de maintenance/SAV. La Scetec peut ainsi répondre à tous les lots techniques d’un bâtiment.
 
 
« Le développement de l’entreprise que j’ai initié a toujours été harmonieux et pérenne. Je gère l’argent de tous les associés. Les décisions sont donc toujours prises avec beaucoup de discernement et de réflexion. C’est le fruit d’une volonté commune. Je me vante d’être l’élu de mes salariés. Le fait de passer par les urnes apporte un regard bienveillant, sans volonté d’outrepasser ses pouvoirs. Nous n’avons jamais connu d’échecs, ni pris de risques inconsidérés. Même si l’entreprise obéit à la règle impérative de réaliser des bénéfices, ma préoccupation première a toujours été celle des femmes et des hommes qui y travaillent. Tout le monde est engagé dans un but commun, collectif, avec un esprit d’équipe. J’ai toujours veillé à valoriser notre marque employeur, d’autant plus dans une période chahutée, où le recrutement est compliqué. Être une SCOP, ce n’est pas seulement se contenter d’empocher des dividendes et un chèque à chaque fin d’exercice, il est important de donner un sens à la vie coopérative. On ne reste pas dans une entreprise uniquement pour le salaire. L’épanouissement et l’estime de soi sont tout aussi déterminants, voire plus importants encore. La redistribution, l’intéressement et la prise de décision commune par rapport aux orientations sont essentiels. Nous nous réunissons au minimum tous les deux mois avec les associés pour expliquer nos orientations, donner la tendance, évoquer les chantiers qui commencent ou se terminent. On donne un maximum d’information aux salariés. »
 
Une vingtaine d’apprentis et une diversité des profils
 
Au fil de son développement, l’entreprise a consacré une place de choix à la formation et à l’apprentissage pour former ses futurs salariés. Cinq à six apprentis sont recrutés chaque année. Ils sont une vingtaine actuellement en formation au sein de la Scetec, contre une quinzaine il y a cinq ans, avec des parcours allant du CAP à l’enseignement supérieur et des profils variés.
 
 
« Quand nous recrutons un apprenti, nous faisons d’abord connaissance à travers un stage d’une à deux semaines. Une matinée d’intégration est organisée au début du mois de septembre pour présenter l’entreprise aux nouveaux apprentis, sa spécificité de SCOP et les différentes étapes pour l’intégrer. Ensuite, quand nous les recrutons en CDI, nous évoquons l’obligation de devenir associé. Ils ont un an jusqu’à trois ans pour le devenir. Dans ce cadre, l’Union régionale des SCOP de l’Ouest (URSCOP) nous accompagne au cours d’une journée de formation, pour apporter aux nouveaux associés un socle commun de connaissances sur le fonctionnement coopératif. Nous travaillons actuellement avec le conseil d’administration pour redéfinir un parcours de tutorat, ajouter peut-être un atelier axé sur le travail collaboratif, pour que chacun comprenne bien les modes de gouvernance de la Scetec et les implications concrètes à devenir associé. »
 
Émilie Dangremont, directrice administrative et financière à la Scetec
 
Lors du recrutement des apprentis, « nous ne refusons jamais les profils atypiques », précise Erik Dangremont. La Scetec voit arriver des personnes en reconversion attirées par les valeurs du modèle coopératif. Ainsi, par exemple, Sophie, une ancienne pianiste, qui se reconverti à 40 ans, dans le génie climatique ou encore Ibrahim, 30 ans, actuellement en alternance pour obtenir le CQP en installateur Mainteneur pompe à chaleur. C’est le cas aussi de Simon Fourrier : après avoir travaillé pendant quinze ans dans l’hôtellerie-restauration, il a souhaité se réorienter dans le second œuvre technique. Il a commencé sa formation par un CAP Installateur sanitaire en un an, puis il rejoint la SCETEC en janvier 2022, pour continuer avec une formation en CAP connexe de Monteur en installations thermiques, suivi d’un brevet professionnel Monteur en installations du génie climatique et sanitaire (MIGS).
 
