Planchers collaborants acier/béton : une nouvelle rigueur de conception et d'exécution

Les recommandations professionnelles pour les planchers collaborants acier/béton classent ces ouvrages parmi les techniques courantes, tout en fixant de nouvelles règles – flèche maximale, épaisseur minimale de béton, treillis soudés minimums… – qui réduisent la fissuration et tirent leur qualité vers le haut.
9:4015/12/2022
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Retrouvez ce dossier dans notre revue Bâtimétiers
Bâtimétiers Numéro 69 | Décembre 2022

C’est un changement important pour les professionnels qui réalisent des planchers collaborants acier/béton. Les Avis techniques et le CPT 3730_V2, qui encadraient depuis des décennies la conception et la mise en œuvre de ces ouvrages, ont été annulés et remplacés par des recommandations professionnelles, publiées en juillet 2020 et entrées en application le 1er avril 2022. Ces nouvelles recommandations ont permis de mettre le calcul et le dimensionnement des planchers collaborants acier/béton en conformité avec l’Eurocode 4, et de les classer dorénavant en technique courante, ce qui garantit leur assurabilité.

 

Ces recommandations ont été élaborées avec un objectif majeur : améliorer la qualité des planchers collaborants en faisant reculer la fissuration qui, si elle n’est pas de nature structurelle mais esthétique, porte préjudice à ce type d’ouvrage. Pour maîtriser cette fissuration, la flèche des planchers est désormais limitée à L/500 pour les portées inférieures à 7 m, quand le plancher est destiné à recevoir un revêtement de sol fragile, par exemple une finition avec durcisseur minéral (quartz) ou encore un carrelage collé. La flèche est de L/350 au maximum pour une portée de 7 m dans les autres cas. « Chargés du dimensionnement des ouvrages, les fournisseurs de bacs acier doivent dorénavant respecter cette flèche, en prenant en compte dans leur note de calcul la portée et la charge reprise par le plancher », explique Jérôme Crépet, responsable du bureau d’études de Soredal – une entreprise leader dans les sols industriels, implantée à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), qui emploie quelque 130 salariés dans ses filiales réparties dans le Grand-Est et le centre de la France. La maîtrise de la flèche est obtenue en jouant notamment sur l’épaisseur de la tôle du bac acier, sur la portée des bacs et sur l’épaisseur de béton.

 

Pour améliorer la qualité des planchers collaborants, les recommandations professionnelles créent de nouvelles exigences. « Jusqu’à maintenant, il n’était pas possible de caler les armatures dans les bacs, faute d’épaisseur de béton suffisante au-dessus de la tôle acier, ce qui entraînait des désordres, ajoute le responsable d’études. Avec les nouvelles règles, la présence de cales sous les treillis soudés est obligatoire, ce qui conduit à mettre en œuvre une épaisseur de béton minimale de 8 cm au-dessus du bac acier pour un treillis soudé ST25C avec une superposition de trois panneaux de TS au droit des recouvrements. » Troisième changement important : une nouvelle règle de dimensionnement impose des treillis soudés plus conséquents (exclusivement à mailles carrées) de 0,4 % de l’aire de béton sur la hauteur hc au-dessus des nervures (soit ST25C ou ST40C en fonction de hc). Enfin, les fournisseurs de bacs acier doivent dorénavant prendre en compte la flèche du plancher non seulement dans le sens porteur du bac, raidi par les nervures, mais aussi dans le sens perpendiculaire où le bac est plus souple, ce qui est la cause de la fissuration au droit des poutres principales.

 

« Toutes ces mesures permettront de limiter avec profit la flèche et donc la fissuration des planchers collaborants, se réjouit Jérôme Crépet, mais il faut rappeler que la fissuration est un phénomène inhérent à la nature du béton, et n’est pas préjudiciable au fonctionnement du plancher. » Dernier point important, les recommandations professionnelles prévoient que des points de fixation doivent être créés sur la structure porteuse avant la mise en œuvre des bacs, pour recevoir les dispositifs de protection collective, afin de permettre les interventions en toute sécurité des phases ultérieures (pose des bacs, ferraillage, coulage, lissage, intervention des autres entreprises sur l’ouvrage en phase provisoire).

 

Toutes ces mesures permettront de limiter avec profit la flèche et donc la fissuration des planchers collaborants. 

Jérôme Crépet, responsable du bureau d’études de Soredal (Chalon-sur-Saône, Saône-et-Loire).

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