Le logement neuf résiste grâce à l’ouverture du crédit immobilier
De fait, côté logement neuf, les ventes s’inscrivent à nouveau en croissance dans l’individuel diffus, à +4,7 % en glissement annuel sur sept mois à fin juillet 2019, et les permis commencent à bénéficier de l’embellie, avec une petite hausse de 1,3 % sur le cumul mai-juillet 2019 comparé à mai-juillet 2018. La baisse des taux d’intérêt et, plus encre, celle des taux d’apports personnels expliquent très largement cette inflexion, portée par le retour de ménages modestes sur le marché. Les mises en chantier, en baisse contenue de 2,5 % sur la période, devraient suivre.
Les tendances s’avèrent un peu moins claires dans le collectif. Certes, les permis et mises en chantier se replient encore de plus de 8 % en glissement annuel sur trois mois à fin juillet 2019. […]
Au global, pour le bâtiment, la crise sur ce segment ressortira plus limitée que nous ne l’avions craint. […]
Le non résidentiel neuf accélère
Les données officielles s’avèrent encourageantes sur l’activité en non résidentiel neuf. Hors locaux agricoles, les surfaces autorisées et commencées progressent respectivement de 15,6 % et 4,7 % en glissement annuel sur sept mois à fin juillet 2019. Le mouvement doit beaucoup au segment des locaux industriels et assimilés, mais le redressement se lit aujourd’hui aussi sur celui des bureaux et se prépare sur les marchés des commerces et bâtiments administratifs, dont les permis ressortent en hausse.
Plus encore, il faut insister sur la nette déconnection entre la rapide hausse des permis et celle, plus contenue, des mises en chantier. Ce grand écart s’observe depuis 2010 mais atteint aujourd’hui des niveaux qui relèvent de l’erreur statistique. Cela fait étrangement écho aux raisons qui ont présidé à la mise en place des publications en « date réelle estimée » depuis 2012 côté logement. En clair, nous pensons que, dans les données officielles, il manque des mises en chantier pour le non résidentiel et que la tendance réelle s’inscrit au-delà de ce qui ressort des publications Sit@del2.
En conséquence, notre prévision initiale d’une progression de 3,0 % de l’activité bâtiment en non résidentiel est revue à +6,4 % pour 2019.
L’amélioration-entretien hésite, comme prévu
Après un repli de 2,3 % de l’activité entre les premiers trimestres 2018 et 2019, une inflexion de tendance se lit pour le deuxième trimestre avec +0,5 % et devrait se confirmer au troisième trimestre 2019, compte tenu des perspectives déclarées par les chefs d’entreprises.
De plus, les annonces concernant la complexe réforme du CITE, singulièrement la suppression de l’aide pour les ménages les plus aisés, viendront doper le marché en fin d’année, puisque le bénéfice du CITE nécessite une facture acquittée.
Malgré un tout début d’année difficile, l’année 2019 devrait donc connaître une production en petite hausse de 0,3 % en volume, contre +0,5 % initialement prévu.
Une année 2019 positive pour le bâtiment…[…]
Cette amélioration repose toutefois très largement sur un facteur clef, déjà signalé : un élargissement très net du marché du crédit, notamment auprès des artisans et PME, comme des ménages accédants modestes. Or, une double menace pèse sur cet environnement :
-
premièrement, un durcissement des règles prudentielles s’appliquant aux établissements de crédit. Le risque étant évidemment concentré sur la clientèle la moins biens dotée en fonds propres ou en épargne, elle serait la première grande perdante à une telle réforme ;
-
deuxièmement, dès le 1er janvier 2020, une suppression du PTZ dans le neuf en zones B2 et C, soit sur les seuls territoires où la primo-accession des ménages modestes s’avère possible.
