REP Bâtiment : vers une massification du recyclage des déchets

Maillage du territoire en points de collecte et de traitement, objectifs de recyclage et de réemploi à atteindre, résorption des dépôts sauvages… les quatre éco-organismes agréés par les pouvoirs publics ont pour mission de trouver un débouché aux 46 millions de tonnes de déchets annuels du secteur et de permettre aux entreprises de travaux qui respecteront les règles de tri de bénéficier d’un traitement gratuit de leurs déchets.
9:5415/12/2022
Rédigé par FFB Nationale
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Bâtimétiers Numéro 69 | Décembre 2022

Avec une année de retard sur le calendrier prévu, due principalement à la complexité de sa mise en œuvre, la REP PMCB – responsabilité élargie du producteur des produits et matériaux de construction du bâtiment –, ou plus simplement REP Bâtiment, devrait entrer en vigueur progressivement à compter du 1er janvier 2023. Il ne s’agit pas d’une innovation, puisque quinze filières REP sont déjà en place en France – par exemple pour les déchets de produits chimiques(1) (peintures, enduits, colles, mastics, solvants, etc.), les déchets d’équipements électriques et électroniques, les déchets d’éléments d’ameublement, etc. La REP Bâtiment se distingue toutefois par un gisement beaucoup plus important que les autres, évalué à 46 millions de tonnes de déchets par an. Prévue par la loi Anti-gaspillage et économie circulaire (AGEC) de février 2020, elle a fait l’objet du décret(2) REP Bâtiment, publié le 1er janvier 2022, et d’un arrêté(3), publié le 21 juin 2022, qui définit le cahier des charges des éco-organismes. Un troisième texte, dit « avis aux producteurs », qui n’aura pas de valeur réglementaire, est attendu à la fin de l’année 2022. Il apportera un ensemble de précisions sur les points qui restent en suspens, notamment la liste des produits et matériaux compris dans le périmètre de la REP, et le profil précis des « metteurs sur le marché » visés par la REP.

Schématiquement, le principe de la REP consiste à faire percevoir par les producteurs, aussi appelés « metteurs sur le marché » (fabricants, importateurs, distributeurs de produits du bâtiment), une éco-contribution auprès de leurs clients, c’est-à-dire un montant ajouté au prix de vente de leurs produits. Ces producteurs reversent périodiquement les éco-contributions perçues à des éco-organismes, qui ont pour mission d’assurer entre autres la collecte, le traitement et le recyclage des déchets, en s’appuyant sur les opérateurs déchets privés ou publics (centres de tri, déchetteries, recycleurs, etc.) avec lesquels ils doivent développer le maillage en points de collecte sur tout le territoire. En contrepartie de l’éco-contribution qu’ils ont payée, les détenteurs de déchets du bâtiment, c’est-à-dire en l’occurrence les entreprises de travaux, bénéficient d’une reprise et d’un traitement gratuit de leurs déchets – en point d’apport volontaire, ou par reprise sur chantier ou en entreprise avec des minima de volumes – mis en place progressivement en fonction du type de déchets (voir encadré), et à condition qu’ils aient effectué un tri en bonne et due forme. 

 

 
vincent coissard
© DR

3 questions à Vincent Coissard

Sous-directeur des Déchets et de l’Économie circulaire au ministère de la Transition écologique et solidaire

 

Pourriez-vous résumer les enjeux de la REP Bâtiment ?

Cette REP recouvre quatre enjeux principaux : le développement du maillage territorial avec des sites de reprise des déchets, à la fois pour les particuliers et pour les entreprises ; la massification de la reprise de certains déchets jusqu’à des volumes critiques nécessaires à des modèles économiques viables ; le développement de solutions nouvelles de recyclage
et de réemploi, parce que nous avons aujourd’hui des résultats très hétérogènes en fonction des matériaux ; et enfin la suppression des dépôts sauvages, constitués pour un quart de déchets du bâtiment. Le dispositif prévoit aussi un objectif ambitieux de 4 % de produits réemployés en 2027, un volet inclus au cahier des charges des éco-organismes qui doivent proposer des plans d’action dans ce sens.

 

Quels sont les principaux changements pour les entreprises ?

