Pompes à chaleur : comment éviter les litiges liés au bruit ?

Les conflits de voisinage ayant pour origine le bruit d'une pompe à chaleur sont fréquents. Très vite, la responsabilité de l'installateur est pointée du doigt. Si celui-ci n'a pas pris en compte le confort acoustique de l'habitant et du voisinage lors de la conception et de l'installation, il peut se voir contraint de réaliser des aménagements afin de diminuer la nuisance sonore. La simple prise en compte des données du fabricant sur la puissance acoustique de l'appareil ne suffit pas. D'autres paramètres tels que l'environnement ou la sensibilité du client sont à considérer.
11:0019/03/2019
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Bâtimétiers Numéro 54 | Mars 2019

Le son est un mouvement vibratoire qui se propage sous forme d'ondes de pression et de dépression. Deux notions aident ainsi à comprendre l'acoustique des pompes à chaleur (PAC) : la puissance acoustique et la pression acoustique. La puissance acoustique est une caractéristique intrinsèque d'un équipement, indépendante du milieu dans lequel il se trouve. Elle permet de comparer les équipements entre eux. Elle s'exprime en watt (W) mais pour faciliter la compréhension, le niveau de puissance acoustique (Lw) s'exprime en décibels (dB), une grandeur définie pour l'oreille (entre seuil d'audibilité à 10-12 W/m2 et seuil de douleur à 1 W/m2). La pression acoustique traduit quant à elle la force avec laquelle les molécules viennent frapper une surface (par exemple le tympan). Elle s'exprime en pascals mais, là encore, on communique un niveau de pression (Lp) en décibels. Celui-ci est tributaire : du niveau de puissance acoustique de la source?; de la directivité des ondes sonores?; de l'éloignement par rapport à la source?; des caractéristiques de l'environnement (réverbération, absorption). Ainsi, plus on s'éloigne de la source, plus les ondes sonores s'étalent et leur intensité diminue. Un doublement de la distance réduit le niveau de pression acoustique de 6 dB. À l'inverse, si l'on restreint le champ directionnel (en plaçant la source dans un angle de mur par exemple), le niveau de pression acoustique augmente.

Nuisance sonore et bruit de voisinage : loi et réglementation en vigeur

 

TEXTES RELATIFS À LA TRANQUILLITÉ DU VOISINAGE VIS-À-VIS DU BRUIT :

  • Code de la santé publique, articles R. 1336-4 à 1336-13 et R. 1337-6 à R. 1337-10-2 ;

  • arrêté du 5 décembre 2006.La législation sur les nuisances sonores repose sur la notion d'émergence (différence entre le niveau de pression acoustique mesuré lorsque l'appareil est à l'arrêt comparé au niveau mesuré lorsque l'appareil est en fonctionnement, au même endroit). L'écart d'émergence maximum autorisé est de 5 dB(A) de jour et de 3 dB(A) de nuit, valeurs auxquelles s'ajoute un terme correctif en décibels pondérés A, fonction de la durée cumulée d'apparition du bruit particulier.

 

TEXTES RELATIFS À LA LIMITATION DU BRUIT DANS LES LOCAUX D'HABITATION NEUFS (ET LES PARTIES NOUVELLES D'UN BÂTIMENT D'HABITATION) :

  • Code de la construction et de l'habitation, article R. 111-4 ;

  • arrêté du 30 juin 1999 ; dans ses articles 5 et 6, ce texte limite notamment le niveau de pression acoustique engendré par certains équipements individuels situés dans le logement ou dans un logement voisin ou par des équipements collectifs du bâtiment. 

 

Choisir un bon emplacement pour réduire le bruit de la pompe à chaleur

Avant toute implantation, le professionnel étudie l'environnement. Il cherche à s'éloigner des limites de propriété, évite les angles de murs et les cours intérieures, ainsi que l'implantation sous les fenêtres ou en direction des voisins. En revanche, il pourra tirer parti d'un talus (écran acoustique naturel) ou d'une haie végétale. Il est recommandé de cacher l'unité extérieure à la vue des voisins. Une installation discrète est perçue psychologiquement comme moins bruyante. Cela évite également que la vue de l'appareil ne ravive un conflit de voisinage latent. Pour la pose, l'installateur peut se référer aux recommandations de l'AFPAC (voir encadré).

 

Réduction du bruit : socle d'inertie avec mise en place de plots anti-vibratiles

Il privilégiera l'installation sur un socle d'inertie avec mise en place de plots anti-vibratiles. Une attention particulière sera portée à la conception des réseaux aérauliques, aux traversées de parois et aux fixations de ces réseaux. Enfin, l'installateur peut recommander un dispositif d'atténuation acoustique, tel qu'un absorbant posé sur le mur derrière la PAC (atténuation maximale de 2 dB), un caisson acoustique (atténuation d'environ 3 dB, selon les fabricants), un écran acoustique en matériaux pleins (atténuation jusqu'à 6 dB), voire une combinaison de plusieurs solutions. L'encoffrement est également envisageable (l'atténuation peut atteindre jusqu'à 25 dB) mais il faudra alors évacuer la chaleur, combattre la perte de charge et protéger tout ce qui sort ou entre dans le coffre. Avant de mettre en oeuvre ces solutions, il est conseillé de faire appel à un acousticien.

 

Jean-François CERISE, fondateur de l’entreprise Cerise Techniques, spécialiste du chauffage et des énergies renouvelables, à Menesplet (Dordogne)

LA VIGILANCE S’IMPOSE

«Je suis particulièrement vigilant dans le neuf, avec des constructions de type pavillon. Le constructeur est responsable du positionnement des unités extérieures des PAC mais, en cas de litige, il est fort probable que l'installateur soit également mis en cause. La difficulté avec le neuf est que l'environnement n'est pas encore en place, la végétation n'a pas poussé et les parcelles alentour ne sont peut-être pas encore construites. En théorie, il faudrait tenir compte des futures constructions sur les parcelles environnantes. Nous avons eu deux litiges de ce type en vingt-cinq ans d'activité, déclenchés par des personnes ayant fait construire après coup sur des parcelles voisines. Ce n'est pas anecdotique ! Dans le neuf, nous ne sommes pas décisionnaires quant à l'implantation mais nous devons rester force de proposition auprès du constructeur. La vigilance s'impose également au moment d'installer les unités intérieures des PAC géothermiques et des chauffe-eau thermodynamiques monobloc, en rénovation. Les équipements sont assez bruyants, il faut impérativement les éloigner des chambres, ne pas les placer dans un placard au milieu de la maison mais plutôt dans un cellier ou un garage, à l'écart. Si le client refuse cette prescription, il est préférable de ne pas réaliser l'installation. Concernant les PAC et les chauffe-eau thermodynamiques, il faut être attentif aux mesures de puissance acoustique données sur les notices techniques des fabricants. La modalité d'enregistrement de la mesure peut varier d'un fabricant à l'autre, ce qui ne facilite pas la comparaison. Enfin, il faut échanger avec le client pour connaître sa sensibilité au bruit. S'il annonce clairement qu'il ne le supporte pas, je prends le temps de bien l'informer sur les caractéristiques acoustiques de l'appareil et les incidences possibles sur son confort.»

En savoir plus

Fiches techniques éditée par l'AFPAC (Association française pour les pompes à chaleur) téléchargeables sur https://www.afpac.org/downloads/Fiches-techniques_t20083.html

UMGCCP-FFB (Union des métiers du génie climatique, de la couverture et de la plomberie), tél. : 01 40 69 52 94

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