« Mon ancien métier me plaisait de moins en moins, et mes horaires n’étaient pas vraiment adaptés à une vie de famille. J’ai toujours été manuel, j’avais très envie de souder le cuivre, l’acier, mais je ne pouvais pas le faire chez moi. Avant d’intégrer la Scetec, je ne savais pas ce qu’était une SCOP. L’entraide et la solidarité entre les employés font que l’on se sent beaucoup plus investi, je ne regarde pas ma montre quand il s’agit de finir une tâche ! Je suis bien accompagné par mon maître d’apprentissage, il a à cœur de me faire partager son savoir-faire et de bien m’expliquer le métier. J’ai très envie d’évoluer au sein de la Scetec pour appréhender différents types de chantiers et avoir une bonne maîtrise des techniques. J’espère être embauché et devenir chef d’équipe ou conducteur de travaux. »
 
Simon Fourrier, en formation au sein de la Scetec
 
Simon est actuellement accompagné sur les chantiers par Denis Sabathier, conducteur de travaux depuis 2002. Il est entré à la Scetec en 1998 pour se former en alternance au brevet de maîtrise en plomberie. Il est très attaché à transmettre son savoir et son expérience à des apprentis. « Dans une SCOP, la transmission du savoir est peut-être plus importante, car on assure notre propre avenir. On s’entraide beaucoup, on a la préoccupation de bien faire. Nous participons aux décisions de l’entreprise, ce qui permet de s’investir et d’être dans la réflexion, de savoir que l’on compte dans l’entreprise. Mon projet au départ était de devenir artisan, mais dès mon arrivée à la Scetec, j’ai vu les possibilités d’évolution. Je n’ai jamais pensé à partir », explique Denis Sabathier.
 
 
« Dans une SCOP, nous sommes tous acteurs de notre entreprise. »
 
L’année 2023 sera riche en événement pour la Scetec. Au printemps, elle devrait mettre en place la semaine de quatre jours, pour assurer une meilleure qualité de vie des salariés. Et en septembre 2023, Éric Dangremont quittera la présidence, tout en restant administrateur jusqu’en 2025, pour laisser la place à Emmanuel Hemon, directeur général délégué et responsable de l’activité génie climatique. Ce changement de direction se fait sans précipitation, dans la douceur et la transparence. Une force liée au modèle coopératif.
 
 
« La SCOP a favorisé mon ascension sociale. Je suis arrivé dans l’entreprise en 1995 pour y effectuer un stage d’étude. Un an plus tard, je devenais salarié en tant que dessinateur projeteur. Désormais, je suis responsable de l’activité génie climatique. En plus de vingt-cinq ans, je suis passé par tous les postes. Les salariés me font confiance, je les connais tous. À mon arrivée, nous étions 80 salariés, il y en a 170 aujourd’hui. Une entreprise classique pourrait connaître le même développement, mais pas à la même vitesse. Dans une SCOP, nous sommes tous acteurs de notre entreprise, nous avons envie de la voir évoluer, conquérir de nouveaux marchés, être aussi précurseur et relever des challenges. Par exemple, l’année dernière nous sommes partis en Angleterre pour l’un de nos clients qui souhaitait installer une chaîne de production, c’était un défi, on l’a fait ! Une SCOP permet cette agilité, car on est dans un état d’esprit d’équipe, on est une famille, on avance tous dans une direction commune. »
 
Emmanuel Hemon, directeur général délégué et responsable de l’activité génie climatique, prochain PDG de la Scetec en septembre 2023

 

Trois questions à… Erik Dangremont, PDG de la Scetec jusqu’en septembre 2023, vice-président de la Fédération SCOP BTP, administrateur au CCCA-BTP
 
« J’ai souhaité anticiper mon départ pour une transmission en douceur et par étape. »
 
Pourquoi avez-vous souhaité mettre en place la semaine de quatre jours ?
 
Avec ce projet ambitieux, nous voulons améliorer la qualité de vie de tous les salariés, leur donner envie de rester dans l’entreprise, mais aussi fortifier la marque employeur pour attirer de nouveaux talents. Une telle décision, comme toutes celles au sein d’une SCOP, est prise après consultation de l’ensemble des associés. Ce projet est le fruit d’une réflexion collective qui évite les erreurs. Rien n’est fait dans la brutalité. Nous en avons d’abord parlé aux encadrants, puis des groupes de travail ont été mis en place sur la faisabilité, en tenant compte de toutes les réalités de nos activités, afin de recueillir l’adhésion la plus large, car cela suscite chez certains salariés des interrogations.
 
Emmanuel Hemon vous remplacera à la direction en septembre 2023, comment se déroule cette succession ?
 