Le principe d’une filière REP, c’est de transférer le coût de la prise en charge des déchets de l’utilisateur vers le metteur sur le marché, avec un effet vertueux : ces derniers sont incités à éco-concevoir leurs produits, pour en réduire le coût de recyclage et bénéficier ainsi d’une éco-modulation favorable. Conséquence directe pour les entreprises de travaux, le traitement des déchets devient progressivement gratuit, à condition qu’elles respectent les règles de tri, tandis que l’essor du recyclage et du réemploi permet d’économiser des matériaux neufs et d’épargner les ressources naturelles. Enfin, la massification des flux permettra de faire baisser les coûts de traitement des déchets et sera une opportunité économique pour toute la filière.

 

Pouvez-vous nous éclairer sur les points qui restent à préciser ?

Parmi les points à clarifier, il reste à préciser si les petites entreprises qui fabriquent et posent elles-mêmes leurs produits seront ou non des metteurs sur le marché et devront adhérer à un éco-organisme. Cette question sera tranchée dans le dernier texte attendu, l’avis aux producteurs, de même que les modalités précises en matière d’exigences de tri, mais je peux vous dire que, quelle que soit la solution retenue, les petites entreprises bénéficieront de procédures simplifiées, qui n’alourdiront pas leur charge administrative, comme c’est déjà le cas dans d’autres filières REP.

Une période de transition pour les entreprises

 

Il s’agit d’un dispositif qui recueille l’adhésion de la Fédération française du bâtiment. « Face au défi environnemental qui se présente à nous, les déchets sont devenus une ressource, déclare Jean Passini, dirigeant de l’entreprise francilienne de bardage et étanchéité SNA, et président de la commission Transition écologique de la FFB. Dès lors, comment financer leur collecte, leur traitement, et leur recyclage en fin de vie ? La grande idée de la REP est d’avoir inclus tous ces coûts dans le prix du produit neuf, ce qui est la meilleure façon de rendre leur valorisation incontournable. » Pour les entreprises de travaux, sa mise en place ne devrait pas représenter de coût supplémentaire : le fait d’acheter les produits un peu plus cher, en raison de l’éco-contribution qui leur sera appliquée, sera quasiment compensé par la prise en charge du traitement gratuit des déchets, avec un solde légèrement négatif, évalué par l’Ademe à moins de 1 %. La rentabilité des entreprises ne sera pas grevée, puisqu’elles répercuteront automatiquement l’éco-contribution dans leurs devis ; elle sera payée par leurs clients, sans distorsion de concurrence puisque toutes les entreprises seront soumises au même régime. Elles restent libres de choisir leur prestataire pour le traitement des déchets mais, pour bénéficier de la reprise gratuite, il faudra s’assurer en amont que celui-ci a bien contractualisé avec l’un des éco-organismes de la filière. Quatre éco-organismes ont été agréés par l’État en octobre 2022 pour gérer la filière REP : Écominéro, Écomaison, Valdelia et Valobat (voir encadré éco-organismes).

 

La filière REP Bâtiment confiée à quatre éco-organismes

Le ministère de la Transition écologique et solidaire a attribué en octobre 2022 un agrément aux quatre éco-organismes suivants :

  • Écominéro, pour les déchets inertes (béton, granulats, céramique, etc.) ;
  • Écomaison (nouvelle appellation d’éco-mobilier) pour les déchets non inertes
    (bois, métal, plastique, menuiseries, plâtres, isolants, etc.) ;
  • Valdelia pour les déchets non inertes ;
  • Valobat, pour les déchets inertes et non inertes.

Un organisme coordonnateur sera créé d’ici fin 2022 pour le développement harmonieux de la filière REP sur tout le territoire. Il sera notamment en charge de la création d’un guichet unique pour les détenteurs de déchets afin de trouver simplement où et comment bénéficier de la reprise sans frais.

