Si la crise que vient de traverser le bâtiment est encore dans les têtes de tous les entrepreneurs et artisans, pour ceux qui éclairent nos décideurs elle semble oubliée !
 
À peine la nouvelle attaque contre la TVA à taux réduit était-elle lancée qu'une menace bien plus sournoise se mettait en place sur les aides au logement.
 
Dans un contexte de contraintes budgétaires fortes, un triumvirat d'économistes proches du pouvoir se propose, au nom de l'équité, de conditionner ces aides à des plafonds de ressources, à commencer par le Pinel, qui constituerait une « aide aux riches ». Mais le raisonnement peut aussi s'appliquer au taux réduit de TVA, à la prime Hulot qui remplacera prochainement le CITE, etc.
 
Cette approche ignore toutefois deux réalités fondamentales. Tout d'abord, en deçà d'un certain niveau de ressources, on n'accède pas à la propriété et encore moins à un bien de placement. Faute de soutenir les ménages en capacité d'investir dans le locatif privé, l'atrophie de ce parc pénalisera au final les plus modestes et les jeunes actifs, qui ne pourront plus se loger dans de bonnes conditions. Ensuite, les travaux importants relèvent rarement des locataires ou des propriétaires modestes. Exclure les ménages moyens et aisés de l'ensemble des aides à la rénovation, c'est donc s'engager dans une dégradation inéluctable du parc de logements.
 
À l'heure où les négociations sur le projet de loi de finances pour 2019 vont débuter, la FFB est déterminée à rappeler au gouvernement ces réalités et à souligner que les aides sont, avant tout, la conséquence d'une fiscalité immobilière dissuasive?!
Jacques Chanut
Président de la Fédération Française du Bâtiment