Loi pour renforcer la prévention en santé au travail : ce qu’il faut retenir

La loi pour renforcer la prévention en santé au travail du 2 août 2021 1, qui doit être complétée par de nombreux décrets d’application, sera applicable en majeure partie à compter du 31 mars. Entre le renforcement de la prévention en entreprise, la lutte contre la désinsertion professionnelle et la réforme des services de santé au travail, voici les principales évolutions de la loi.
7:1423/03/2022
Rédigé par FFB Nationale
revue
Retrouvez ce dossier dans notre revue Batiment Actualité
Batiment Actualité Numéro 5 | Mars 2022

Renforcement de la prévention en entreprise

 

Évaluation des risques professionnels

Si l’employeur conserve la responsabilité de l’évaluation des risques, le CSE (dans les entreprises d’au moins 50 salariés), le salarié « compétent » (salarié référent prévention désigné par l’employeur) et le service de santé au travail (renommé service de prévention et de santé au travail) contribuent à l’évaluation des risques professionnels de l’entreprise, qui doit désormais prendre en compte l’organisation du travail. L’OPPBTP, la Carsat et l’INRS peuvent aussi être sollicités.

Le CSE est par ailleurs consulté sur le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUER) et ses mises à jour.

 

Le DUER répertorie l’ensemble des risques professionnels auxquels sont exposés les salariés et assure aussi désormais une traçabilité collective des expositions.

Selon des modalités à fixer par décret, l’employeur y transcrit les résultats de l’évaluation des risques qui débouchent :

  • dans les entreprises d’au moins 50 salariés, sur un programme annuel de prévention des risques professionnels et d’amélioration des conditions de travail, désormais renforcé puisqu’il devra fixer la liste détaillée des mesures de prévention devant être prises au cours de l’année à venir, avec les conditions d’exécution de chaque mesure, fixer des indicateurs de résultat et des estimations de coût. Le programme devra également identifier les ressources de l’entreprise pouvant être mobilisées et comprendre un calendrier de mise en œuvre ;
  • dans les entreprises de moins de 50 salariés, sur une liste d’actions de prévention des risques et de protection des salariés à mettre en œuvre, à consigner dans le DUER et ses mises à jour.

Le DUER devra désormais être conservé par l’employeur dans ses versions successives pendant au moins 40 ans. Il devra être tenu à la disposition des salariés, des anciens salariés et de toute personne justifiant d’un intérêt à y avoir accès.

Pour garantir l’obligation de conservation, le DUER et ses mises à jour feront l’objet d’un dépôt dématérialisé sur un portail numérique.

Les modalités de conservation du DUER et de son dépôt sur le portail numérique seront précisées par décret (obligation de dépôt dématérialisé du DUER applicable à compter du 1er juillet 2023 pour les entreprises d’au moins 150 salariés, et à compter d’une date fixée par décret, au plus tard à compter du 1er juillet 2024, pour les entreprises de moins de 150 salariés).

L’employeur devra également transmettre à son service de prévention et de santé au travail le DUER et ses mises à jour.

 

Formation des représentants au CSE

La loi fixe un délai de formation obligatoire en santé au travail pour les représentants du personnel au CSE :

  • cinq jours au minimum lors du premier mandat ;
  • trois jours en cas de renouvellement du mandat.

 

Pour les membres de la commission santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT) lorsqu’elle existe, la durée de la formation est de cinq jours au minimum.

 

Ces formations pourront être prises en charge par l’OPCO sous conditions dans les entreprises de moins de 50 salariés.

 

Création d’un passeport prévention

La loi crée un passeport prévention qui comprend les attestations, certificats et diplômes délivrés au salarié dans le cadre de formations relatives à la santé et à la sécurité au travail.

Les éléments contenus dans le passeport prévention sont renseignés par l’employeur, les organismes de formation et le salarié lui-même pour les formations suivies de sa propre initiative.

 

Le salarié pourra autoriser l’employeur à consulter l’ensemble des données contenues dans le passeport prévention (y compris celles qu’il n’y a pas versées) pour les besoins du suivi des obligations du salarié en matière de formation à la santé et à la sécurité.

 

Les modalités de fonctionnement du passeport prévention seront déterminées par décret pour une entrée en vigueur au plus tard le 1er octobre 2022.

 

À noter : si le salarié possède un passeport d’orientation, de formation et de compétences, son passeport de prévention y sera intégré.

 

Lutte contre la désinsertion professionnelle

 

Création d’une cellule de prévention de la désinsertion professionnelle

Chaque service de prévention et de santé au travail (SPST) devra désormais comprendre une cellule de prévention de la désinsertion professionnelle (PDP), animée et coordonnée par le médecin du travail.

La cellule PDP aura plusieurs missions, parmi lesquelles :

  • proposer des actions de sensibilisation ;
  • identifier des situations individuelles et proposer, en lien avec l’employeur et le salarié, des mesures d’aménagement, d’adaptation ou de transformation ;
  • accompagner les salariés éligibles à des actions de prévention de la désinsertion professionnelle portées par la Sécurité sociale.

 

La cellule PDP remplira ses missions en collaboration avec l’Assurance maladie, la Carsat et les acteurs chargés du dispositif d’emploi des personnes handicapées.