Des précisions attendues sur les règles de tri

 

Mais quelques semaines avant son entrée en vigueur, des interrogations et réserves demeurent. « Malheureusement, nous n’avons pas obtenu le montant des éco-contributions neuf mois en amont du début de la REP comme nous l’avions demandé, regrette le président de la commission Transition écologique de la FFB. Les entreprises qui ont signé des marchés pour le début 2023 ne pourront pas y intégrer ces hausses de prix et seront perdantes, ce qui s’ajoutera à l’inflation des prix des matériaux et de l’énergie et pèsera sur leurs marges, au moins en début d’année. » Les barèmes des éco-contributions 2023 ont été figés en novembre 2022 et publiés sur les sites Internet des éco-organismes. Une publication qui s’avère très tardive pour une mise en application au 1er janvier 2023. Chaque éco-organisme a son propre barème qui sera actualisé chaque année. Même si les tarifs de 2023 sont modérés, il faudra chaque année anticiper les hausses de contributions des années suivantes.

Des incertitudes demeurent aussi sur les exigences en matière de tri : le décret REP Bâtiment définit clairement les deux catégories de produits qui sont compris dans la REP, à savoir les déchets inertes d’une part, et les autres déchets d’autre part (métal, bois, produits chimiques, menuiseries, plâtre, plastiques, membranes bitumineuses, laine de verre, laine de roche, biosourcés, etc.)(4). En revanche, il reste à préciser les règles de tri pour bénéficier d’une reprise sans frais des déchets. Les déchets devront être triés par catégorie (inertes, bois, plastiques, etc.), mais le taux d’impureté toléré n’est pas connu à ce jour. La reprise gratuite sera également possible pour trois flux en mélange – bois, plastique, métal – dans certains cas. Par ailleurs, la collecte et le transport des déchets seront pris en charge sous condition et de façon progressive dans le temps (voir encadré Calendrier de mise en application). « La grande inconnue qui persiste est de savoir à quelle vitesse tout cela va se mettre en place, ajoute Jean Passini. Ce qui est sûr, c’est que les entreprises doivent se concentrer sur la question du tri des déchets, essentielle pour obtenir un traitement sans frais. Il est indispensable que toute la chaîne de valeur profite du système. »

 

Calendrier de mise en application

 

Coût de traitement des déchets

  • 1er janvier 2023 : traitement gratuit des déchets triés par catégorie (bois, plastique, plâtre, métal(1), menuiseries) et prise en charge à 50 % des déchets inertes.
  • 1er janvier 2024 : idem + traitement gratuit de certains déchets en mélange
    (bois, plastique et métal) pris en charge par les distributeurs, les déchetteries publiques qui accueillent les professionnels et sur les chantiers disposant de moins
    de 40 m² de surface disponible pour le stockage des déchets. Prise en charge
    à 80 % du traitement des déchets inertes.
  • 1er janvier 2025 : idem + traitement gratuit des déchets inertes et des autres déchets
    non dangereux.

 

Coûts de collecte des déchets(2)

  • 1er janvier 2023 : prise en charge des coûts de collecte en entreprise à 80 %.
  • 1er janvier 2024 : idem + prise en charge à 50 % des coûts de collecte sur chantier
    si le volume de déchets produits pendant la durée des travaux est supérieur à 50 m3.
  • 1er janvier 2026 : prise en charge des coûts de transport en entreprise à 80 %
    et prise en charge à 80 % des coûts de collecte sur chantier si le volume de déchets produits pendant la durée des travaux est supérieur à 50 m3.

 

(1) Le métal sera repris comme aujourd’hui, à valeur positive et non gratuitement.

(2) Les coûts de collecte comprennent les coûts de location de contenants (bennes, etc.) et de transport des déchets.

Les entreprises doivent se concentrer sur la question du tri des déchets, essentielle pour obtenir un traitement sans frais. 

Jean Passini, dirigeant de SNA à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) et président de la commission Transition écologique au sein de la FFB.

Intégrer la filière déconstruction et recyclage

 