J’ai souhaité anticiper mon départ pour une transmission en douceur et par étape. Je connais Emmanuel depuis son arrivée en tant que stagiaire. Il a repris l’activité génie climatique que je dirigeais. Ses méthodes sont appréciées. Il est très sérieux, reconnu et déjà coopté par l’ensemble des associés. C’est une transmission naturelle. Je souhaitais qu’il soit président du conseil en septembre 2023, avant la fin de mon mandat d’administrateur en 2025, pour l’accompagner si besoin. Cette transmission est facilitée par le fait, que, lorsque je partirai, je laisserai tout dans la coopérative. Je ne vends rien et le futur président n’achète rien, c’est un bien collectif. Ça peut être plus compliqué pour une entreprise classique où il y a des biens et que l’acquéreur doit tomber d’accord avec le vendeur.
 
De quoi serez-vous le plus fier à votre départ de la Scetec ?
 
Je suis fier de laisser une entreprise qui fonctionne bien, avec de bons résultats, des perspectives et des salariés engagés. Je retiendrai aussi le regard bienveillant que portent les personnes sur la Scetec, en interne et en externe. Elle bénéficie d’une forte notoriété et d’une bonne image. La Scetec est sponsor du club de foot et de basket au Mans, elle est aussi mécène du théâtre des Jacobins et partenaire d’une association pour inciter les jeunes des quartiers à faire du sport… Une entreprise, encore plus une SCOP, a une responsabilité sociétale, ce ne sont pas que des mots ! Si une entreprise n’œuvre pas sur son territoire pour faire avancer les choses, elle ne joue pas son rôle. Le territoire c’est notre ancrage.
 
 
Trois questions à… Émilie Dangremont, directrice administrative et financière à la Scetec
 
« Être une entreprise qui embauche des apprentis, c’est aussi être acteur sur son territoire. »
 
En quoi est-il important pour la Scetec d’avoir une politique active en matière d’apprentissage ?
 
Chaque année nous accueillons de plus en plus d’apprentis pour faire face au développement de notre activité. Former des apprentis fait partie intégrante de notre politique de recrutement, d’autant plus que notre secteur est marqué par une forte pénurie de main-d’œuvre. Si tout se passe bien, nous embauchons nos apprentis. Ils sont nos associés de demain. Leur présence permet aussi de faire venir du sang neuf, de faire évoluer les mentalités. Chaque génération a sa place dans l’entreprise, c’est important.
 
Le modèle coopératif est-il un plus pour recruter des apprentis ?
 
Pas forcément, mais certains apprentis, en particulier les personnes en reconversion professionnelle, sont attirés par le modèle coopératif qui va à l’encontre de schémas qu’ils ont connus dans leur vie professionnelle précédente. Il apporte des réponses à certains défis de la société qui leur tiennent à cœur, comme la redistribution des richesses ou la responsabilité sociétale des entreprises… Une entreprise qui embauche des apprentis est aussi acteur sur son territoire, en permettant à des jeunes d’accéder à l’emploi, d’apprendre un métier, et d’être valorisés dans un collectif. Cet aspect peut également compter aux yeux des apprentis.
 
Les salariés témoignent d’une grande fidélité à l’entreprise, il y a peu de départs. À quoi l’attribuez-vous ?
 
Il y a chez tous nos salariés le sentiment de pouvoir s’impliquer et de faire partie d’un collectif. N’importe quel associé peut se présenter pour devenir membre du conseil d’administration, douze places sont réservées aux salariés associés, il n’y a pas d’associés externes. Quand on ne souhaite pas être administrateur, on peut prendre part à la vie coopérative en posant des questions en réunion, en proposant des sujets, des axes de travail. Ce sont les associés qui s’emparent des sujets, qui font des remontées du terrain, ou qui vont demander des retours sur des décisions prises précédemment. Cette démocratie participative est renforcée par la redistribution des richesses entre tous. La SCOP favorise ainsi l’équité, la solidarité, et l’entraide.
 

Contenu réservé aux adhérents FFB

  • Profitez aussi de conseils et de soutien

    Des services de qualité, de proximité, avec des experts du Bâtiment qui connaissent vos enjeux métier et vous accompagnent dans votre quotidien d'entrepreneur.

  • Intégrez un réseau de 50 000 entreprises

    La FFB est fière de représenter toutes les entreprises du bâtiment, les 2/3 de nos adhérent(e)s sont des entreprises artisanales.

  • Bénéficiez des dernières informations

    Recevez Bâtiment actualité 2 fois par mois pour anticiper et formez-vous aux évolutions des métiers ou de la législation.

Pour contacter facilement votre fédération et accéder aux prochaines réunions
Vous n'êtes pas adhérent et vous cherchez une information ?