Travaux supplémentaires - même sans ordre de service, ils doivent être payés !

Dans un arrêt récent 1, le Conseil d’État affirme que, quelle que soit la forme de la demande du maître d’ouvrage ou du maître d’oeuvre, écrite ou verbale, les travaux supplémentaires doivent faire l’objet d’un paiement complémentaire.
15:0821/05/2025
Rédigé par FFB Nationale
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Batiment Actualité Numéro 9 | mai 2025

En marchés publics, un prix forfaitaire est celui appliqué à tout ou partie du marché, quelles que soient les quantités livrées ou exécutées 2.

 

En principe, l’entreprise qui conclut un tel marché est réputée avoir intégré les risques liés aux difficultés techniques d’exécution du marché dans le calcul du prix de son offre. Elle ne peut donc pas réclamer une indemnisation en raison de difficultés survenues en cours d’exécution.

 

Toutefois, en cas de travaux supplémentaires, l’entrepreneur peut réclamer leur paiement.

 

Travaux supplémentaires faisant l’objet d’un avenant

 

Lorsque le CCAG-Travaux est un document contractuel du marché, les travaux supplémentaires doivent faire l’objet d’un ordre de service, notifié par le maître d’oeuvre à l’entrepreneur, qui propose des prix pour le règlement de ces travaux 3.

 

Dès que le maître d’ouvrage et l’entrepreneur sont d’accord sur ces prix, ceux-ci font l’objet d’un avenant au marché 4.

 

Travaux supplémentaires indispensables à la réalisation de l’ouvrage selon les règles de l’art, non commandés par le maître d’ouvrage

 

L’entreprise peut obtenir le paiement de travaux supplémentaires non commandés par le maître d’ouvrage si ceux-ci s’avèrent indispensables à la réalisation de l’ouvrage selon les règles de l’art 5, même s’ils n’ont pas bouleversé l’économie du marché 6.

 

Cependant, si le maître d’ouvrage s’est expressément opposé à la réalisation de ces travaux, bien qu’indispensables, le paiement n’est pas dû 7.

 

Dès lors, l’entreprise doit, au titre de son devoir de conseil, alerter et informer le maître d’ouvrage par écrit sur les risques liés à l’absence de réalisation desdits travaux.

 

Il lui est recommandé de ne pas exécuter ces travaux – qui ont été refusés en connaissance de cause – pour ne pas faire porter la responsabilité sur elle, mais sur le maître d’ouvrage.

 

Qu’en est-il des travaux commandés par ordre verbal ?

 

Le Conseil d’État s’est prononcé, le 17 mars dernier, sur le cas de travaux supplémentaires commandés par ordre verbal du maître d’ouvrage public.

 

Dans cet arrêt, il réaffirme sa position protectrice du titulaire d’un marché public conclu à prix global et forfaitaire.

 

En l’espèce, l’entreprise s’est vu confier le lot « terrassements, fondations et gros oeuvre » d’un marché public de travaux à prix global et forfaitaire relatif à la construction de 122 logements sociaux. Dans le cadre de ce marché, un désaccord est survenu sur le paiement du solde par le maître d’ouvrage.

 

Le Conseil d’État juge que « lorsque le titulaire d’un marché public de travaux conclu à prix global et forfaitaire exécute des travaux supplémentaires à la demande, y compris verbale, du maître d’ouvrage ou du maître d’oeuvre, il a droit au paiement de ces travaux, quand bien même la demande qui lui en a été faite n’a pas pris la forme d’un ordre de service notifié conformément à ce que prévoient en principe les dispositions du cahier des clauses administratives générales ».

 

Avec cet arrêt, l’entrepreneur qui a réalisé des travaux supplémentaires sur simple ordre verbal du maître d’ouvrage doit en obtenir le paiement.

 

Toutefois, avoir un avenant écrit sera toujours préférable pour prouver l’accord du maître d’ouvrage et lui réclamer le paiement de ces travaux.

  1. CE, 17 mars 2025, n° 491682.
  2. Article R. 2112-6 du Code de la commande publique (CCP).
  3. Article 14 du CCAG-Travaux 2021.
  4. Articles R. 2194-2 à R. 2194-10 du CCP.
  5. CE, 14 juin 2002, ville d’Angers, n° 219874.
  6. CAA Nancy, 5 juillet 2016, n° 15NC00576 ; CAA Versailles, 24 mars 2016, n° 13VE02352.
  7. CE 27 mars 2020, société Géomat, n° 426955.

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