Cependant, la filière REP Bâtiment ne part pas de rien, car bon nombre de professionnels du bâtiment trient déjà leurs déchets et sont même parfois de véritables « professionnels du déchet et du recyclage ». C’est le cas notamment des entreprises de déconstruction : « Depuis une quinzaine d’années, tous nos chantiers donnent lieu à une estimation des déchets présents dans le bâtiment, que nous classons par catégories et tonnages, et pour lesquels nous négocions un prix de reprise avec les acteurs locaux du recyclage », explique Alexandre Doyère, président de Doyère Démolition, qui emploie une quarantaine de salariés à Jouars-Pontchartrain (Yvelines). « Pour faire court, reprend l’entrepreneur, disons que nous vendons les fers et métaux, et que nous payons pour la reprise des autres déchets. » Au 1er janvier 2023, la réglementation obligera à en faire plus, en produisant un diagnostic PEMD (produits, équipements, matériaux, déchets). Pour les entreprises de ce secteur, la REP s’inscrit dans la continuité et devrait se traduire essentiellement par des exigences nouvelles en matière de tri, mais aussi par une perte de chiffre d’affaires, puisqu’elles facturaient le transport et le traitement des déchets au maître d’ouvrage. « Nous craignons des conflits sur la séparation de certains matériaux qui demande beaucoup d’énergie et de temps, par exemple le grattage des enduits de plâtre, et des difficultés sur la réactivité du transport de nos déchets, que nous assurons nous-mêmes, et qui est stratégique pour la réussite d’un chantier de démolition, ajoute le dirigeant. Il y a un risque de déstabilisation d’une filière qui aujourd’hui fonctionne bien, mais nous restons confiants sur le nouveau système qui se mettra en place. »

La filière est déjà particulièrement bien en place pour le traitement des déchets inertes. C’est ce qu’explique François Przybylko, directeur commercial d’Yprema, une entreprise spécialisée dans le recyclage des déchets issus de la démolition de la structure de bâtiments et de voiries dont le siège social est à Chennevières-sur-Marne (Val-de-Marne) : « Nous exploitons sept sites en Île-de-France, où nous traitons chaque année un million de tonnes de déchets inertes – béton, couches de chaussées, briques, ciment, etc. – qui sont passés au concasseur pour obtenir des granulats destinés surtout aux travaux de voirie, explique-t-il. Plus de 75 % de ces déchets inertes sont aujourd’hui valorisés. » Pour le cadre d’Yprema, la mise en place de la REP se traduira par un progrès à la marge de ce taux de recyclage déjà très élevé, et va entraîner le bouleversement d’un modèle économique qui fonctionne déjà depuis plus de trente ans : « Nous attendons de connaître les conditions de rémunération proposées par les éco-organismes pour franchir le pas d’adhérer à la REP, ajoute-t-il. Il ne faudrait pas que le passage d’un système à l’autre soit préjudiciable pour nos entreprises. »

 

Nous attendons de connaître les conditions de rémunération proposées par les éco-organismes pour franchir le pas d’adhérer à la REP. 

François Przybylko, directeur commercial d’Yprema, à Chennevières-sur-Marne (Val-de-Marne).

Des entreprises volontaires mais vigilantes

 

Les entreprises de travaux ont, elles aussi, déjà parcouru une partie du chemin. « Nous avons entamé une démarche “Chantier propre” dès le début des années 2010, bien avant que ce soit dans l’air du temps, témoigne Nicolas Chabrand, dirigeant de Ragoucy, une entreprise de gros œuvre qui emploie 47 salariés à La Saulce (Hautes-Alpes). La réduction des déchets, avec la création d’un poste de responsable Qualité, Sécurité, Environnement (QSE), et la RSE font aujourd’hui partie de notre marque employeur. » Comme l’explique le dirigeant, les entreprises de gros œuvre sont déjà mobilisées sur le tri de leurs déchets, en amont de la REP, puisque la loi dite « AGEC » impose déjà un tri sept flux sur le chantier – ou quatre flux en cas de manque d’espace – depuis le 1er juillet 2021.

 

Traitement gratuit des déchets : renforcement des règles

 

Elles s’attendent maintenant à une généralisation, voire à un renforcement de ces règles pour pouvoir bénéficier du traitement gratuit des déchets. La mise en place de la REP Bâtiment aura aussi un coût : « Les estimations faites par l’UMGO-FFB, en faisant une moyenne des tarifs probables qui seront appliqués par les éco-organismes, montrent un surcoût, qui peut sembler faible mais qui s’ajoute aux hausses [des prix] des matériaux et de l’énergie à laquelle nous faisons déjà face, précise-t-il.

 

Recyclage et traitement DIB - déchets industriels banals

Même si la reprise sans frais des déchets compensera en partie, il faudra être vigilant pour éviter toute dérive tarifaire. » La qualité du tri sera donc la clé de la réussite de la filière REP, et les entreprises qui ne trieront pas seront pénalisées puisque, l’enfouissement devenant interdit, elles devront payer au prix fort le traitement en DIB – déchets industriels banals – de leurs déchets de chantier.