 

Dans les conditions fixées par les décrets à venir, l’accès aux dispositifs de maintien dans l’emploi sera facilité :

  • suppression dans certains cas de l’exigence d’ancienneté pour le projet de transition professionnelle ;
  • réaffirmation des dispositifs de prévention de la désinsertion professionnelle de l’Assurance maladie comme l’essai encadré ou encore la convention de rééducation professionnelle en entreprise (CRPE), qui n’est plus seulement réservée aux travailleurs reconnus handicapés.

 

De nouvelles visites en lien avec le médecin du travail

Pour lutter contre la désinsertion professionnelle, de nouveaux rendez-vous sont créés :

  • une visite médicale, dite de « mi-carrière », à organiser à une échéance déterminée par accord de branche ou, à défaut, durant l’année civile du 45e anniversaire du salarié, devient obligatoire.
    Elle a pour objectif :
    – d’établir un état des lieux de l’adéquation entre le poste de travail et l’état de santé du salarié ;
    – d’évaluer les risques de désinsertion professionnelle, en prenant en compte l’évolution des capacités du salarié en fonction de son parcours professionnel, de son âge et de son état de santé ;
    – de sensibiliser le salarié aux enjeux du vieillissement au travail et de la prévention des risques professionnels. Après échange avec le salarié et l’employeur, le médecin du travail pourra proposer au salarié des mesures d’adaptation/de transformation de poste ou d’aménagement du temps de travail ;
  • un rendez-vous de liaison (dont les modalités sont attendues par décret), pouvant être organisé pendant la suspension du contrat de travail du salarié, sera également possible.
    Ce rendez-vous pourra être sollicité par l’employeur ou le salarié et associera le service de prévention et de santé au travail.
    Il aura pour objectif d’informer le salarié qu’il peut bénéficier d’actions de prévention de la désinsertion professionnelle, dont celles prévues par l’Assurance maladie, de l’examen de préreprise et de mesures d’adaptation individuelles.

 

Les délais de visites de reprise et de préreprise pourront être modifiés selon des modalités fixées par décret.

 

Par ailleurs, les salariés qui relèvent ou ont relevé du suivi individuel renforcé (SIR) bénéficient depuis peu d’une visite médicale avant leur départ à la retraite. Désormais, cette visite aura lieu plus tôt, dès la cessation de leur exposition à des risques particuliers pour leur santé.

 

Pour les salariés exposés à des risques dont les effets peuvent être différés (comme le risque chimique), le médecin du travail mettra en place une surveillance post-exposition ou post-professionnelle, en lien avec le médecin traitant et le médecin-conseil des organismes de sécurité sociale. Un décret est attendu sur les modalités de cette visite.

 

Réforme des services de santé au travail

En plus de leur objet traditionnel, les services de santé au travail – renommés service de prévention et de santé au travail (SPST) – se voient confier des nouvelles missions relevant de la santé publique, comme la participation à la vaccination ou la prévention de la consommation d’alcool et de drogue sur le lieu de travail.

 

En contrepartie de la cotisation obligatoire, le SPST devra désormais proposer à chaque entreprise adhérente une offre de services obligatoire, nommée offre socle, en matière de prévention des risques professionnels, de suivi de santé individuel des salariés et de prévention de la désinsertion professionnelle.

En plus de l’agrément délivré par la DREETS, les services seront soumis à une procédure de certification pour ce qui concerne l’offre socle. Il sera désormais possible, avec l’accord du salarié, de recourir à des pratiques médicales à distance pour le suivi individuel du salarié. Les travailleurs indépendants, y compris sans salarié, pourront s’affilier aux services de prévention et de santé au travail.

 

Enfin, en matière de gouvernance, le conseil d’administration, composé à parts égales de représentants des employeurs et des salariés, reste présidé par un représentant des employeurs avec une voix prépondérante du président en cas de partage des voix. Mais certaines règles sont modifiées, mettant automatiquement fin aux mandats en vigueur le 31 mars 2022.

Ainsi, les membres employeurs au sein du conseil sont dorénavant désignés par les organisations patronales représentatives sur le plan national, par les organisations patronales de branche pour les services professionnels et par les organisations patronales interprofessionnelles pour les services interprofessionnels. Un vice-président salarié est introduit au sein du conseil d’administration.

 

  1. Loi n° 2021-1018.

En bref...

Renforcement du DUER

 

Formation des représentants au CSE

 

Création d’un « passeport prévention »

 

Mise en place de cellules de prévention de la désinsertion professionnelle

 

Nouvelles visites en lien avec le médecin du travail

 

Changement de dénomination des services de santé au travail

 

Définition d’une offre de services obligatoire

 

Modification de la gouvernance des services de prévention et de santé au travail

Contenu réservé aux adhérents FFB

  • Profitez aussi de conseils et de soutien

    Des services de qualité, de proximité, avec des experts du Bâtiment qui connaissent vos enjeux métier et vous accompagnent dans votre quotidien d'entrepreneur.

  • Intégrez un réseau de 50 000 entreprises

    La FFB est fière de représenter toutes les entreprises du bâtiment, les 2/3 de nos adhérent(e)s sont des entreprises artisanales.

  • Bénéficiez des dernières informations

    Recevez Bâtiment actualité 2 fois par mois pour anticiper et formez-vous aux évolutions des métiers ou de la législation.

Pour contacter facilement votre fédération et accéder aux prochaines réunions
Vous n'êtes pas adhérent et vous cherchez une information ?