[…]
Enfin, côté cycle d’exploitation, deux sujets inquiètent :
-
Il s’agit tout d’abord de la suppression de l’accès au gazole non routier (GNR). J’en ai déjà parlé, je n’y reviens pas, sauf pour dire que nous craignons toujours le risque de concurrence déloyale avec les entreprises agricoles d’une part, que nous attendons avec impatience le détail des mesures compensatoires pour nous prononcer d’autre part.
-
Il s’agit ensuit des débats toujours en cours sur le rabotage de la déduction forfaitaire spécifique (DFS) et/ou du Fillon associé. Si au final, le choix d’une mesure de moindre complexité fait pencher la balance pour cette dernière hypothèse, le plafonnement retenu doit impérativement être relevé.
Là encore, nous sommes dans l’attente du périmètre exact de la réforme. À nouveau, l’immobilier se trouve donc menacé de coupes prématurées.
Une nécessaire réforme de l’apprentissage
Un point sur la réforme de l’apprentissage. Le gouvernement a profondément réformé le modèle économique des centres de formation par l’apprentissage (CFA). Il a revu de fond en comble son financement, instauré la concurrence entre les organismes de formation et simplifié certains dispositifs pour les entreprises. Après s’être émue de cette réforme, la FFB a la volonté de renforcer l’apprentissage et d’en faire une véritable filière d’excellence. La politique qu’elle propose permettra d’assurer aux CFA du bâtiment le financement de leur développement et leur adaptation aux défis de la réforme, dans le respect de leur autonomie, tout en préservant une nécessaire mutualisation.
Pour cela, la FFB propose de mettre en œuvre une politique basée sur des principes de bon sens :
-
faire confiance aux acteurs du terrain plutôt qu’aux structures nationales, nécessairement plus éloignées d’un indispensable service de proximité;
-
maintenir l’effort financier de la profession, mais en affectant les fonds aux besoins réels des artisans, des entrepreneurs et des jeunes ;
-
fournir des moyens aux réseaux d’apprentissage pour mettre en place plus de proximité, plus de qualité, plus de numérique ;
-
communiquer plus et mieux pour attirer les jeunes talents ;
-
clarifier les circuits financiers pour faire des économies.
C’est d’ailleurs dans cette volonté que la FFB s’investit pleinement depuis des années dans les Worldskills. Cette compétition internationale rassemble, tous les deux ans, plus de 1.600 candidats de moins de 23 ans, venus de 60 pays pour s’affronter dans près de 50 métiers dont 13 du BTP. […]
Gestion des déchets du bâtiment
Brune Poirson, la secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire a réuni l’ensemble de la profession et des élus afin d’acter une série de mesures destinées à améliorer la gestion des déchets de la construction et lutter contre les décharges sauvages, avant l’examen du projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire au Sénat.
La FFB tient à rappeler que le secteur, bien qu’étant un producteur important de déchets avec 46 millions de tonnes par an, est loin d’être le principal responsable des décharges sauvages, comme l’a confirmé la secrétaire d’Etat lors de la concertation de la semaine dernière. […]
La FFB estime par ailleurs qu’une contribution prélevée sur une assiette large de produits et matériaux, y compris ceux qui sont importés, et vendus en GSB aux particuliers, constituerait une solution de financement équitable. Cette contribution servirait, sous le pilotage d’une interprofession à construire avec l’ensemble des acteurs et les pouvoirs publics, à financer, d’une part, des actions ciblées pour développer le recyclage, et, d’autre part, à renforcer le maillage territorial en points de collecte, publics ou privés, comme évoqué précédemment.
Ce second point reste la priorité pour lutter contre les dépôts sauvages. […]
Le projet de loi anti gaspillage qui sera débattu dans quelques jours au parlement doit clarifier l’ensemble de ces propositions. Il doit permettre de rendre plus opérationnel toutes les mesures liées à la collecte et au recyclage des déchets du bâtiment tout en maîtrisant l’impact sur les coûts de la construction.
Voir les chiffres présentés lors de la conférence de presse (.pdf)
Lire la note de conjoncture (.pdf)