Pour Éric Torcol, dirigeant de MPR, une entreprise de peinture intérieure, ravalement de façade, ITE et revêtement de sol souple, implantée au Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) où elle emploie 35 salariés, on aurait tout intérêt à tirer les enseignements des dysfonctionnements des REP précédentes : « Depuis plus de vingt ans, nous avions l’habitude de trier nos déchets de peintures acryliques et solvantées et de les faire traiter par une société privée, avec une traçabilité qui nous permettait de présenter une facture détaillée de ces prestations à nos clients qui en faisaient la demande. Depuis la mise en place de la REP DDS (produits chimiques), nous n’avons rien d’équivalent, alors que les entreprises payent depuis plus d’un an. » Les professionnels espèrent que, dans la REP Bâtiment, les minima de volumes seront faibles afin de permettre à une grande majorité d’avoir accès à la collecte en entreprise. Il est en effet inenvisageable d’avoir à se déplacer pour chaque déchet jusqu’à un point de reprise. « Les revêtements de sol, moquettes, linoléum et les isolants ne seront concernés réellement par la reprise sans frais qu’en 2025, nous espérons donc que l’éco-contribution appliquée d’ici là par les industriels sera minime et uniquement pour mettre en place le maillage territorial. Il n’est pas question que les entreprises payent deux fois pendant deux ans le traitement des déchets », ajoute le chef d’entreprise. Beaucoup de choses restent à définir, puisqu’on ne sait pas encore, par exemple, si les revêtements PVC seront considérés comme des « plastiques » et si leur reprise sans frais débutera en janvier 2023 ou 2025… Ce qui n’empêche pas le dirigeant de MPR d’attendre aussi des retombées positives, dont une accélération des volumes de déchets recyclés, et un côté incitatif pour mieux trier ses déchets, grâce à la réduction des éco-contributions pour les entreprises les plus vertueuses.

 

Nous avons entamé une démarche “Chantier propre” dès le début des années 2010, bien avant que ce soit dans l’air du temps. 

Nicolas Chabrand, dirigeant de Ragoucy, à La Saulce (Hautes-Alpes). 

Les revêtements de sol, moquettes, linoléum et les isolants ne seront concernés réellement par la reprise sans frais qu’en 2025. 

Éric Torcol, dirigeant de MPR, au Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis).

Objectifs chiffrés et filières de recyclage innovantes

 

En plus du maillage du territoire en points de collecte et de traitement des déchets, la REP Bâtiment a également inscrit, au cahier des charges des éco-organismes, le nettoyage des dépôts sauvages, qui sont un véritable poison pour les citoyens et l’environnement. Elle leur fixe en outre des objectifs progressifs en taux de collecte des inertes – 82 % en 2024 et 93 % en 2027 – et des déchets non dangereux (DND) à 53 % en 2024 et 62 % en 2027.

 

Des objectifs sont par ailleurs fixés en termes de taux de valorisation/recyclage des différents types de déchets : par exemple, les déchets inertes devront passer de 33 % de taux de recyclage aujourd’hui(5) à 43 % en 2027, et de 76 % de taux de valorisation (recyclage + remblayage) aujourd’hui(5) à 88 % en 2027. Le nouveau dispositif fixe aussi des objectifs de recyclage par catégorie de déchets, qui permettent d’identifier ceux qui ont des gros progrès à faire : si 90 % du métal est aujourd’hui recyclé, seuls 16 % des déchets de plâtre le sont (objectif fixé à 37 % en 2027), et 17 % des plastiques (objectif fixé à 24 % en 2027)… la filière la plus à la traîne étant le verre qui part de 3 % de recyclage aujourd’hui et doit atteindre 18 % en 2027.

 

Développement des filières de recyclage pour les déchets du bâtiment

 

Les éco-organismes ont également pour mission de contribuer au développement des filières de recyclage pour les déchets du bâtiment, en finançant des études incluant la mise au point de procédés innovants et en fédérant les nombreuses initiatives qui sont déjà en cours de façon diffuse sur tout le territoire. Responsable technique de Créabois 91, une entreprise artisanale de construction bois implantée à Prunay-sur-Essonne (Essonne), Gabriel Ferrino a été contacté par Emmaüs France pour développer un programme de recyclage de fenêtres en bois, notamment les huisseries, fenêtres, portes, avec un soutien de l’Ademe mais aussi de la Fondation FFB.

