Dans une lettre datée du 23 septembre 2025, un membre de la Commission européenne informe le président de la commission ENVI (Commission de l’environnement, du climat et de la sécurité alimentaire) du Parlement européen des difficultés liées à la mise en œuvre de la Réglementation européenne sur les produits sans déforestation (EUDR).
Les nouvelles projections montrent une surcharge importante du système informatique central, due à la complexité des obligations et des interactions entre opérateurs.
Cette situation fait craindre des ralentissements critiques compromettant la conformité des entreprises et les objectifs de durabilité.
Face à ces risques, la Commission européenne a annoncé, le 23 septembre 2025, son intention de reporter d’un an l’entrée en application du règlement contre la déforestation importée (RDUE).
Concrètement, cela reporterait son application :
- du 30 décembre 2025 au 30 décembre 2026 pour les grandes entreprises,
- et du 30 juin 2026 au 30 juin 2027 pour les PME.
Cette annonce reste à confirmer, car elle devra passer par le Parlement et le Conseil européens avant d’être formalisée dans un texte réglementaire. Néanmoins, une majorité parlementaire semble déjà acquise.
Une décision qui soulève incompréhension et incertitudes
Pour la filière bois, ce report est surprenant. Adopté en juin 2023 et présenté comme une mesure phare du Pacte Vert européen, le RDUE devait envoyer un signal fort. Deux ans et demi plus tard, ce recul crée une incertitude réglementaire et fragilise les entreprises déjà mobilisées pour anticiper ses exigences.
Le risque est double :
- voir les filières responsables pénalisées,
- et ouvrir la porte à de futures remises en cause de l’ambition environnementale européenne.
La position de l’UMB-FFB
L’UMB-FFB rappelle son attachement à :
- un cadre réglementaire clair et ambitieux en faveur de la gestion durable des forêts,
- la valorisation des certifications PEFC et FSC, gages de traçabilité et de durabilité,
- une mise en œuvre pragmatique et progressive, adaptée aux réalités des PME du bois-construction.
- La limitation de l’obligation de DDS à l’importateur et à son 1er client (“importer + 1”)
Dans cette logique, l’UMB-FFB propose que les charpentiers et menuisiers ne demandent des déclarations de diligence raisonnée (DDR) à leurs fournisseurs que pour les lots de bois et produits dérivés non certifiés PEFC ou FSC.
Cette approche :
- simplifie les démarches administratives,
- renforce la confiance dans les labels de gestion durable,
- et permet de concentrer les efforts de conformité là où ils sont réellement nécessaires.
Vigilances exprimées par la profession
Les retours de terrain des entreprises mettent en avant plusieurs difficultés :
- Manque de clarté sur les obligations après importation (suivi des stocks, transmission des n° TRACES, réexportation, etc.),
- Charge administrative disproportionnée, notamment pour les PME,
- Risque de désavantage compétitif pour le bois par rapport à d’autres matériaux non concernés par ces obligations.
Ces préoccupations doivent être entendues et intégrées dans les ajustements à venir, sans pour autant affaiblir le texte législatif initial.
Et maintenant ?
L’UMB-FFB poursuivra son action pour défendre une position équilibrée :
- garantir une réglementation ambitieuse et crédible,
- mais aussi applicable et réaliste pour les acteurs du bois-construction.
Nous vous tiendrons informés des évolutions dans les prochaines semaines et restons à l’écoute de vos retours pour alimenter nos propositions.