 

Sept ans plus tard, il est aujourd’hui vice- président de l’association Atelier R-ARE, implantée à Romainville (Seine-Saint-Denis), employant des personnes en insertion sociale qui fabriquent du parquet en bois de bout, du mobilier urbain et de l’agencement sur mesure issus de la transformation de menuiseries bois collectées auprès d’un réseau de maîtres d’ouvrage de toute l’Île-de-France. « Il s’agit d’une activité en développement, qui répond à un vrai besoin des maîtres d’ouvrage, mais nos produits restent à un prix élevé en raison de l’ingénierie liée à la transformation et de la quantité de main-d'œuvre qu’ils exigent, explique-t-il. Seule une massification de la production pourra nous donner un modèle économique viable. En cela, la REP pourra nous aider. » Pour Gabriel Ferrino, il faudra aussi lever le frein de la normalisation : il n’existe pas de norme qui permette d’inclure les produits issus du recyclage dans l’assurance décennale, et une démarche volontaire de la part des maîtres d’ouvrage permet aujourd’hui de franchir le pas plus rapidement.

 

Développement du réemploi et la réutilisation des déchets du bâtiment

 

Enfin, les éco-organismes ont aussi pour mission de développer le réemploi et la réutilisation, qui concerne aujourd’hui moins de 1 % des déchets du bâtiment, avec un objectif ambitieux d’atteindre 4 % du gisement total, soit 1,6 million de tonnes de déchets réemployés en 2027. Pour y arriver, tous les points de collecte faisant partie du maillage de la REP devront mettre en place des espaces dédiés au stockage des produits de réemploi et des dispositifs permettant de les acheminer de leur site de départ vers leur nouveau site de destination. « Malgré toutes les interrogations qui subsistent, la REP Bâtiment est en marche et apporte aux entreprises un ensemble de garanties, demandées notamment par la FFB, comme l’harmonisation des standards de tri et de traçabilité, ou le fait d’être représentées par les organisations patronales dans les comités techniques opérationnels des éco-organismes », se félicite Jean Passini en conclusion.

 

(1) REP DDS : déchets diffus spécifiques.

(2) Décret no 2021-1941 du 31 décembre 2021 relatif à la responsabilité élargie des producteurs pour les produits et les matériaux de construction du secteur du bâtiment.

(3) Arrêté du 10 juin 2022 portant cahier des charges des éco-organismes, des systèmes individuels et des organismes coordonnateurs de la filière à responsabilité élargie du producteur des produits et matériaux de construction du secteur du bâtiment.

(4) Les matériaux qui sont concernés par les REP déjà existantes, les produits et matériaux utilisés en travaux publics, les terres excavées et les emballages, ne sont pas inclus dans le périmètre de la REP Bâtiment.

(5) Étude de préfiguration de la REP Bâtiment, Ademe, 2021.

Seule une massification de la production pourra nous donner un modèle économique viable. En cela, la REP pourra nous aider. 

Gabriel Ferrino, responsable technique de l’entreprise Créabois 91, à Prunay-sur-Essonne (Essonne).

À retenir pour 2023

 

  • Se rapprocher de son prestataire déchets habituel pour savoir s’il sera partenaire de la REP en 2023 et donc proposera la reprise sans frais des déchets triés.
  • Intégrer dès que possible les surcoûts liés aux éco-contributions dans les devis et réponses aux marchés (voir barèmes des éco-organismes).
  • Retrouver les points de reprise et les collecteurs partenaires de la REP sur les sites Internet des quatre éco-organismes de la filière : Écominéro, Écomaison, Valdelia et Valobat. À noter qu’une cartographie unique sera mise place par l’organisme coordonnateur une fois celui-ci créé.

Des outils d’accompagnement et d’information seront mis à disposition des adhérents de la FFB dès 2023 dès lors que les règles de la REP seront figées (règles de tri notamment). La FFB travaille sur ces sujets aux côtés des éco-organismes pour faire entendre la voix des entrepreneurs et des artisans du bâtiment.

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